C’est la confusion totale en Guinée Bissau. Umaru Sissoco Emballo a prêté serment, hier, dans un hôtel, alors que la Cour suprême a ordonné à la Cne de procéder à un nouveau dépouillement national des résultats après un recours déposé par Domingos Simões Pereira, alléguant des fraudes et des irrégularités. Ce dernier en veut surtout à Macky Sall qu’il accuse de vouloir imposer Emballo.
Deux mois après le second tour de la présidentielle, Umaru Sissoco Emballo, arrivé en tête, mais dont la victoire tarde à être confirmée par la Commission électorale nationale, a prêté serment, hier. Il a prêté serment non pas à l’Assemblée nationale comme le veut la Constitution, mais dans un… hôtel de la capitale et en l’absence du président de la Cour suprême qui doit normalement présider la cérémonie et du président de l’Assemblée nationale. Aucun chef d’Etat étranger n’a fait le déplacement.
Arrivé deuxième, Domingos Simões Pereira accuse le Président sénégalais Macky Sall de vouloir imposer son «président par la force», comme il l’a fait en Gambie. «La Guinée-Bissau est un État souverain et indépendant, la proclamation de l’indépendance de la Guinée-Bissau a coûté des vies et il est important que le monde entier comprenne que les Bissau-guinéens ne permettront pas qu’on leur impose un président qui ne correspond pas à ce que veut le peuple guinéen», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, à Luanda après une audience avec le Président angolais João Lourenço. Domingos Simões Pereira, cité par Lusa a déclaré que «d’autres intérêts se cachent derrière le conflit électoral» et que «la question qui est actuellement débattue en Guinée-Bissau n’est pas seulement le conflit électoral». «Les autres intérêts sont ceux des pays qui supposent qu’ils ont un programme pour la Guinée-Bissau. Si je dis qu’au milieu de ce conflit électoral, il y a un pays voisin de la Guinée-Bissau qui suppose qu’il va lancer la vente aux enchères de plateformes d’exploration pétrolière, y compris celles qui se trouvent à l’intérieur du territoire de la Guinée-Bissau, je pense que cela donne une idée de ce qui nous arrive», a-t-il souligné, cité par Lusa.
«Et tout comme moi, lorsque nous avons découvert il a également été surpris par cette quantité de preuves, et pourtant une détermination à aller à l’encontre des lois de la Guinée-Bissau», a-t-il déclaré. Il affirme qu’avec la décision de la Cour suprême de justice, la question de l’ouverture des urnes et du recomptage des votes, il acceptera «tout résultat, mais jamais imposé de l’extérieur ou par la volonté d’autres intérêts». «Nous sommes des légalistes, nous sommes des démocrates, et étant donné que c’est le choix du peuple guinéen, nous accepterons n’importe quel résultat», a-t-il déclaré. «Ce que nous espérons, c’est que, quand tout le monde dit qu’il est fatigué, l’Angola ne soit pas fatigué d’écouter la Guinée-Bissau, quand tout le monde peut être fatigué de nous accompagner, l’Angola montre qu’il n’est pas fatigué d’accompagner la Guinée-Bissau, c’est ce que le peuple guinéen veut entendre, ou sentir, pour qu’il ait la force nécessaire, les énergies nécessaires, pour que son indépendance en vaille la peine», a-t-il dit. La Cne a confirmé mardi la victoire de Umaro Sissoco Emballo, mais la Cour suprême a ordonné à la Cne de procéder à un nouveau dépouillement national des résultats après un recours déposé par Domingos Simões Pereira, alléguant des fraudes et des irrégularités.
Charles Gaïky DIENE