L’absence de décorateurs sénégalais sera la pièce manquante dans le projet de musée du Mouridisme. Lequel projet a été présenté, hier, au musée des civilisations noires.
La communauté mouride a présenté, hier, son projet de musée du Mouridisme. Les porteurs du projet l’ont lancé au Musée des civilisations noires. C’était en présence de Serigne Cherif Fantamady Mbacké Falilou, mandataire du Khalife des mourides. Le projet a été présenté par l’architecte Malick Mbow, un des concepteurs de l’hôtel Lagon. Il a confié que la décoration sera confiée aux Turcs. Alors, la question qui taraude est : où sont les décorateurs sénégalais ? «Aujourd’hui, il faut se dire que la décoration, maîtrisée, bien faite, est fait par des étrangers. Si vous trouvez des gens qui font mieux que ceux qu’on a trouvés, on est ouvert à tout, mais c’est dommage. La mosquée Djanatou Mahwa a été décorée par les Marocains. S’il y avait des Sénégalais, j’aurais préféré travailler avec eux», regrette l’architecte Malick Mbow en marge de la présentation de la maquette du futur musée du mouridisme.
L’exposition du chef d’œuvre s’est faite en présence du représentant du Khalife, Serigne Cherif Fantamady Mbacké Falilou. Il soutient l’idée du projet de musée pour, dit-il, «remplir un gap» et «réparer une injustice» en ce qui concerne la représentation des langues locales et patrimoines dans les musées. C’était en présence de Hamady Bocoum, directeur du Musée des civilisations noires. Plus tôt, il a promis que tout sera mis en œuvre pour la réalisation du projet dont le coût ne peut-être encore estimé, selon Matar Ndiaye, président de la commission scientifique et culturelle. «Nous ne pouvons pas avancer des chiffres», a-t-il répondu face à la presse. M. Ndiaye est, par ailleurs, revenu sur l’objectif du musée qui émergera du sol de Dianatoul Mahwa. Il espère que le chef d’œuvre va contribuer au tourisme religieux au Sénégal.
Il s’agit, d’après les mourides, de «synthétiser patrimoine africain mis en place par Cheikh Ahmadou Bamba, guide mouride». Ce legs sera constitué des ensembles d’objets patrimoniaux de Serigne Touba (malle, cafetière, habits, travaux, écrits, etc.) Sur la maquette, on découvre un bâtiment en forme de bateau qui symbolise l’exil et le retour d’exil du guide mouride. Et une autre qui est destiné à représenter les khalifes, descendants de Cheikh Ahmadou Bamba. Ce qui est visé, d’après Matar Ndiaye, c’est «l’orientation vers l’éducation des jeunes et la proposition de solutions aux fléaux modernes». C’est, selon Malick Mbow, un musée qui revisite l’histoire du mouridisme. Ledit projet devrait se dérouler en trois ans et occuper 24 mille 500 mètres carrés de superficie avec des édifices sur une hauteur de neuf étages.
Le muséum est placé dans le trio des vœux chers au guide que sont : le pèlerinage à la Mecque, la mosquée (Massalikoul Djinane) et le lieu d’échanges de transmission de la connaissance. La phase des inventaires est lancée auprès des grandes familles religieuses dans les lieux comme Keur Gou Mag, Beyti Touba. Ce, en vue de l’élaboration d’un catalogue. Ce qui est visé, au final, c’est de préserver l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba à travers un musée dédié, à l’instar de celui du Prophète (Psl), en Turquie, tel que l’ont souligné les vulgarisateurs du projet, conçu bien avant 2015, selon l’architecte Malick Mbow qui promet que le chef d’œuvre sera des plus sophistiqués.
Emile DASYLVA