Alors que beaucoup de Président africains rêvent d’un troisième mandat, le Rwandais Paul Kagamé affirme haut et fort qu’il est prêt à céder le pouvoir. Il estime en effet qu’on ne peut pas réaliser à la tête de son pays pendant son dernier mandat, ce qu’on a pas pu faire pendant son premier.
(Correspondance) – Bon nombre de pays africains risquent de sombrer à cause de leurs chefs d’Etat hantés par le rêve d’un troisième mandat. Au Rwanda, c’est le président de la République qui vient d’administrer une bonne leçon d’humilité à ses collègues africains. En effet, même si c’est vrai que le Rwandais a fait dix-neuf ans à la tête de son pays, il a tenu à expliquer les raisons de cette durée à la tête de sa Nation. Interrogé sur une chaine internationale en marge d’un sommet tenu à Doha, Paul Kagamé a affirmé de façon catégorique qu’il ne briguera pas un mandat de plus. Et de laisser entendre que seul le pouvoir divin est éternel. «On ne peut pas réaliser à la tête de son pays pendant son dernier mandat, ce qu’on a pas pu faire pendant son premier mandat. Il faut savoir partir à temps», déclare-t-il. Revenant sur sa durée à la tête de la magistrature suprême de son pays pendant dix-neuf bonnes années, Paul Kagamé de renseigner que c’est parce que tout simplement il avait trouvé un pays ingouvernable, une nation qui était sans sou et qu’il a trouvé des cadavres qui jonchaient le sol partout dans son pays. Il affirme en outre que les caisses de l’Etat étaient complètement vides au point qu’il lui arrivait de payer ses ministres avec de la nourriture. Ces derniers connaissant la situation qui prévalait, avaient accepté de prendre cette nourriture, précisera-t-il. «Il me fallait mettre de l’ordre dans ce pays à feu et à sang. Ce qui n’avait pas du tout été facile pour moi et mon gouvernement. Dans un pays qui était complètement en désordre et qui a vécu une histoire douloureuse. On a fait ce qu’on a pu», précisera-t-il avant de laisser entendre qu’aujourd’hui son pays étant sur les rails de l’émergence, il est temps qu’il cède le fauteuil aux citoyens rwandais. Une belle leçon d’humilité et de démocratie administrée par celui qui dirige aujourd’hui un pays sans mouche à cause de sa propreté.
Une belle leçon qui ne plaira sûrement pas à certains chefs d’Etat qui sont tentés de changer leur constitution pour un troisième mandat. Parmi ces pays qui sont aujourd’hui dans ce lot, se trouvent en bonne place la Gambie, le Sénégal, la Guinée, la Côte d’Ivoire entre autres. Pour la Gambie, le Président Adama Barro avait pourtant dit haut et fort qu’il n’allait pas faire plus de trois ans à la tête de son pays. Mais voilà, aujourd’hui son peuple est surpris par son ambition de s’éterniser au pouvoir. Ce sont donc des milliers de Gambiens qui manifestent au quotidien dans les rues pour exiger son départ. Une situation similaire à celle qui se passe en Guinée où plus d’une trentaine de morts ont été dénombrées à cause de l’idée agitée pour le mandat de trop que voudrait briguer Alpha Condé. Non loin de chez nous, en Côte d’ Ivoire, c’est le président Alassane Ouattara qui, en fin de mandat, tente également de s’accrocher.
Abou KANE