La signature d’une convention portant hausse des salaires dans le secteur privé n’emballe pas le patronat notamment, celui du secteur de la presse. Il attend de voir l’accompagnement de cette mesure par des actes concrets de la part de l’Etat. Cela, par la signature des décrets d’application de toutes les lois adoptées dans le sens d’améliorer économiquement l’environnement du secteur.
La hausse des salaires des travailleurs du secteur privé national a été actée, au courant de la semaine, par la signature d’une convention. Ainsi, à compter du 1er janvier 2020, de la première à la troisième catégorie, une hausse de 8 % sera enregistrée. Et, les employés de la quatrième à la huitième catégorie bénéficieront, pour leur part, d’une hausse de 5 %. Interpellé sur cette revalorisation, le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse (Cdeps), Mamadou Ibra Kane, précise que la nouvelle convention collective du secteur de la presse réunifie l’ensemble des travailleurs d’une entreprise de presse. «Aujourd’hui, la nouvelle convention a unifié l’ensemble des travailleurs du secteur de la presse. Ce qui fait qu’à diplôme égal, il y a rémunération égale. C’est une avancée pour les travailleurs et en même temps pour l’entreprise. Parce que, cela permet d’unifier les textes normatifs qui concernent le secteur. Et, cela facilite la gestion des ressources humaines», a-t-il expliqué. Poursuivant, il assure que cette nouvelle disposition est également une avancée sociale importante. Parce que, relève-t-il, il y a une rémunération plus favorable des travailleurs des médias. Non sans préciser qu’il y a de nouveaux acquis, notamment pour les femmes, qui ne seront plus victimes de discrimination.
Cependant, l’administrateur du groupe Africome souligne que cette nouvelle convention alourdit les charges de l’entreprise qu’elle devra être en mesure de supporter. «Beaucoup d’entreprises ne respectaient même pas la précédente convention. La plupart des entreprises sont dans l’illégalité la plus totale. Il n’y a pas de contrats de travail conformément au code du travail et à l’ancienne convention collective. Il n’y a pas le paiement des obligations sociales notamment, pour la retraite avec l’Ipres, l’allocation familiale et les accidents du travail avec la Caisse de sécurité sociale. Plus maintenant, la couverture médicale avec l’Ipm», a-t-il dénoncé. Poursuivant, il assure que si la majorité des entreprises ne respectaient pas l’ancienne convention collective, on se demande comment elles pourraient respecter la nouvelle convention. Ainsi, il a rappelé que, dans le processus de réorganisation de l’ensemble du secteur de la pesse, il y avait le code de la presse qui a été adopté qu’il juge très bénéfique pour le secteur et la convention collective. A son avis, le code de la presse devrait être accompagné par les textes d’application. «Il y avait la loi sur la publicité qui était une recommandation pour favoriser de meilleures recettes pour les entreprises de presse. Parce que l’ancienne loi qui date de 1983 et qui n’avait pas connu de décret d’application fait qu’aujourd’hui, la publicité est un secteur anarchique. Ce qui ne permet pas aux entreprises de presse d’en profiter. Le décret sur le statut de l’entreprise de presse qui octroie certains avantages fiscaux aux entreprises qui respectent les normes sociales n’a pas été pris. Le décret sur le fonds d’appui et de développement de la presse n’a également pas été pris. On parlait même de l’arrêté sur la commission d’attribution de la carte de presse et des acquis qui n’a pas été pris aussi», a regretté le patron des éditeurs et diffuseurs.
Le patron des patrons de presse soutient que l’environnement n’a pas changé malgré l’adoption de certaines lois qui devraient permettre au secteur de respirer la grande forme. Toutefois, il se réjouit que certaines entreprises aillent au-delà même de l’application de l’ancienne convention collective. Cela, dit-il, à travers des accords d’entreprises.
Adama COULIBALY