Le Céébu Walo (riz de la vallée) n’inonde toujours pas le marché sénégalais. Cinq ans après ses promesses sur l’autosuffisance en riz, le Covid-19 dépoussière une des carences du système Macky Sall. En voulant acheter 145 mille tonnes de riz pour les ménages les plus démunis, le gouvernement n’en a trouvé que 900 tonnes dans la vallée pour les populations touchées par cette crise sanitaire. Il confirme son aveu d’échec.
L’économiste Moubarack Lô, revenu dans le Macky depuis lors, avait raison : le Sénégal n’a pas atteint l’autosuffisance en riz en 2017. L’achat de vivres pour les ménages les plus démunis, déployé depuis le Port de Dakar, démontre l’échec lamentable de la politique du régime du Président Macky Sall dans sa promesse d’autosuffisance en riz. Avec l’achat des 145 000 tonnes de riz importés en lieu et place du riz Paddy, l’actuel locataire du palais de la République confirme son aveu d’échec. Une importante manne financière destinée à enrichir des importateurs et qui ne profite pas aux producteurs sénégalais.
Pourtant, on a fait miroiter aux citoyens qu’en 2017, puis en 2019, le Sénégal atteindrait son objectif d’autosuffisance en riz, denrée très prisée pour mitonner le plat national du goorgorlu. «Nous l’avons dit. Notre objectif est d’atteindre l’autosuffisance en riz en 2017. Et ce sera fait parce que nous avons la démarche. Nous avons les ingrédients qu’il faut ensemble», avait déclaré Macky Sall en févier 2015 devant les producteurs de l’Anambé (bassin rizicole). Toujours rien alors que l’objectif du chef de l’Etat et son gouvernement était de produire 1,6 million de tonnes de riz, il y a trois ans, dans un pays qui fait partie des plus grands consommateurs de la denrée en Afrique de l’Ouest, soit une consommation par habitant estimée à 74 kg/an.
En 2017, les chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) avaient révélé que les importations du Sénégal ont connu une hausse beaucoup plus conséquente que les années précédentes. Présidant le Conseil de validation des résultats de la réunion annuelle conjointe (du Crac 2017), le chef de l’Etat l’avait constaté pour faire son mea-culpa. Mais, cet échec ne l’a pas empêché de se projeter encore dans d’autres prévisions, repoussant ainsi le délai. «J’avais annoncé l’année 2017 pour l’atteinte de l’autosuffisance en riz, mais avec la double saison, nous allons y arriver vers la fin de 2018 et début 2019. L’objectif en matière de production de riz reste à 1,6 million de tonnes de paddy pour atteindre l’autosuffisance en riz. Je suis convaincu qu’avec le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas II) et les nouvelles formulations, nous devrions y arriver», avait-il lancé comme nouveau défi.
Qualifiée d’utopie par bons nombres d’observateurs, l’autosuffisance en riz est partie pour être l’épine dorsale sur la politique alimentaire du régime de Macky Sall. Un point qui sera posé sur la table à la fin de l’épidémie. Comme l’a récemment signalé l’ex-directeur de cabinet de Macky Sall, Moustapha Diakhaté, dans une tribune. «C’est le lieu donc pour l’Etat de penser aux producteurs et productrices de la vallée du fleuve Sénégal et d’autres foyers de culture du riz comme le bassin de l’Anambé au sud. En effet, ces dernières années, le Sénégal a enregistré des progrès notables dans la production de riz paddy notamment au nord et au Sud du pays avec plus d’un million de tonnes de riz paddy en moyenne. La qualité du riz entier ou brisé labellisée par AfricaRice (Sahel 177, 328 et 329) permet de parler d’une filière de riz aromatique local et d’envisager dans un proche avenir une substitution des importations par la production locale», écrivait-il à l’annonce de mesures prises par le gouvernement pour assister les citoyens.
Salif KA