Pour une facture impayée de 32 millions de frs la Sde coupe les robinets aux populations. Conséquences : plus de trente mille âmes se contentent des sachets d’eau pour leurs ablutions et s’abreuvent à la même source que les animaux domestiques
(Correspondance) – Dans la commune de Ourossogui, les habitants de cette localité ont le sentiment d’être complètement oubliés par leurs autorités. En effet, dans cette commune forte de plus de trente mille âmes, cela fait plus de deux semaines que l’approvisionnement en eau est fortement perturbée. Et pour cause, le comité de gestion du forage qui doit plus de trente-deux millions a vu ses robinets coupés par la Sde. Dans les foyers, impossible de trouver une seule goutte d’eau. Pour en trouver, les populations de cette commune sont obligées de parcourir plusieurs kilomètres à pied avec leurs bidons de vingt litres pour trouver ce qui est désormais appelé le liquide rare. Et les localités les plus courues pour trouver de l’eau se trouvent presque à une dizaine de kilomètres de leur commune à savoir Boyinadji, Thiambé, Ogo. Pour Seynabou Sy, meurtrie par une situation qu’elle juge inédite, voilà maintenant trois jours que ses enfants se rendent à l’école sans se laver. «L’eau que nous allons puiser jusque dans les villages assez reculés nous permet de faire juste la cuisine et à boire et non pour se laver. Nous sommes obligés de ne pas nous laver, puisque la priorité est ailleurs. Avec la situation actuelle, ce sont de nombreuses familles qui sont étouffées à cause des odeurs nauséabondes qui se dégagent des toilettes», renseigne Dieynaba Bâ habitante du quartier Moderne 1.
Quant aux jeunes de cette localité, ils ont le sentiment d’être relégués au second plan. Car ils trouvent anormal et il inadmissible que des gens restent deux semaines sans trouver une bassine d’eau pour se désaltérer. Plus grave encore selon toujours nos interlocuteurs, «il arrive que nos notables de la commune se mettent en queue devant des boutiques pour chercher des sachets d’eau coûtant cinquante francs pour les besoins de leurs ablutions avant d’aller dans les mosquées». D’autres qui n’ont pas le choix sont contraints de se taper plusieurs kilomètres, afin de pouvoir s’abreuver au fleuve. «Aujourd’hui puisque, nous n’avons pas le choix, nous nous abreuvons à la même source que nos animaux domestiques et les bêtes sauvages», peste une dame vendeuse de Thiakri. «Avant, on guettait l’eau des robinets jusque tard la nuit pour recueillir quelques gouttes d’eau afin de pouvoir nous soulager le lendemain. Mais aujourd’hui, nous pouvons rester toute une nuit sans une seule goutte d’eau». C’est ce liquide précieux qui est recherché dans les villages environnants. Et là, il faut s’y rendre en charrettes ou dans des véhicules pour en trouver. Un véritable parcours de combattant pour ces populations.
Pour ces jeunes de Ourossogui qui œuvrent pour la défense des intérêts des populations de la ville, si le calvaire persiste, c’est parce que leur terroir n’a jamais été pris en considération sérieusement par les programmes de développement de l’Etat. «Nous n’avons jamais été raccordés au réseau d’alimentation en eau potable. Le seul forage capable de nous donner de l’eau au quotidien en quantité et qui était fonctionnel est aujourd’hui en panne. Il est fermé par la Sde. Parce que les agents nous ont dit qu’on leur doit un peu plus de trente-deux millions de frs CFA. Et aujourd’hui nous avons peur de contracter certaines maladies puisque certaines personnes ont décidé depuis quelques jours d’aller s’approvisionner dans le fleuve. Nous sommes obligés de le faire sinon nous risquons de mourir assoiffés», se désole Daouda Sy, notable de Ourossogui.
Ces populations se plaignent surtout du silence des autorités face à ce calvaire. «La seule chanson que les autorités nous entonnent, c’est de nous dire que la situation reviendra bientôt à la normale», s’indignent ces jeunes. Ces populations qui n’ont pas manqué de fusiller leurs autorités municipales, accusent ces dernières d’incompétence et de n’avoir jamais été au service de leurs administrés.
Abou KANE