(Correspondance) – La commune de Cayar est l’un des plus grands ports de pêche du Sénégal situé sur le littoral. Dans cette localité où la pêche et la transformation des produits halieutiques sont les principales activités génératrices de revenus, les avis sont fortement partagés sur la pertinence ou non de l’installation d’une usine de fabrique de farine et de d’huile de poisson.
Des avis divergents entre les populations regroupées autour d’un collectif dit «And Taxawu Cayar» et celles favorables au maire et aux autorités coutumières de ladite localité. Ces derniers ont effectué une sortie pour se porter en faux contre les déclarations du collectif faisant état d’un refus catégorique de la population de Cayar quant à l’ouverture prochaine de l’usine Barna Sa spécialisée dans la fabrication de farine et d’huile de poisson. Un refus qu’elles avaient expliqué par les impacts négatifs que l’exploitation de cette unité industrielle allait avoir sur leur santé et sur l’environnement entre autres nuisances olfactives. Sans compter, selon elles, les effets dévastateurs de l’exploitation sur la ressource. Surtout que le surinvestissement dans ces genres d’usines et dans les unités de congélation de pélagiques côtiers et principalement la sardinelle va inexorablement créer une surcapacité de pêche industrielle et artisanale et intensifier en conséquence la pression sur la ressource. Ce qui va se traduire par une dégradation de la contribution de la pêche à la sécurité alimentaire. Quid, se demandent-elles, des conséquences que l’intensification des prélèvements vont avoir sur les activités des femmes transformatrices ? Car nul doute que l’usine sera en compétition avec les acteurs traditionnels que sont les mareyeurs et les femmes transformatrices qui auront du mal à accéder à la matière première.
Tout argumentaire balayé d’un revers de la main par le maire et les autorités religieuses de la commune représentées par le Grand Serigne de Cayar, El hadji Abdoulaye Ndoye. Lequel au nom de ses pairs a énergiquement dénoncé les agitations de ce collectif qu’il considère comme «une infime minorité qui s’agite et qui n’est d’aucun apport pour la communauté et qui est réfractaire à toute action de développement». Et de poursuivre pour se féliciter qu’avant même le démarrage de l’exploitation, l’usine a construit et équipé, dans le cadre de la Rse, un poste de santé pour participer au relèvement du plateau sanitaire de la commune. Une perception largement partagé par Talla Diagne Gueye qui s’est présenté comme étant le porte-parole des populations de Cayar. Lequel s’est porté en faux contre toutes allégations faisant d’un refus d’une opposition des cayarois à l’ouverture sur leur terre de la fabrique de farine et d’huile de poisson. «Toutes les populations de la commune de Cayar sont en phase avec le projet Barna Sénégal parce qu’il a ses opportunités. C’est une usine qui va créer 50 emplois directs et 300 indirects au niveau de Cayar. Elle sera donc très bénéfique pour les populations parce qu’elle va booster le développement économique de Cayar. Aussi, elle réglera le problème des déchets sur les prises au niveau de Cayar. S’y ajoute qu’avec son installation et les emplois qu’elle va générer, le problème de l’émigration clandestine va connaître un début de solution». Et s’agissant des impacts écologiques et économiques soulevés par le collectif, il se voudra rassurant soutenant que la question a été prise en charge dans l’étude d’impact environnemental et que les femmes transformatrice n’ont pas de souci à se faire. «Elles vont avoir leur part puisque l’usine ne va prendre que le surplus de capture qui se détériore sur la plage pour en faire sa matière première. Le poisson est tellement abondant à Cayar que des quantités importantes pourrissent quotidiennement sur la plage».
Quant au maire de la commune, Alioune Ndoye, il va déplorer le fait que ces jeunes qui s’agitent soient à la solde d’une Ong qui les manipule à la faveur des grands bateaux de pêche qui poursuivent les poissons migrateurs. Pis, poursuit-il, ce sont des gens qui, alors qu’ils s’opposent à l’ouverture d’une fabrique à Cayar, prennent des camions de poissons qu’ils amènent à l’usine de farine de poisson en activité dans la commune de Joal. Aussi, l’autorité municipale de dire toute son adhésion à ce projet avant de se réjouir de la forte mobilisation des populations pour le défendre.
Sidy DIENG