CHRONIQUE DE WATHIE
Après les prix des matériaux de construction, du carburant, du pain, c’est l’augmentation de celui de l’électricité qui est fiévreusement annoncée. Et pendant que le risque de rupture de médicaments se fait de plus en plus ressentir, à cause notamment d’une dette de 255 millions d’euros (17 milliards de francs CFA) que l’Etat traîne, des dizaines de kilos de drogues convergent vers la capitale avant de disparaitre par l’enchantement qui a exfiltré les étrangers qui les ont convoyées au Sénégal. Boughazelli a certes fini par se faire prendre, mais pas le haut fonctionnaire entre les mains de qui Birahim SECK a vu cinq milliards d’un programme fictif. C’est le Sénégal culbuté où la pénurie de médicaments et de dignité coïncide avec la pléthore d’honorables trafiquants.
Alors que le débat sur l’authenticité du sabre qu’il a ramené fait rage au Sénégal, le Premier ministre français a fait gagner deux contrats à son pays qui empoche des centaines de milliards. Au Sénégal, la bataille opposant le détail à l’important, plus que déséquilibrée, est largement en faveur du premier. Une situation grandement mise à profit par Edouard Phillips dont le pays va encaisser 200 milliards de F CFA pour des patrouilleurs et des missiles que d’autres pays auraient pu vendre au Sénégal pour la moitié de ce prix. En rendant ce qui est présenté comme le « sabre d’El Hadji Oumar», le chef du gouvernement français rapporte à Macky SALL la preuve que ses ancêtres ont battu les siens et emporté leurs biens. Cela qui aurait suscité la honte et/ou la révolte sous d’autres cieux, a été célébré en grande pompe au pays de la terranga qui, tout reconnaissant ou peureux comme un lapin, se dépêche de signer des contrats d’armement. En plus d’empocher 200 milliards, la France accentue la surveillance du Sénégal.
Ces enjeux sont loin du train-train quotidien des Sénégalais. Sous le coup de butoirs de l’inflation des prix, ceux-ci raffolent plus de sujets de divertissement à même de noyer leurs préoccupations que les questions « savantes » d’intérêt national. «On va vers des délestages. On a commencé déjà à délester légèrement. Mais si l’Etat ne fait rien, dès la semaine prochaine, on va procéder à des délestages. L’Etat doit une dette d’environ 247 milliards FCFA à la SENELEC … La SAR ne peut plus continuer à fournir du fuel aux producteurs indépendants sans le paiement de la dette». Cette mise en garde d’Habib AÏDARA, secrétaire général du Syndicat Unique des travailleurs de l’électricité (SUTELEC), a fini par faire trouver des idées aux autorités. A la place des délestages, elles ont, à travers la dernière loi des finances rectificatives, « fait une avance », comme dit Cheikh Oumar HANN, et béni l’augmentation du coût de l’électricité qui va prendre effet dès le 1er décembre prochain. C’est ce Sénégal dont les gouvernants comptent sur l’endettement pour lancer le développement qui risque une rupture de médicaments en dépit de ses malades qui sont loin d’être minoritaires. Il n’est point question des quatre grossistes répartiteurs pharmaceutiques qui, se disant bousculés par des douaniers dont les nouvelles instructions leur demandent de soutirer le plus d’argent possible, menaçaient d’arrêter l’importation de médicaments, mais d’une autre dette que l’Etat traîne depuis plus d’un an. En effet, le gouvernement doit 255 millions d’euros (17 milliards de francs CFA) aux fournisseurs de médicaments, dont 6,015 millions d’euros (4 milliards) à la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) à travers sa fausse Couverture médicale universelle (CMU). Comme avec les Etablissements d’enseignement supérieur, l’Etat avait promis une « avance » qui tarde à se faire.
Comme avec la SENELEC, le régime de Macky SALL ne compte que sur l’augmentation des prix pour payer une dette globale qui a dépassé la barre des 7 mille milliards sans indisposer le leader de l’APR. Telle une orange, les Sénégalais déjà bien mal en forme sont pressés encore et encore. L’Agence nationale de la statistique et de la démographie(ANSD), dont les chiffres sont contestés par Cheikh KANTE qui se fait appeler Docteur, indique que « l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation du mois d’octobre 2019 a augmenté de 0,4% comparé à celui du mois précédent. Cette évolution est expliquée principalement par l’accroissement des prix des services de « l’enseignement » (+1,0%), des « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » (+0,6%) et des services de « santé » (+0,4%) ». Une situation de faillite totale qu’explique la bamboula d’avant la présidentielle. Pour faire brouter son bétail électoral, le leader de l’APR n’avait pas lésiné sur l’arrosage. Aujourd’hui, l’Etat s’est troué les poches après avoir culbuté ses caisses.
Le sabre n’a pas réussi à étêter les activistes mais depuis que Seydina FALL Boughazelli a été pris, personne ne parle presque plus d’eux. L’ancien député ayant mis la barre très, très haut. La baraque, il ne l’a pas uniquement cassée, il l’a mise en cendre. Un député qui trimballe dans sa voiture de fonction des milliards de faux billets, c’est le sommet des forfaitures que le régime de Macky SALL devrait normalement se résoudre à ne guère dépasser. Seulement, c’est ne pas compter sur le noyautage d’une opposition aphone pendant que le pouvoir s’illustre dans le trafic.
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Mame Birame WATHIE