Avec le slogan «Un Sénégal qui gagne», les gouvernants se signalent paradoxalement par leur manque d’ambition de bâtir les préalables : Des pelouses adéquates pour le rayonnement du football sénégalais. La tromperie perdure et les populations n’en peuvent plus. Le championnat pro se meurt. Celui dit amateur, tire le diable par la queue. Paradoxalement, sur la scène internationale, le Sénégal occupe toujours la première place du football continental et la 20e sur le plan mondial.
L’événement semble inédit, mais il en dit long. Des processions pour réclamer la construction ou la réhabilitation d’un stade national ou régional ont été tenues au Sénégal. Les populations de Sédhiou et de Diourbel ont précisément marché pour la réhabilitation de leur infrastructure sportive. En bandoulière, avec des cris de cœur à l’appui. En effet, Le Variété Football Club (composés d’acteurs sportifs et membres d’associations l’ont fait) pour «exiger» la réhabilitation du stade Ely Manel Fall. «Nous venons d’effectuer une marche pacifique à l’issue de laquelle nous avons déposé une pétition auprès du président du Conseil départemental et du gouverneur de la région pour demander aux autorités de réfectionner le stade Ely Manel Fall à la suite du constat de l’état de délabrement très avancé de la pelouse depuis plus de trois (3) ans», a fait savoir le président du Variété Fc, El Hadji Ndiaye «Diodio». C’est pathétique.
Et à juste raison, parce que les passionnés du football de la capitale du Baol n’en peuvent plus. Depuis trois (3) ans, voire plus, ils ne disposent pas d’un stade fonctionnel. Pire, c’est à l’extérieur, précisément, à Kaolack, que leur club fanion, Suneor, reçoit ses adversaires. Et l’attente dure depuis quatre (4) ans maintenant. Quatre ans de promesses de réhabilitation non tenues. Les autorités étatiques ne cessent d’annoncer des dates de démarrage des travaux. Ce qui a été fait la semaine dernière avec la signature de convention entre l’Etat du Sénégal, par le biais du ministre des Sports, Matar Bâ et la coopération chinoise. Avant cette signature de convention, le Directeur des infrastructures sportives dudit ministère, Cheikh Ameth Sarr, avait fait face à la presse pour rassurer du démarrage imminent des travaux de réhabilitation des stades Léopold Sédar Senghor de Dakar, Ely Manel Fall de Diourbel, Lamine Guèye de Kaolack et Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor. L’espoir est permis de vivre ce rêve.
Seulement, en juillet 2018, Birima Mangara, alors ministre délégué chargé du Budget, à l’époque, avait donné ces mêmes assurances : «Je réitère l’engagement pris par rapport au stade de Diourbel. Ces engagements portaient sur la restauration de la pelouse qui sera rapidement faite. La restauration aura bien lieu. Une équipe d’experts a déjà fait le déplacement sur Diourbel pour procéder à des relevés topographiques. Le gazon et les éléments de soutien sont en route. D’ici à une dizaine de jours, on va procéder à la réception de ce matériel et les travaux vont bel et bien démarrer». Une promesse tenue en 2017. A l’arrivée, que du pipo.
Pour les Diourbellois, le leurre a assez duré. Pendant les trois dernières saisons, leur équipe fanion, la Suneor, a été obligée d’aller recevoir à Kaolack. Un handicap lourd qui a fini par noyer le club en Ligue 2. (Sic). Comme si cette situation ne gène toujours pas, les autorités étatiques continuent à agir dans des promesses.
Le foot se meurt à Dakar sans Demba Diop
Dans le département de Dakar (la capitale du Sénégal), la situation est également dramatique. Depuis la fermeture de Demba Diop suite aux événements du 15 juillet 2017 ayant occasionné 8 morts des supporters du Stade de Mbour, les acteurs du football de la capitale sénégalaise souffrent énormément. Ses clubs des Ligues 1 et 2, voire du National 1 peinent à jouer les premiers rôles dans les championnats nationaux. Le championnat populaire a aussi du mal à bien tenir ses activités.
Pourtant, lors d’un Conseil départemental de développement (Cdd) tenu en juillet 2018, les acteurs avaient lancé un cri du cœur au préfet de Dakar, Aliou Badara Samb. «Sans ce stade, le navétane à Dakar sera comme un plat sans sel. C’est lui qui fait vibrer», avait déclaré le chargé de la Commission sportive à l’Odcav, Ndiaga. Ce cri du cœur est resté sans suite.
Le mouvement «Navétane» n’est pas le seul qui souffre de cette fermeture de Demba Diop. Les clubs de la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) vivent mal aussi cette situation. Le championnat élite a perdu son engouement. Léopold Sédar Senghor, difficile d’accès, est quasiment vide à chaque journée. Ça sonne très creux lors des grandes affiches. Le manque de stades praticables est criard dans la capitale sénégalaise. La région de Dakar est sauvée par Pikine (Alassane Djigo) et Guédiawaye (Amadou Barry), de Mbao et Ngalandou Diouf….
Comme les autres, la réhabilitation de Demba Diop tarde à se matérialiser. Le ministre des Sports, Matar Bâ, avait parlé de démolition totale. Contrairement au président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), Me Augustin Senghor qui a annoncé une enceinte de 15 000 places assises, d’un coût entre un milliard et demi et deux milliards francs Cfa : «Grâce aux fonds du programme d’assistance Forward 1.0 que nous n’avons pas totalement consommés et ceux de Forward 2.0 qui sont étalés de 2019 à 2022, on aura les moyens pour ériger ce stade moderne». La Fsf n’attend juste «le feu vert du chef de l’Etat, Macky Sall, pour débuter les travaux de réhabilitation». Ça traîne toujours hélas !
Adama COLY