Le report des élections locales prévues au plus tard en mars 2021 viole l’article 102 de la Constitution, selon le député Mamadou Lamine Diallo. Le leader de Tekki estime que l’Assemblée nationale ne peut pas violer la Constitution en prolongeant le mandat des élus locaux.
Il est maintenant clair que les élections locales ne se tiendront plus en décembre 2019. La classe politique, pouvoir comme opposition n’a plus besoin d’explications pour s’en convaincre. Par contre, la nouvelle échéance fixée par le pouvoir passe difficilement chez certains leaders de l’opposition. Pour le député Mamadou Lamine Diallo, «la constitution est claire en son article 102, les collectivités territoriales s’administrent librement par des assemblées élues au suffrage universel». En clair, explique le leader de Tekki dans sa question hebdomadaire, «des assemblées désignées par décret ou par la loi ne peuvent pas administrer les collectivités territoriales, communes et départements. La cause est entendue.» Il estime du coup que l’Assemblée nationale, «annexe du palais de Macky Sall, ne peut pas violer la constitution en prolongeant le mandat des élus locaux. C’est clair, net et précis». Mamadou Lamine Diallo précise en outre que le pouvoir de Macky Sall a toujours soutenu qu’il a le meilleur code électoral et le processus électoral le plus transparent renforcé par un parrainage soutenu par la société civile. «Pourquoi accepte-t-il soudain de discuter d’un audit du processus électoral, ce qu’il a toujours refusé depuis 2016 ?», s’interroge-t-il.
Quant à l’opposition «dialogueuse», poursuit le député, «elle prétend que sans audit du processus, il faut arrêter de faire des élections au Sénégal. Pourtant, il a fallu beaucoup de persévérance pour qu’elle daigne s’intéresser au livre blanc sur la présidentielle de 2019. Elle a soutenu publiquement que Macky Sall avec ce fichier et ce processus devait aller au second tour et qu’il a perdu à Touba, Thiès, Dakar et Ziguinchor. Avec ce fichier et ce processus, une liste unique aux locales gagne les grandes villes, c’est évident, tout le monde le sait. Au pire, on peut revenir au fichier de 2016. Sa position est donc incohérente. Tout ce qui est vrai est cohérent».
Le député de souligner que le Sénégal ne peut pas être dans une situation de violation continue de la constitution et de la loi. «Il ouvre la voie aux trafiquants de toutes sortes. On le sait, la mafia de la drogue et les terroristes cherchent à s’implanter dans les Etats fragiles. Je le répète, l’Afrique est faible à cause de son capital social, c’est le plus important des quatre types de capitaux. En deçà d’un certain seuil d’un niveau de capital social, l’Etat devient fragile comme en Guinée Bissau voisine.»
Selon toujours Mamadou Lamine Diallo, seule la gouvernance démocratique permet aux Etats africains de s’en sortir. «Macky Sall n’aime pas la gouvernance démocratique. Il a déchiré la charte de gouvernance démocratique des Assises Nationales et supplié son Conseil constitutionnel de légaliser son wax waxeet de 2016 pour avancer vers la présidence à vie comme au Congo. Macky Sall aime bien Sassou Nguessou. C’est le seul avec Barrow de Gambie à l’avoir soutenu quand il a voulu humilier le professeur Bathily candidat à la présidence de la Commission de l’Union africaine», affirme le leader du mouvement Tekki
Abordant comme d’habitude le dossier des ressources naturelles dans sa question hebdomadaire, Mamadou Lamine Diallo estime que la Gouvernance démocratique du Sénégal a été enterrée au Cos Petrogaz. «Les enjeux sur les blocs de St-Louis et Cayar étaient bien connus. Des estimations de ressources de 5 tcf existaient et les spécialistes échangeaient entre eux. C’est donc en toute connaissance de cause que Macky Sall a donné ce bloc à Franck Timis employeur de son frère Aliou sachant pertinemment qu’il n’a pas les capacités techniques, financières et l’expérience avérée pour mener les travaux de recherche», accuse le président du Mouvement Tekki. «L’objectif visé alors devient clair avec le temps, c’est l’émirat gazier qui exige de mettre entre parenthèses la démocratie sénégalaise», ajoute-t-il.
Georges Nesta DIOP