La Ziarra effectuée hier par le chef de l’Etat à Tivaouane en prélude au Gamou a été l’occasion pour mettre encore en garde contre ce qu’il appelle les nouvelles formes de «colonisation spirituelle» qui charrient le terrorisme. Des pratiques que Macky Sall promet de combattre par tous les moyens possibles.
(Correspondance) – Le chef de l’Etat, à la tête d’une très forte délégation, a sacrifié, hier dans la cité religieuse de Tivaouane au traditionnel ziarra avant Gamou au khalife général des Tidianes. Une visite de courtoisie qui lui a permis de rendre un vibrant hommage à la famille d’El hadji Malick Sy initiateur, au Sénégal, de la célébration de la naissance du prophète Mouhamed (Psl), avant de se féliciter de l’excellence des relations qui le lient à cette dite famille. Aussi au cours des «salamecs» d’usage et autres échanges de civilité entre les deux hommes, le chef de l’Etat a apprécié à sa juste valeur le rôle des «daaras» dans l’œuvre de construction et de conscientisation des masses contre l’obscurantisme qui mène à la violence sous toutes ses formes. Et à ce titre le Président Macky Sall s’est voulu sans équivoque pour dire que le Sénégal n’a pas besoin d’une religion rénovée, importée d’ailleurs et qu’il ne l’acceptera pas. Surtout que, rappelle-t-il, l’Islam est une religion de paix en atteste que son prophète est un homme épris de paix et de justice. Pour dire, poursuit-il, que tout élément ou acte de nature à perturber la cohésion religieuse dans ce pays sera vigoureusement combattu pour que le Sénégal soit préservé de ces fléaux terroristes et djihadistes et qu’il demeure ce havre de paix et de cohésion social qu’il a toujours été. «J’avais dit lors d’un Gamou que le Sénégal n’a pas besoin d’une nouvelle religion, parce que vouloir amener une nouvelle religion (islamique) à un pays qui a connu l’islam depuis 1 000 ans relève d’une colonisation spirituelle, et personne ne doit l’accepter», a martelé Macky Sall promettant de «combattre» cette nouvelle forme de «colonisation spirituelle» avec tous les moyens nécessaires.
Des visions largement confortées par celles du porte-parole de la famille et du Khalife Serigne Mbaye Sy Mansour. Lesquelles, tout comme celles du chef de l’Etat, sont d’avis que dans ce pays la cohésion et l’entente entre les obédiences confrériques sont une réalité. Il ne sera jamais question que des gens se perdent dans des dérives djihadistes, importées par une certaine catégorie de marchands d’illusions, dont le seul objectif est de déstabiliser la nation par le biais d’une idéologie qui ne repose sur aucune base solide. Aussi le Khalife de mettre en garde les fidèles et les autorités étatiques contre les agissements de soi-disant religieux faisant office de réformateurs et dont l’œuvre ne consiste qu’à semer la division au sein de la communauté musulmane aux fins de dévier des croyants par le truchement d’un islam radical importé. Et pour ce faire, Serigne Mbaye Sy Mansour d’en appeler les uns et les autres à un raffermissement des relations entre les différentes confréries qui se doivent plus que jamais se resserrer autour d’un dénominateur commun, l’Islam. Lequel dénominateur appelle à une unité des cœurs et des esprits pour ne pas dire une communauté unie, soudée. Pour lui, c’est ce resserrement dans les rangs qui est l’arme la plus efficace contre ces nouveaux courants de pensées et une certaine poussée djihadiste qui ne sont pas sans rappeler les horreurs connues à Tombouctou et dans une bonne partie de la sous-région ouest africaine.
Une autre dérive qui n’a pas aussi manqué de retenir l’attention du guide religieux est celle relative «aux informations» relayées par les réseaux sociaux. Des supports qu’il perçoit comme un mal qui est en train de déstructurer le tissu social dans ce pays. Car pour lui, les tenants de ces supports appartiennent à une certaine catégorie de gens tapis dans l’ombre et excellent dans l’art des photomontages avec comme seul dessein de semer la zizanie et la terreur dans le pays. Un phénomène qui, estime-il, doit être pris à bras le corps par les autorités compétentes afin de les empêcher de nuire.
Quant au porte-parole de la famille, Pape Malick Sy, il est largement revenu sur l’œuvre et la vie de son vénérable grand père Seydi hadji Malick Sy avant d’inviter les fidèles et croyants de revisiter les enseignements des anciens qui sont des hommes de Dieu émérites pour en faire des références. Aussi se réjouira-il des excellentes relations entre le temporel et le spirituel. Surtout que ces relations sont le soubassement du dialogue et de la concertation qui garantissent la paix et la stabilité du pays.
Sidy DIENG