La commune de Bargny craint toujours pour ses populations à cause de la centrale à charbon, installée dans la zone. Ses habitants ont réitéré leur désaccord sur l’installation de cette usine polluante à l’occasion de la présentation d’une étude qui montre les impacts sur la communauté et l’environnement. Une enquête est destinée aux députés pour qu’ils en fassent un élément de plaidoyer.
Des représentants d’associations de la commune de Bargny et environs ont réitéré leur désaccord sur l’installation de la centrale à charbon de Bargny. Cela, malgré les promesses des autorités d’abandonner l’utilisation du charbon au profit du gaz naturel en 2021. C’était avant-hier lors de la présentation d’une étude sur les impacts de la centrale à charbon et destinée aux parlementaires.
Les raisons de leur rejet de l’installation de la centrale ont été listées dans les résultats de l’étude d’impact des activités de la centrale dans ladite zone. Pour cette fois-ci, l’étude d’impact est faite bien avant la délivrance du certificat de conformité. Cela a été un des manquements au projet. Les rejets de cendres, néfastes à la santé, ceux de l’eau de refroidissement, les menaces sur la biodiversité marine, la proximité de la centrale avec des maisons, des zones de pêche, le non-respect du rayon de 500 mètres entre la centrale et les établissements tel que défini par la loi, l’occurrence de maladies tels que le rhume, les dermatoses…sont autant de motifs énumérés pour désapprouver ledit projet. Cela, d’après l’enquête, présentée aux parlementaires par le cabinet Otd pour que les députés puissent avoir des éléments de plaidoyer.
Les populations ne veulent non seulement pas de la centrale dans leur voisinage, mais n’accordent également pas totale confiance aux alternatives promises par l’Etat, c’est-à-dire de transformer la centrale à charbon en celle à gaz. «La reconversion est réalisable techniquement. Nous ne croyons pas à ce que la date de 2021 soit effective parce que pour faire le changement, il y a des préalables au niveau des installations. Le gaz naturel n’est pas la même chose que le charbon. Les autorités de la centrale ont dit qu’elles vont changer la centrale à gaz d’ici 10 ans, vers 2027…On n’y croit pas tellement», analyse Daouda Guèye du réseau des associations pour la protection de l’environnement et de la nature.
La conséquence de tout cela, d’après M. Guèye, est que «la centrale va continuer à polluer de manière extrêmement dangereuse». C’est la raison pour laquelle, ils disent être pour la «fermeture pure et simple de cette centrale».
L’étude était destinée à sensibiliser les parlementaires sur les impacts de la centrale. Après présentation, l’honorable député, Samba Demba Ndiaye, du Réseau des parlementaires pour l’environnement au Sénégal (Repes) a laissé entendre que «l’énergie est important, mais pas à un certain prix». A l’en croire, «il est important de connaitre les défis à relever et prendre les mesures idoines, car c’est de leur rôle de servir d’alerte par rapport aux manquements puisque ce sont les parlementaires qui contrôlent l’action du gouvernement».
Le fait de donner des gages ne dédouane pas pour autant les représentants du peuple. Les populations ne sont pas allées par quatre chemins pour mettre à l’index la responsabilité des députés. «Il y a l’illégalité qui émaille ce projet de central à charbon. Il y a une passivité de l’Assemblée nationale qui a voté les lois. Vous êtes là pour la communauté par pour l’Etat. Un Etat qui ne respecte pas la loi est un Etat délinquant», adresse Ibrahima Diagne, un des porte-parole des populations, aux parlementaires.
Voilà des années que les populations de Bargny et environs rejettent la centrale à charbon tout en étant de plus en plus convaincues que l’Etat ne va pas reculer. Ce, à cause des engagements pris à côté des investisseurs et 157 milliards de francs Cfa investis. Il y a espoir que les promesses de la transition vers le gaz seront tenues et qu’il n’y aura pas de dégâts. Pour rappel, le Sénégal a choisi l’option de la centrale à charbon pour compenser le déficit énergétique.
Emile DASYLVA