Une des principales exigences des familles des victimes de la tragédie du 26 septembre 2002, le mémorial «Le Joola», tarde à voir le jour. L’exercice du droit de propriété de l’Anam ne serait pas étranger à ce blocage qui irrite les responsables de la structure qui défend les intérêts des proches de ce drame humain.
(ZIGUINCHOR) – Le mémorial Le Joola verra-t-il un jour le jour ? Si oui, quand ? Dix-sept ans après cette tragédie qui a fait officiellement plus de 1 863 victimes, ces questions sont encore sans réponses. Si la volonté politique existe quant à la réalisation de ce musée qui va perpétrer la mémoire de ces hommes, femmes et enfants, engloutis par les eaux de l’océan Atlantique, il reste qu’elle se heurte à un obstacle majeur lié à l’espace sur lequel devrait être érigé ce patrimoine. En effet, l’Agence nationale des activités maritimes (Anam) ne semble pas prête à céder son espace pour accéder à la demande de l’Association nationale des familles des victimes du Joola.
Cette structure qui n’a qu’une petite parcelle de terre allouée par la municipalité et sur laquelle était érigée une stèle en face du fleuve Casamance, à portée de vue du point de départ du navire Le Joola pour son voyage fatidique, avait émis le souhait de se voir allouer le terrain situé à proximité. Mais, cette demande a buté sur la réticence de l’Anam qui n’entend pas renoncer à son projet d’extension du port de Ziguinchor. Deux ambitions différentes pour un même espace, les choses deviennent dès lors compliquées pour les proches des victimes, surtout que l’agence du ministère de la Pêche est déterminée à exercer son droit de propriété.
Ce lundi, la question a fait l’objet d’un Comité régional de développement (Crd) présidé par le ministre de la Culture, en présence du gouverneur de Ziguinchor, des familles des disparus du Joola, des autorités militaires, politiques etc. Il a été question, au cours de cette rencontre qui a suivi la visite du site, d’évaluer la situation, d’identifier le ou les obstacles à la réalisation du mémorial et de faire des projections sur le démarrage des travaux.
Mais, après plus d’une heure de débats, les différents acteurs n’ont pu que constater le blocage, au grand dam des responsables de l’association nationale des familles des victimes du Joola. Ces derniers n’ont pas manqué de manifester leur déception. «Quand l’Anam a eu besoin de nous en son temps, nous avions été là, nous les avions aidé, et même financièrement», a révélé le porte-parole de l’association. Boubacar Bâ regrette donc l’attitude de l’Anam qui reste muet à leur appel au secours pour la réalisation de ce musée «qui nous tient beaucoup à cœur».
Pour lui, «on n’a pas eu le renflouement, certaines questions sont restées latentes, il est donc temps d’obtenir l’érection de ce mémorial». C’est pourquoi, Boubacar Bâ interpelle le président de la République pour lever les contraintes sur le chemin de la réalisation de ce projet qui sera un lieu de recueillement pour saluer la mémoire des victimes du Joola, mais aussi, celle du président de l’association, disparu à deux semaines de la célébration du 17e anniversaire.
Pour sa part, le ministre de la Culture reste optimiste surtout après les décisions politiques prises. Lesquelles vont permettre de démarrer très bientôt les travaux, à en croire Abou Diop qui a révélé que les dernières discussions avec l’Anam ont été finalisées. «A partir de là, un agenda sera mis en place pour le démarrage exact des travaux», a rassuré le ministre de la Culture.
Mamadou Papo MANE