Professeur de littérature africaine orale à l’Université Cheikh Anta DIOP (UCAD) de Dakar, spécialiste de la vie et de l’œuvre d’El Hadj Oumar Foutihou TALL, le professeur Samba DIENG tire sa révérence. Il a été rappelé à Dieu ce mardi et a été inhumé le même jour.
Un de ses anciens étudiants lui rend cet hommage
HOMMAGE AU PROFESSEUR SAMBA DIENG
Professeur titulaire des universités de classe exceptionnelle , érudit de haut rang, spécialiste de El Hadj Omar koddo Adama Aissé Elimane sire Samba Demba Aly Moutar, Arabisant et connaisseur de la culture islamique, Samba Dieng était aussi spécialiste de la littérature comparée en plus de sa maîtrise de la culture peule, ethnie à laquelle il appartenait. Le Professeur était un esprit vif et alerte qui allait très vite dans ses recherches, ses écrits, ses productions. Voilà la base de son ascension fulgurante qui lui permit de gravir tous les échelons des grades universitaires, sa seconde fierté après celle des publications sur El Hadj Omar Tall. Il aimait à rappeler, à ses étudiants, la fécondité de ses productions : » là où on demandait 3 articles, j’en proposais 9, Assane » me confiait-il un jour, après que je lui posais nombre de questions sur vie et son parcours. Samba Dieng était différent, voire singulier, il pouvait être difficile d’accès pour peu qu’on trahisse les codes de conduite de la société sénégalaise, en tout cas tel qu’il les concevait, en parfait conservateur, mais aussi affable jusqu’à la naïveté quand on sait l’aborder. Un autre jour qu’il m’avait convoqué, comme il le faisait avec mes aînés et certainement avec mes cadets, je lui faisais la remarque sur sa solitude, il riait aux larmes et répondit » Assane, la solitude est le propre de l’universitaire. On me paye pour ça ». Mais comment rendre hommage au Professeur sans revenir sur sa rigeur insoutenable en écriture. C’est un parcours du combattant que de lui faire accepter un texte. Il faut respecter toutes les normes de la phrase, syntaxe et sémantique harmonisées comme jamais, d’abord avant que de pouvoir séduire le lecteur par des astuces telles que l’inversion ou autres emphases et mises en aposition. Quelle plume que celle de ce Maitre qui convoquait la virgule et toute la ponctuation à leur juste mesure. Avec sa disparition l’université perd un monument du savoir traditionnel et moderne combinés. Il était un des rares Professeurs à intervenir, comme Président de Jury, dans les soutenances de thèse au département d’arabe aux côtés d’autres sommités comme les Professeurs El Hadj Rawane Mbaye et Souleymane Bachir Diagne. Enseignant jusqu’au bout des ongles, le Professeur ne perdait aucune occasion pour expliquer tel ou tel détail de la vie ou l’origine de tel ou tel rituel. Si notre relation a été aussi poussée jusque dans le secret de son salon familial pourtant notre rencontre fut banal et normal car il me reçut dans son bureau à l’occasion d’un examen oral que nous subissons en fin de deuxième année de Lettres modernes. L’entretien fut amical après il me remit son contact personnel et me demanda de l’appeler si jamais j’étais intéressé par sa spécialisation. Je l’appelais quelques semaines plus tard et ce fut le début d’une longue relation où je me formais aux rigueurs universitaires. Ainsi, au-delà de nos séances d’écriture il nous conviait aux conférences et colloques qui étaient les meilleurs moments de découverte pour les jeunes chercheurs que nous étions. Dans la vie on ne peut pas tout dire d’ailleurs on ne doit pas tout dire même si tout le bien mériterait d’être dit sur cet éminent intellectuel…
Par cette matinée paisible et calme ma tête reste remplie de souvenirs les uns plus denses que les autres mais tout chez lui était apprentissage-enseignement car c’est ça aussi Samba Dieng, le partage avec l’autre.
Puisse Allah le rétribuer au quintuple pour ses nombreux bienfaits.
PAIX À L’ÂME DU PROFESSEUR AD VITAM ETERNAM.Assane KA
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