Le fameux «remaniement» du secrétariat exécutif du Pds risque de précipiter la dislocation du parti de Me Wade. En effet, après de hauts responsables comme Babacar Gaye, El hadj Amadou Sall, de jeunes karimistes sont entrés en rébellion et promettent de se faire entendre les jours à venir. Même le président des cadres libéraux ne se reconnaît pas dans le nouvel attelage.
Si certains proches de Karim Wade comme Bara Gaye, Nafi Diallo, Eliasse Bassène et autres applaudissent le remaniement du secrétariat national du Pds, d’autres risquent d’entrer en rébellion les prochains jours comme le font déjà de hauts responsables du parti. En effet, beaucoup de karimistes ne comprennent pas leur mise à l’écart dans cette nouvelle équipe. C’est le cas de Alinard Ndiaye connu pour son engagement aux côtés de Karim Wade depuis son emprisonnement. «Suite à la publication de la composition du nouveau secrétariat national du Pds, j’informe l’opinion que je renonce au poste de secrétaire national adjoint en charge du secteur privé et du patronat», indique-t-il dans un communiqué. «Je prends Karim Wade comme l’unique et le principal responsable de ce choix qui traduit un mépris inqualifiable en mon endroit. Il en assumera toutes les conséquences politiques », assène le Karimiste qui annonce qu’à compter de ce jour, «je lui retire tout soutien et cesse d’être un karimiste». Cependant Alinard Ndiaye ne compte pas quitter le parti. «Je reste un militant du Pds, et je m’inscris désormais dans une dynamique radicale de combattre la gestion familiale, népotique et clanique de notre parti ainsi que la promotion d’incompétents et de personnes douteuses…J’invite tous les responsables et militants à se tenir debout pour rejoindre toutes les initiatives allant dans le sens de ce combat. Les jours à venir, nous aviseront afin que nul n’ignore», ajoute-t-il. Hélene Della Chaupin leader de Askaw (Association de soutien à Karim Wade) se dit aussi très déçue sans vouloir être prolixe, elle dit juste remercier le Pds pour «cette marque de reconnaissance» qui a consisté à écarté son mouvement dans le nouveau secrétariat exécutif national du Pds.
La présidente de la section féminine du Pds, Amy Diouf, crie également sa désolation. «Chers frères et soeur du Pds, je vous informe que j’ai été remplacée de mon poste de présidente de la Commission féminine sans aucune explication. Aujourd’hui comme jamais je me suis rappelé de mon emprisonnement, je me suis rappelé du jour où j’étais la seule fille au pavillon A risquant ma vie. Ce jour-là, on s’est fait électrocutée, caillassée, tabassée par les agents du Coud et les jeunes de l’Apr. Ils sont nombreux les combats où j’étais la seule fille parmi les hommes au Campus de l’Ucad, tout ça pour la libération et le respect des droits de Karim Meïssa Wade. Ce dernier que je n’ai ni vu ni entendu. Mais je croyais en lui, je pouvais donner ma vie pour cet homme parce que j’avais la croyance qu’il serait reconnaissant comme le Président Wade l’était avec ses compagnons, hélas je me suis trompée. Cependant ce n’est pas cet acte qui fait saigner mon coeur mais, c’est de voir aujourd’hui que les gens que j’ai combattus pour l’intérêt de Karim auront bien de quoi se moquer. Tout ce que je ressens ne peut se résumer dans ce texte sous peu vous m’entendrez», se lamente Amy Diouf. Quant au président de la Fédération nationale des cadres libéraux, il dit s’attendre à une réforme structurelle profonde du parti, plutôt qu’à ce «remaniement» très contesté. «Ma conception du fonctionnement du Pds ne change pas d’un iota: le Président Abdoulaye Wade est statutairement le patron du parti. Après sa décision, on se soumet ou on se démet. Je ne suis pas d’accord sur cette manière de réorganiser le parti. Je m’attends à une profonde réforme structurelle du parti, réclamée par tous et à un choix judicieux des hommes qui doivent conduire les destinées du nouveau Pds. ‘On ne peut pas changer de politique sans changer d’hommes’ disait Mitterrand. Ce maquillage, oui maquillage malheureusement (il a été formé au Pds) qui n’est ni fictionnel ni politiquement objectif ne répond pas à mes convictions politiques et libérales. On ne peut pas satisfaire tout le monde ou se satisfaire de tout le monde. Ce n’est pas ma conception de la politique. Je conçois la politique comme un engagement partisan qui implique la discipline, la loyauté à un groupe, la fidélité et j’en passe», affirme le Docteur Cheikh Seck. «Oumar Sarr a été sanctionné parce qu’il a répondu, contre l’avis du parti, au dialogue national. Ce Secrétariat national est truffé de personnes ayant soutenu, à coups de millions, la candidature du Président Macky Sall à la dernière élection présidentielle contre l’avis du parti. Pourquoi sanctionne-t-on certains tout en faisant la promotion d’autres pour le même motif ? Je me suis engagé au Pds très jeune pour lutter contre l’injustice, l’impunité et le favoritisme. Je crois au mérite, seul gage de bien-être individuel et collectif. Je ne dévierai jamais de cette voie quoi qu’il m’en coûte! C’est pourquoi, parmi tant d’autres raisons, je rejette la décision administrative du SGN, le Président Abdoulaye Wade par conviction et pour la sauvegarde de mes principes. J’en assume, seul, l’entière responsabilité et j’aviserai de la suite à donner à mon avenir politique après la fête de Tabaski », promet le président de la Fncl.
Georges Nesta DIOP