Traumatisés par les délestages, beaucoup de Sénégalais se plaignent du retour de petites coupures d’électricité ces derniers temps et craignent le pire. Mais pour la Société nationale d’électricité (Senelec), ce dysfonctionnement n’est pas lié à un déficit de production.
Bien au contraire, l’électricien revendique un trop de capacité avec 1 130 Mégawatts dans ses centrales contre 512 en 2012. Ce, alors que, dit-il, la demande oscille, en pic, entre 650 et 670 Mégawatts. Ainsi, pour le directeur général de cette entreprise publique, qui faisait face à la presse, hier, ce sont plutôt les aléas climatiques qui justifient ces problèmes dans le réseau de distribution. «Chaque fois qu’on est en hivernage, la dégradation de la qualité de service se fait ressentir. Nous avons relevé le défi de la production. Aujourd’hui, nous n’avons plus de problème de production. Donc, le prochain défi sera de sécuriser le réseau à des niveaux de standard qui nous permettent, à chaque fois qu’on a des aléas climatiques, de ne pas connaître de perturbation sur la continuité de la qualité de service. Et c’est ce que nous sommes en train de faire sur vaste programme d’investissements et de sécurisation du réseau de transport mais également d’extension», a déclaré Papa Mademba Bitèye, Directeur général de Senelec. Non sans rappeler qu’il a pour ambition de désenclaver le Sénégal électrique et de moderniser ce réseau pour qu’enfin on puisse être au même niveau de standard au niveau de la production. Cela, à travers deux objectifs principaux, à savoir l’accès au service universel et la baisse des coûts de l’électricité, notamment avec l’arrivée prochaine du gaz national dans les turbines de l’électricien sénégalais. «Ma première préoccupation est la permanence du service public, faire en sorte que le service puisse être garanti à tout moment. La deuxième est la constance dans la qualité de service cela pour maintenir le niveau de qualité de service de Senelec qui a été constaté ces dernières années. La troisième préoccupation est la progression dans les performances. La dernière est l’égal accès au service public de l’électricité. Cela, afin de permettre à toutes populations d’accéder à ce service», dit M. Bitèye. Qui rappelle que Senelec était à 100 % de fuel dans la production mais, aujourd’hui, elle est à 20 % en mix énergétique, avec le solaire et bientôt l’éolienne. Le mix s’équilibre et s’embellit», dit-il.
Evitant de parler de dette entre l’Etat et Senelec, Papa Mademba Bitèye indique que la société d’électricité est une entreprise détenue à 100 % par l’Etat. Lequel, indique-t-il, l’a maintenue en vie par des perfusions régulières après l’épisode douloureux des émeutes de l’électricité en 2011. «C’est la première fois qu’on a une entreprise d’électricité africaine en crise qui s’en sorte sans privatisation. Senelec n’a pu faire cela que grâce à un soutien de l’Etat. Il y a eu une restructuration. Senelec devait de l’argent à l’Etat qui a été obligé de le transformer en restructuration de capital pour revaloriser la société. Lors de la dernière restructuration, l’Etat a mis 90 milliards pour augmenter le capital de l’entreprise. Ce, à côté des subventions d’investissements. (…) Si l’Etat me réclame ce que je lui doit, je ne pourrais pas payer», avant de montrer sa préférence pour le principe de vases communicants..
Seyni DIOP