Néma Taba est une commune qui manque de tout ou presque. La seule réalisation qui la rapproche de la modernité, c’est une piste de production réalisée dans le cadre du Pudc.
(Envoyé spécial) – Au bout de 13 kilomètres de piste de production, en descendant de la Rn6, Néma Taba se découvre. Une bourgade située au milieu de nulle part, déconnectée de tout, sans électricité ni réseau hydraulique viable. L’assainissement y est un luxe. L’agriculture qui est l’activité économique phare dans la zone bat de l’aile. Conséquence : les forces vives ont déserté le milieu pour l’hypothétique eldorado européen. Néma Taba est, en effet, frappé de plein fouet par le phénomène migratoire. Ils sont nombreux, les natifs de la contrée à s’aventurer clandestinement vers les pays maghrébins ou européens à la recherche d’un avenir meilleur. Les plus chanceux peuvent atteindre l’Espagne, le Portugal…, les autres périssent en mer ou subissent les brimades voire l’esclavage du pays de Kadhafi. Une poignée d’entre eux parvient à tirer son épingle du jeu. C’est grâce à la réussite de ces happy few qu’un poste de santé va voir le jour, sous peu, dans le cadre du Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (Paisd).
Lundi, l’ambassadeur de la France à Dakar, Christophe Bigot, et la cheffe de la Délégation de l’Union européenne à Dakar, Irène Mingasson, ont présidé la pose de la première pierre. Le maire de la localité, Kalidou Mbaye a profité de l’occasion pour exposer les doléances de sa commune. L’élu n’a pas manqué d’insister sur ses faiblesses en matière d’infrastructures surtout sanitaires. Pour lui, ce poste de santé n’allait pas voir le jour sans le concours de la Diaspora de Néma Taba qui vit en France et en Espagne. Quant au Coordonnateur du Paisd et Directeur de la coopération technique, il trouve anormal que l’eau potable n’arrive pas à Néma Taba. L’Union européenne qui a rejoint ce programme veut une migration «ordonnée et régulière». C’est pour cela que son ambassadrice qui a pris part à cette rencontre a insisté sur la réalisation de 105 fermes pour une meilleure gestion de la migration. «Il n’est plus question de faire une migration hasardeuse et clandestine. Il est question de faire de la migration une opportunité», dira-t-elle.
Magib GAYE