Abdoulaye Daouda Diallo tisse sa toile. Cheikh Bâ exfiltré à la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), il vient de placer le Secrétaire général du ministère des Finances et du budget, Bassirou Samba Niasse, à la tête de la très convoitée Direction générale des Impôts et domaines. Un homme qui, selon certaines confidences dans cette régie financière, est «sectaire» et ne fait pas l’unanimité dans sa corporation.
Bassirou Samba Niasse hérite de la très convoitée Direction générale des Impôts et Domaines (Dgid). «Monsieur Bassirou Samba Niasse, Inspecteur principal des Impôts et Domaines, matricule de solde n°600 000/D, précédemment Secrétaire général du ministère des Finances et du Budget, est nommé Directeur général des Impôts et des domaines, en remplacement de Monsieur Cheikh Ahmed Tidiane BA, appelé à d’autres fonctions», détaille le communiqué qui sanctionne la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres qui confirme les supputations qui avaient gagné la ville au moins 48 heures plus tôt.
Jusqu’ici Secrétaire général du ministère des Finances et du budget, le nouveau patron du Fisc’ ne semble pas faire l’unanimité dans sa corporation où d’aucuns tablaient sur un certain Sidy Cissokho, ancien conseiller du Premier ministre Mouhammad Boun Abdallah Dionne ou d’autres inspecteurs des impôts qui sont vraiment respectés par la jeune pousse de cette régie financière, une jungle d’éminences masquée par le copinage et le recasement politique.
Alors que certains le présentent comme un homme «sectaire», d’autres lui collent la réputation de quelqu’un «de très séreux, de rigoureux, qui est toujours concentré sur ses dossiers». Vérité crue ou parole de jaloux ? En tout cas, cette belle planque pour M. Niasse, qui, nous dit-on, était dans le cabinet du premier argentier de Wade après l’alternance de 2000, Makhtar Diop, comme conseiller avant d’y être sorti pour retourner à son corps d’origine, a provoqué une grosse déception dans le système où beaucoup estiment que les questions de compétences ne s’appliquent que modérément. Car, nombre de cadres aux Impôts notamment salivaient naturellement sur ce juteux poste. On a même assisté à une gesticulation sur les médias d’un cadre royalement ignoré par Macky Sall. Lequel sait que la communauté des bailleurs de fonds du Sénégal qui s’insurgent contre sa forte politisation ses derniers temps surveille de très près l’évolution de cette régie financière. Cette politisation «excessive de l’administration fiscale qui ne travaille plus», a été fortement décriée dimanche dernier par le député de l’opposition Ousmane Sonko qui estime qu’elle est la raison principale des contreperformances de cette administration fiscale.
En tout cas, le remplaçant de Cheikh Bâ aura fort à faire pour remettre cette administration sur les rails, surtout dans ce contexte de difficultés financières très marqué où le Fisc’ braque les mêmes qui payent pour alimenter les mises du bonneteau budgétaire du Trésor. Cela, alors que le potentiel d’élargissement de l’assiette fiscale est de 25% au moment où le pays en est à 15%, comme le rappelait l’honorable Sonko il y a quatre jours lors de l’adoption de la loi de Finances rectificative.
Quoi qu’il en soit, la situation financière du pays ne va pas du tout. Et les bailleurs de fonds l’ont bien fait comprendre à Macky Sall lors du dernier sommet du G20, au Japon, la semaine dernière.
Seyni DIOP