Elles se relèvent doucement du cauchemar du conflit en Casamance. Aujourd’hui, les femmes du sud s’engagent dans un combat pour l’autonomisation afin de mieux prendre en charge leur destin.
(ZIGUINCHOR) – C’est dans la commune Kafountine située dans le Département de Bignona, que les femmes de la Casamance ont lancé le processus d’autonomisation de la gent féminine. Mieux qu’un simple programme qui a nécessité la mobilisation de près de 300 millions de francs, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour ces victimes innocentes d’un conflit qui a fait beaucoup de victimes dans leurs rangs. Pendant trois décennies en effet, les femmes se sont retrouvées au centre d’une crise qui, au-delà du bilan humain, a provoqué une forte paupérisation des masses, notamment chez les femmes. En tant que mères, épouses ou sœurs de combattants ou de soldats, elles sont atteintes dans leur chair par les affres d’un conflit meurtrier. L’insécurité, le déplacement de populations, les accidents de mines, les viols etc. ont fait d’elles les principales victimes de la crise en Casamance.
Malgré ces brimades, les femmes de la Casamance refusent de capituler. Elles développent alors un instinct de survie qui les mène vers des activités génératrices de revenus, pour continuer à vivre et à aider leurs enfants et leurs maris. L’union régionale Sante Yalla est certainement l’illustration la plus parfaite de ce combat pour la prise en charge du destin des femmes. Cette structure, avec sa radio communautaire «Kassumaay», la première à Ziguinchor et ses différents programmes d’accompagnement offre à la gent féminine les outils et les moyens de son propre épanouissement social et économique. C’est dans la continuité de cette mission qu’il faut placer le lancement du programme d’autonomisation des femmes dénommé «Saabunimma», financé par l’Usaid.
Ce programme qui sera exécuté dans les départements de Ziguinchor, Bignona et Oussouye ambitionne d’aider les femmes à agir en tant qu’agents de stabilisation et de reprise économiques dans leurs communautés, en augmentant leur influence sur la prise de décisions publiques, leur accès et l’utilisation des ressources économiques, par le renforcement de leurs connaissances, la sensibilisation et la formation. Cette initiative à base économique permettra également, de l’avis de la Présidente de l’union régionale «Santa Yalla», de contribuer à promouvoir la paix par une communication de proximité.
L’amélioration du taux d’accès de la mère et des jeunes femmes au système de couverture maladie universelle, la sensibilisation contre les formes d’extrémisme et le renforcement du leadership des femmes par leur capacitation sur les droits humains et la finance entre autres sont également des préoccupations qui seront prises en charge par ce programme, à en croire Amy Mané. Toutes choses qui vont certainement contribuer à renforcer l’autonomisation surtout économique de cette catégorie sociale qui a su trouver refuge dans des organisations à fort encrage communautaire pour envisager l’avenir avec beaucoup d’espoir.
Mamadou Papo MANE