Jean Meissa Diop a été victime d’un «arbitraire sans nom», selon Me Amadou Aly Kane pour qui «il n’existe aucun fait flagrant qu’on peut lui imputer». Cet autre excès de zèle d’agents formellement identifiés (Diatta, Fall et Cie) doit-il rester impuni ?
Des éléments de la Division des investigations criminelles (Dic), démembrement de la Police judiciaire, se sont rendus à son domicile par erreur et sans mandat du Procureur, en violation de toutes les règles qui gouvernent la procédure pénale. Ils ont confondu son adresse avec celle d’un journaliste recherché suite à un article de presse qui incrimine le chef de l’Etat. Quelques heures après, la Police sénégalaise s’est confondue en excuses, dans un communiqué laconique signé du Bureau des relations publiques (Brp), mais le mal est déjà fait. Elle précise sans convaincre que les flics en question n’ont pas violenté le couple Diop, alors que les intéressés disent le contraire. Pour Me Amadou Aly Kane, «le problème de droit qui se pose est qu’il n’existe aucun fait flagrant qu’on peut lui imputer. Dès lors, on peut en déduire qu’il a été victime d’un arbitraire sans nom». «En conséquence, Jean Meissa Diop est fondé à se plaindre auprès de la Chambre d’accusation qui est chargée de contrôler les actes des officiers de police judiciaire», analyse l’avocat à la cour.
Ce qui s’est passé samedi suscite l’indignation collective de toute la corporation. Dans un communiqué conjoint publié hier, des organisations de la presse, aussi bien le Synpics, le Cored, le Cdeps, l’Appel, la Cjrs, l’Urac, condamnent cet acte. «L’acte est d’autant plus grave que ces agents de la Dic ont investi la maison de notre confrère aux alentours de six heures du matin et ont violé son intimité. Ils ont été jusque dans sa chambre à coucher et n’ont pas manqué de violenter son épouse. Et la terrifiante et humiliante scène s’est déroulée devant les deux filles de Jean Meissa Diop. Les organisations professionnelles des médias dénoncent cette provocation contre toute une profession, car la victime du jour est une des légendes vivantes de notre corporation. Elles condamnent fermement cet harcèlement et tiennent à faire savoir que la tentative d’intimidation ne passera pas. Les journalistes, techniciens et l’ensemble des acteurs des médias exigent des excuses publiques des autorités du ministère de l’Intérieur, la tutelle de la Dic. Surtout que certaines avec qui nous avons échangé ont reconnu avoir été induites en erreur. Ils espèrent, par ailleurs, que de telles pratiques viles et d’un autre âge ne vont plus se produire au risque de réveiller les vieux démons entre presse et pouvoir», lit-on dans le document.
Emile DASYLVA