Les Syndicats des travailleurs de Dakar-Bamako Ferroviaire du Sénégal et du Mali se sont réunis, hier, en urgence suite à l’annonce de la réunion à Dakar le 28 juin 2019 du Comité inter-Etats pour la reprise de l’activité ferroviaire. Face à la presse, Mambaye Tounkara, Secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs du rail (Sutrail) et ses camarades maliens rappellent que la décision prise en 2015 par le Mali et le Sénégal de résilier la convention de concession avait rencontré l’agrément des syndicats des deux pays. En effet, ils étaient préoccupés à l’époque par le sort de la concession qui n’avait pas donné les résultats escomptés. A plusieurs reprises, soulignent-ils, ils ont attiré l’attention des autorités des deux gouvernements sur les lenteurs administratives constatées durant la transition et plus particulièrement le respect des engagements pris pour financer le plan d’urgence d’investissement. Et leurs inquiétudes, notent-ils, ont été accentuées par les nombreuses perturbations dans la prise en charge des salaires et l’arrêt de l’activité. Ce qui, expliquent les cheminots, empêche, aujourd’hui, de pouvoir répondre à la demande de transport croissant sur le corridor Dakar-Bamako. «Aujourd’hui, les travailleurs du corridor Dakar-Bamako vivent dans des situations très difficiles. Lesquelles sont liées à des retards de salaire, un manque de couverture médicale etc. Nos collègues maliens sont restés 9 mois sans salaires. Actuellement personne ne peut mesurer les conséquences que l’arrêt des activités a causées sur les voies ferroviaires. Tous les rails sont dans un état de délabrement très avancé. L’année dernière, la voie entre Tamba et Kidira était complètement coupée», martèle Mambaye Tounkara, patron de Sutrail. Selon lui, à maintes reprises, ils ont déploré la léthargie du Comité inter-Etats alors que les travailleurs continuent de déployer d’énormes sacrifices pour sauver leur entreprise en attendant le début d’exécution des projets de relance. Sur ce, ils manifestent leur espoir depuis la convocation de la réunion du Comité qui intervient quelques mois après l’engagement des deux Etats d’accorder à leur entreprise une subvention exceptionnelle de 10 milliards de F Cfa chacun et la nomination d’un nouvel administrateur général. Mais force est de constater que cela reste toujours à l’état de promesse.
Secrétaire général du Syndicat des travailleurs du chemin de fer(Sytrail) au Mali, Mahamane Thienta estime que l’arrêt de l’activité ferroviaire a causé d’énormes dégâts au Mali et au Sénégal. Et c’est dans leur pays que les conséquences sont beaucoup plus visibles. «Il faut qu’on trouve des solutions. Nous sommes venus nous ajouter à nos camarades du Sénégal pour interpeller encore les deux Etats. Nous voulons que cette voie soit rétablie le plus rapidement possible, parce que c’est un cordon ombilical entre le Mali et le Sénégal. Il y a des villages et des villes qui ont sombré dans la misère à Kayes parce que le train ne siffle plus. Tous nos jeunes sont en train de mourir dans la mer à cause du chômage parce qu’il n’y a plus de travail», alerte Mahamane Thienta.
L’Intersyndicale appelle à la diligence des deux gouvernements malien et sénégalais et souhaite que cette rencontre puisse leur éviter cette fois-ci des lenteurs et des incertitudes qui peuvent menacer la pérennité de l’entreprise et la reprise des activités.
Samba BARRY