Depuis quelques années, certains partenaires techniques et financiers de l’Etat incitent le gouvernement à mettre fin aux subventions de l’électricité. Ce que l’Etat n’a jamais accepté auparavant. Mais, pour la prochaine révision des conditions tarifaires de la Société nationale d’électricité, Senelec, la donne risque de changer. Hier, la Commission de régulation du secteur de l’électricité a fait dans le clair-obscur sur une probable augmentation du coût de d’électricité.
La Commission de régulation du secteur de l’électricité, la Senelec et l’Etat sont en train de travailler sur la prochaine révision des conditions tarifaires de la société nationale d’électricité. Y aura-t-il ou pas une augmentation du coût de l’électricité ? Toutes les possibilités sont envisageables à partir de ce 1er juillet. Car, le coût de la compensation que l’Etat verse à la Senelec pour éviter toute hausse du prix de l’électricité ne cesse d’augmenter. Il est passé de 30 milliards de francs Cfa au 1er janvier 2019 à 70 milliards de francs Cfa au 1er avril dernier. Une situation que l’Etat risque de ne plus supporter et qui entrainera une augmentation des tarifs. Le président de la Commission de régulation du secteur de l’électricité, Ibrahima Sarr, a été clair sur ce qui adviendra pour la prochaine révision. En effet, la commission fixe un revenu maximum autorisé à l’opérateur Senelec pendant une période de trois ans. Ainsi, chaque année, elle détermine ce revenu en tenant compte des facteurs exogènes sur lesquels la Senelec n’a pas tellement d’influences, notamment l’évolution de la demande et l’inflation sur le prix du combustible qui représente environ 80% de ses charges. A cet effet, ladite commission est obligée de faire des indexations de manière trimestrielle. «On a fait l’indexation au 1er janvier 2019 et nous sommes arrivés à des situations où on avait un écart de revenus par rapport aux revenus maximums d’activité déterminé avec l’indexation et le tarif qui était en vigueur. Normalement, on aurait dû réajuster le tarif de 39% à l’époque», clame-t-il. Avant de préciser que la loi fait obligation à la commission, en cas d’ajustement brusque important du tarif, de faire recours à l’Etat pour recueillir son avis. «L’Etat nous a indiqué de maintenir les tarifs en vigueur et qu’il se chargeait de compenser la Senelec pour environ 33 milliards de francs Cfa au cours du premier trimestre. Nous avons fait l’exercice au 1er avril. Compte tenu de l’inflation, on est toujours dans une phase où il y a écart entre les tarifs de référence et les revenus minimums d’activité définit tenant compte de l’indexation. Là aussi, on est arrivé à des écarts de revenus d’environ 70 milliards de francs Cfa et l’Etat nous a également demandé de maintenir les tarifs en vigueur et il se chargerait de compenser la Senelec», a révélé le patron de la commission. Poursuivant, il souligne qu’à partir du 1er juillet prochain, la Senelec fera ses calculs pour les soumettre à la commission. Et, cette dernière prendra l’écart de revenus pour le soumettre à son tour à l’Etat qui décidera de le prendre en charge ou pas, dans le cadre de sa politique tarifaire.
Les consommateurs invités à faire des efforts
Le dernier mot revient entièrement à l’Etat. En réalité, il a la possibilité de procéder à une compensation partielle en prenant en charge une partie de l’écart et de subventionner l’autre partie. Ce qui entrainera à coup sûr un réajustement des tarifs. «C’est une prérogative qui est de la seule responsabilité de l’Etat. Je dois rappeler simplement que ce n’est pas quelque chose d’inhabituelle. En réalité, depuis 2009, ce soutien de l’Etat est constant. L’Etat a jusqu’ici pris en charge les écarts de revenus pour éviter une hausse. Déjà en 2017, le gouvernement a eu à baisser les tarifs de 10%. Et, cette baisse de 10% aussi à accentuer un peu les besoins de compensation», a relevé M. Sarr. Qui, en outre, estime que la valeur ajoutée que peut apporter, aujourd’hui, la commission dans un contexte où de plus en plus la politique se désocialise et le social se dépolitise, c’est d’arriver à concilier l’économie et le social. En clair, note-t-il, assurer la viabilité financière des opérateurs tout en protégeant les droits des consommateurs.
Faisant dans le clair-obscur, le Directeur de cabinet du ministre du pétrole et des énergies, Abdoulaye Dia déclare que les consommateurs ainsi que la Senelec doivent faire des efforts. «Puisque, notre pays a la chance d’avoir découvert d’importants gisements de gaz et de pétrole dont l’exploitation est attendue avant la fin de cette période. Nous pensons que toutes les parties doivent faire les efforts nécessaires», a-t-il avoué.
Pour la Senelec, M. Sarr estime qu’elle doit encore faire des efforts afin d’engranger des gains, réduire le coût de production de l’électricité et dénicher toutes les mauvaises performances pour les reverser aux consommateurs. Tandis que, les consommateurs doivent payer leurs factures et ne pas voler l’électricité. «Il faudra que chacune des parties fasse des efforts. D’abord, le consommateur qui bénéficie d’un service de qualité, doive payer ses factures. C’est la raison pour laquelle, nous avons mis en œuvre d’importants programmes pour lutter contre le gaspillage aussi bien au niveau de l’administration mais aussi de lutter contre le vol de l’électricité. De l’autre côté, l’Etat trouve toujours des mécanismes qui permettent au secteur de continuer de fonctionner en même temps qu’il met sur la Senelec de nouvelles responsabilités en termes de qualité », a-t-il confié.
Adama COULIBALY