Sauf prorogation de dernière minute, les prévenus Mamadou Woury Diallo (en liberté) et Bara Sow (en détention) seront fixés sur leur sort le 22 juillet. Le procès en appel s’est tenu hier, devant la Cour d’appel de Thiès, sans la présence du sieur Diallo bénéficiaire d’une grâce présidentielle avant que la procédure n’arrive à terme.
Le procès sur les faux médicaments saisis à Touba Belel suit son cours. Evoquée hier, à la Cour d’appel de Thiès, l’affaire a été jugée en l’absence de Mamadou Woury Diallo, le jeune guinéen condamné à 5 ans ferme et par la suite élargi en prison par une grâce du président Macky Sall. Joint par WalfQuotidien à la sortie de l’audience, Me Abdoulaye Babou, avocat du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal est revenu sur les minutes du procès. «Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’audience d’aujourd’hui (hier, Ndlr), a commencé avec l’affaire de Mamadou Woury Diallo, avec le fameux décret du président de la République. Nous avons, dès le début, soulevé une exception d’illégalité en demandant au tribunal de mettre à l’écart ce décret du président, Macky Sall. Parce que ce dernier, lui-même a reconnu qu’il s’était trompé. Puisque donc l’acte est illégal, nous avons demandé que le décret soit classé de côté», renseigne d’emblée Me Babou.
Selon la robe noire, ils se sont ensuite penchés sur le fond du dossier pour rappeler ce qui s’est passé à Touba Belel. C’est-à-dire la saisine des deux camions contenant 1 milliard 350 millions de F Cfa de faux médicaments. Où rappelle-t-il, deux personnes avaient été arrêtées, à savoir Bara Sylla et Mamadou Woury Diallo. Le premier nommé condamné à 7 ans et le second à 5 ans.
Mamadou Woury Diallo toujours absent à l’audience
Sous ce rapport, le conseil des pharmaciens estime que les prévenus ont formé une association de malfaiteurs. Parce que ce n’est pas facile, dit-il, de mobiliser une telle manne financière, notamment 1 milliard 350 millions de F Cfa. Pour aller en Guinée Conakry, explique-t-il, acheter des faux médicaments et venir les déverser à Touba Belel. Une occasion qu’ils ont également saisie pour dénoncer une organisation mafieuse. Car, aujourd’hui, personne ne peut estimer le nombre de populations que ces faux médicaments tuent chaque jour à Touba et ailleurs au Sénégal. Non sans fustiger aussi les gros bonnets qui se cachent derrière ces deux convoyeurs. «Il y a plus de 400 dépôts de faux médicaments à Touba. Ils sont vendus au su et au vu de toutes les autorités. Pourtant elles savent bien que c’est des poisons. Nous avons estimé que malheureusement dans ce dossier, il y a que ces deux mis en cause qui ont été arrêtés. Mais, il y a des gens tapis dans l’ombre derrière. Nous avons dénoncé l’incapacité de l’Etat du Sénégal, à éradiquer ce commerce honteux qui tue nos populations. D’ailleurs notre pays a battu un triste record avec 1 milliard 350 millions de faux médicaments saisis. C’est du jamais vu», martèle Me Babou.
Pour ce dernier, il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités à Touba et ailleurs. Et que ces contrées soient dotées de forces de sécurité suffisantes pour que la lutte puisse être efficace. Toutefois, Me Babou dit garder espoir les prévenus seront condamnés comme le veut la loi. Car, ce qu’on leur reproche mériterait même la peine de perpétuité, parce qu’ils sont en train de tuer des Sénégalais qui n’ont pas les moyens, avec ces faux médicaments.
Lors de l’audience, l’avocat général a demandé également la réduction de la peine de Bara Sow, à 4 ans. Mais la partie civile estime que si le parquet général qui représente de l’Etat avait fait un tour dans les hôpitaux pour voir l’impact des faux médicaments dans les populations, il n’allait pas faire une telle réquisition. D’ailleurs à son avis, cette réquisition n’est pas conforme aux intérêts des populations. «Nous avons confiance à la Cour et au président de cette juridiction, Souleymane Teliko, en attendant le 22 juillet 2019 pour le délibéré. Aujourd’hui, la Cour ne peut pas juger moins que le Tribunal de Diourbel à cause de la gravité de ce trafic et des méfaits des faux médicaments», espère-t-il.
Samba BARRY