Mois de privation de nourriture, de boissons et de certaines habitudes, du lever jusqu’au coucher du soleil, le Ramadan est davantage un supplice pour les accro de la cigarette et du café noir. Ainsi s’abstenir jusqu’après la rupture du jeûne pour griller un mégot ou prendre sa dose de café devient un calvaire pour ces addict’.
S’il y a une catégorie de personnes qui vivent difficilement le Ramadan, ce sont bien les fumeurs et les adeptes de café noir. Avec le mois sacré, ces derniers sont contraints de ronger leur frein jusqu’après la rupture pour griller un mégot ou prendre une dose de café noir. Une véritable épreuve pour ces indécrottables. Trouvé assis sur une chaise dans un garage mécanique à la Patte d’Oie, en face d’une station d’essence, Abdou Mané est dans le lot. Pour lui, rester toute la journée sans fumer n’est pas chose aisée. «Je peux travailler toute la journée sans sentir la faim et la soif. Cela ne me fait rien du tout. Mais si je me réveille le matin et que je ne fume pas une cigarette, je ne sens pas mon corps. C’est comme si je suis malade. C’est pour cela que, avec le Ramadan, c’est même difficile pour moi de venir au boulot. J’ai du mal à travailler correctement, mes yeux sont rouges, je sens qu’il y a quelque chose qui me manque», raconte Abdou Mané.
A quelques mètres de là, Mbaye Dionne est debout devant un arrêt de bus. Habillé d’une chemise noire et d’un pantalon kaki, des lunettes fumées sur le visage, ce chauffeur dans une société de gardiennage de la place embouche la même trompette. Pour lui, ce n’est pas facile de se priver de la cigarette toute la journée, car, elle est devenue une dépendance, une drogue pour lui. De son avis, un vrai fumeur ressent forcément ce manque quand il jeûne. Il dit être stressé et nerveux toute la journée. «Tous mes collègues et ma famille ont fait le constat. Pendant le mois de Ramadan, ils se méfient de moi parce que je me fâche vite. Et cela est dû à l’effet du tabac. C’est très difficile pour moi de rester même une heure sans fumer, à plus forte raison tout une journée. Après la rupture, je peux fumer un paquet. C’est devenu une addiction pour moi. Je peux me passer de l’eau et de la nourriture mais, pour la cigarette, cela m’est insupportable», indique-t-il.
Une dépendance qui n’épargne pas les accros de café noir. Ces derniers disent être à la peine pendant ce mois de Ramadan. Pour Papis Sarr, employé dans une banque, l’envie de prendre sa dose de café ne cesse de le dominer au bureau. Pour bien travailler, il prend toujours, le matin, à midi et avant la descente, une bonne dose de café qui lui permet de tenir. Si Papis Sarr ne se limite qu’au café, son collègue lui est double addict’. Fumeur et consommateur de café noir, Chérif Diop peine à jeûner correctement à cause de ces produits excitants. Jeune, taille élancée, bien sapé, Alassane Diouf avoue que, pendant le mois le Ramadan, il ne jeûne que quelques jours. «La cigarette et le café sont incontournables pour moi. J’avoue que je ne peux m’en passer, même pour 30 minutes. Malgré le Ramadan, je n’arrive pas à me libérer de mes vielles habitudes. Je jeûne rarement. Je me cache pour prendre ma tasse de café et ma cigarette. Je suis même allé jusqu’à consulter un médecin qui m’a donné des produits pour réduire l’envie et quelques astuces, mais franchement j’avoue que n’y arrive pas. J’ai commencé à fumer il y a de cela 15 ans. Je suis accro à la cigarette et au café», explique-t-il.
Samba BARRY