Malgré des locaux spacieux, les agents de l’Etat qui ont rejoint leur lieu de travail dans la nouvelle ville de Diamniadio ne sont pas à la fête. La cherté du transport et la restauration sapent fortement le moral de ces fonctionnaires.
Les fonctionnaires qui ont rejoint les sphères ministérielles de Diamniadio ne sont pas à la fête. En effet, malgré des locaux spacieux et un milieu propice à la production, les agents de l’Etat qui travaillent dans la nouvelle ville n’ont pas le coeur à l’ouvrage. Et pour cause, les mesures d’accompagnement promises par les autorités étatiques ne sont pas encore effectives. Et pour s’y rendre, ils doivent débourser chaque jour la somme de 1000 francs, soit 500 francs pour l’aller et 500 francs pour le retour. «Ce qui revient à la bagatelle de 22 mille francs par mois», critique un fonctionnaire du ministère de l’Education nationale qui a requis l’anonymat. «Il faut se lever très tôt pour ne pas rater le bus. Mais, auparavant, si vous n’habitait pas près du terminus ou sur le trajet du bus, il faut quitter chez soi, prendre un taxi ou un clando pour rejoindre le terminus des bus Dakar Dem Dikk qui assurent la navette entre Dakar et la nouvelle ville», se plaint encore notre interlocuteur qu’on va appeler Abdourahmane.
Toutefois, ce fonctionnaire de l’Education nationale précise que leur galère n’est pas partagée par tous les agents de l’Etat. En effet, ses collègues du département de l’Enseignement supérieur se sont organisés et ont cherché un bus qui assure la navette Dakar-Diamniado. Aussi, de nombreux travailleurs s’agrippent aux basques de leurs collègues de l’Enseignement supérieur pour avoir une place dans leur bus et faire ainsi quelques économies. «En résumé, c’est le calvaire au quotidien», déplore Abdourahmane.
Mais ce n’est pas seulement le transport qui hante le sommeil de nombreux fonctionnaires qui officient à Diamniadio. La restauration constitue également un véritable casse-tête dans la ville nouvelle qui ne dispose que d’un seul restaurant, avec des tarifs qui ne sont pas à la portée de l’écrasante majorité des fonctionnaires. Notre interlocuteur affirme que le plat le moins cher est vendu à 2 000 francs, soit près de 44 mille francs par mois. «Faites le calcul: 44 mille pour la nourriture et 22 mille francs pour le transport, c’est 66 mille par mois. C’est excessif pour un salaire de fonctionnaire», poursuit notre source. «Et si vous avez une voiture particulière, c’est le comble. Car en plus de la nourriture, l’automobiliste doit également débourser plus de 45 mille francs par mois rien que pour le péage. Faites le calcul et vous saurez que les travailleurs sont à la peine à Diamniadio. La cherté du transport et de la restauration sapent le moral des fonctionnaires », dit-il encore. En outre, en raison de l’isolement, la nouvelle ville a des allures d’une prison à ciel ouvert. «Tu n’as nulle part où aller. Une fois à Diamniadio, tu ne peux plus sortir et tu n’as pas où aller», poursuit ce fonctionnaire, ajoutant que ce sont pour toutes ces raisons que beaucoup de fonctionnaires traînent les pieds pour rejoindre leur poste. Le chef de l’Etat, Macky Sall, a inauguré le 16 janvier dernier la deuxième sphère ministérielle.
Ce même jour, le gouvernement avait tenu la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres dans ces nouveaux bâtiments gouvernementaux. La première sphère a été inaugurée en mai 2018. Ces sphères doivent accueillir une douzaine de ministères et près de 3 000 fonctionnaires. En plus de décongestionner la ville de Dakar, ces sphères visent également à diminuer la charge locative de l’Etat.
Charles Gaïky DIENE