Le mouvement des « gilets jaunes » qui faiblit en France semble avoir donné des ailes au ministre français qui multiplie les déplacements. L’étau de la contestation à peine desserré en Hexagone, le premier flic de France importe la peur au Sénégal et assure publiquement que le terrorisme y est bien présent. Entre prêcher la peur et décourager les investisseurs, Christophe castagne au Sénégal.
« (…) Même si le terrorisme n’est pas menaçant ici au Sénégal, il est présent. Et il est particulièrement présent au niveau régional ». C’est l’alerte que le ministre de l’Intérieur français, en visite au Sénégal depuis lundi dernier, a jugé utile de lancer. «Il nous faut être vigilants en mobilisant acteurs et partenaires. C’est ce que la France souhaite faire aux côtés du Sénégal, et c’est ce que le Sénégal fait aussi aux côtés de la France», ajoute le premier flic de France. Ainsi, loin de son Hexagone où le mouvement des « gilets jaunes » a quelque peu faibli, Christophe Castaner jette le trouble et exacerbe la peur au Sénégal où les larmes pleurant Bineta Camara et Coumba Yade peinent à sécher.
En effet, le ministre de l’Intérieur français a choisi de partager ses informations sensibles avec tous les Sénégalais dans un contexte bien particulier. Avec la recrudescence de la violence, ponctuée par de nombreuses morts, Christophe Castaner alimente la psychose. Les accidents et les tueries ne suffisent pas. A ces catastrophes, Castaner ajoute le syndrome du terrorisme. Et, loin d’en faire cas entre quatre murs, avec les services compétents, c’est aux journalistes qu’il en parle. « J’ai eu avec les ambassadeurs européens, la présentation de l’engagement de la lutte contre le terrorisme et la grande criminalité. Et nous avons pris la décision de soutenir l’évolution de ce programme, qui s’appuie sur le savoir-faire de la gendarmerie sénégalaise et sur le volontarisme », explique-t-il.
Et, il ne faut guère compter sur Aly Ngouille Ndiaye, qui écoutait religieusement son homologue, pour atténuer cette déclaration du ministre français en total déphasage avec l’actualité funeste au Sénégal. D’autant que ce n’est pas la première fois que la France ou encore les Etats-Unis, tire la sonnette d’alarme sans que quelque chose ne se passe. Manuel Valls, alors Premier ministre français, en visite au Sénégal du 22 au 23 septembre 2016, avait fait la même déclaration, ameutant la République et ses services de sécurité. En février 2013, l’Ambassade des Etats-Unis au Sénégal a presque fait évacuer le centre-ville de Dakar considérée comme « zone à risque ». Les Américains avaient même demandé à leurs ressortissants d’éviter les déplacements non nécessaires. Ainsi, comme un enfant qu’on apeurerait pour mieux le garder sous sa protection, le Sénégal est placé sur la ligne de mire des terroristes qui, jusque-là, n’existent que dans les projections des Occidentaux.
Pourtant, en matière de sécurité, Aly Ngouille Ndiaye peut bien se targuer d’un bilan plus reluisant que Christophe Castaner que beaucoup de Français cherchent à faire quitter la place Beauvau que les « gilets jaunes » n’arrêtent d’assiéger.
Mame Birame WATHIE