Mamadou Touré, infirmier Chef de poste et Gnima Fadiaba, soeur de Sonia Fadiaba, élève ayant subi l’avortement, risquent un an de prison ferme. Quant à la matrone Aïssatou Diédhiou, le procureur estime que sa culpabilité n’est pas prouvée. Il a demandé sa libération. Le Tribunal de grande instance de Kolda va délibérer le 08 mai prochain.
La réquisition du procureur de la République est tombée aux environs de 13 heures, hier, au Tribunal de grande instance de Kolda. Le ministère public a requis un an de prison ferme à l’encontre de l’infirmier Chef de poste et de Gnima Fadiaba pour le délit d’«association de malfaiteurs», d’«avortement provoqué et d’administration» de «substances nuisibles à la santé». Le magistrat considère que l’infirmier s’est concerté avec Gnima Fadiaba pour faire avorter Sonia Fadiaba, né en août 2002, élève en classe de 4e. «C’est pour cela qu’il a omis d’enregistrer Sonia Fadiaba dans le registre du poste de santé et encaissé ses 2500 francs Cfa pour services rendus. S’il avait enregistré Sonia, il savait qu’il allait le justifier et mentionner le médicament administré. Mamadou Touré a provoqué l’avortement. Il a reconnu avoir administré des substances ayant provoqué l’avortement», a souligné le procureur.
A la barre, les débats ont montré que l’infirmier était au courant de la grossesse de la fille. Quand Sonia est arrivée au poste de santé, Mamadou Touré a affirmé lui avoir dit de prendre, en premier lieu, le spasmon, et trois jours plus tard, un second médicament qui a provoqué l’accouchement du mort-né. Dans le procès-verbal détenu par le juge, il est établi que les faits se sont déroulés le 11 janvier 2019 au poste de santé de Bamoudou, à la commune de Djirédji dans la région de Sédhiou.
C’est quand l’affaire d’avortement a été ébruitée que la gendarmerie est allée mettre la main sur l’infirmier Chef de poste, la matronne Aïssatou Diédhiou et Gnima Fadiaba, la soeur de Sonia. Face aux enquêteurs, l’infirmier qui capitalise douze ans de service et étant à deux ans de la retraite, affirme avoir subi la pression dans ses déclarations qu’il a rejetées face au juge. Il avait estimé, lors de l’enquête préliminaire, qu’il avait ordonné à Sonia d’aller voir la matrone. Et qu’il avait encaissé 2500 francs Cfa des mains de l’élève pour lui avoir procuré des soins conduisant à l’avortement.
Quant à la matrone, Aïssatou Diédhiou, elle a nié les faits. A la barre, la jeune dame a expliqué qu’elle ne savait pas que Sonia était enceinte. Et qu’elle était préoccupée par les soins d’une autre femme qui avait mis au monde un nouveau-né. «C’est quand je suis revenue auprès de Sonia, que j’ai trouvé qu’elle avait accouché un mort-né. J’ai coupé le cordon ombilical comme on le fait d’usage», a-t-elle dit, précisant qu’elle n’a rien encaissé. Ainsi, dans son réquisitoire, le procureur de la République a estimé que la culpabilité d’Aïssatou Diédhiou n’est pas avérée. Il a demandé au juge de la relaxer. Interrogée en tant que témoin, Sonia a rejeté le fait que l’infirmier Chef de poste lui ait administré des produits ayant provoqué l’avortement. L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au La cour a décidé de délibéré jusqu’au 08 mai prochain.
Baba MBALLO