Mohamed Toure et son épouse Denise Cros-Touré condamnés par une cour fédérale américaine à sept années de prison pour avoir asservi une jeune fille durant 16 ans.
Le juge du tribunal fédéral de Fort Worth (Texas) n’a pas voulu s’aligner sur les recommandations des procureurs qui réclamaient 20 ans d’emprisonnement ferme lors de l’audience de janvier à l’encontre du fils de l’ancien président guinéen Sékou Touré – qui régna sur la Guinée de 1958 à 1984 -, et de son épouse Denise Cros-Touré.
Ils sont notamment accusés de trafic d’être humain, travail forcé, hébergement d’un étranger en situation illégale et, dans le cas de ce fils de l’ancien dictateur guinéen Sékou Touré, déclarations mensongères au FBI.
Djenna Diallo, la jeune présentée comme victime dans ce procès, a été envoyée en janvier 2000 par le couple Touré à son domicile de Southlake, une banlieue de Dallas. Selon certains témoignages, la jeune fille avait alors entre 5 et 13 ans, mais son véritable âge n’est toujours pas connu.
Une fois au domicile des Touré, elle aurait été forcée à s’occuper des cinq enfants de la famille, à faire la cuisine et à s’occuper du jardin. Elle n’aurait bénéficié d’aucun soin médical, ni de formation scolaire ; les vêtements qu’on lui achetait étaient de moindre qualité que ceux des enfants Touré.
>>> LIRE AUSSI : Nigeria, Bénin : près de 220 victimes de trafic d‘êtres humains secourues par Interpol
Biens saisis
En 2016, elle parvient à s‘échapper avec l’aide des voisins et raconte son histoire à la police. Pourtant, selon les procureurs, Mohamed Touré avait raconté au Federal Bureau of Investigation (FBI) que son couple avait entamé les démarches pour l’adoption de la jeune fille. Seize durant, ni les démarches, encore moins l’adoption n’ont été prouvées.
Selon la défense, cependant, cette histoire est une affaire montée de toute pièce par la présumée victime afin d’avoir le droit de rester aux Etats-Unis alors qu’elle devait être renvoyée en Guinée. Images à l’appui, la défense a expliqué que la jeune femme a été traitée comme l‘étaient les cinq enfants.
Présente au procès, Djenna Diallo a toutefois assuré qu’elle aurait voulu s’enfuir bien plus tôt. Mais elle n’avait “pas de famille où aller”.
“Les affaires de trafic et de travail forcé sont notoirement difficiles à poursuivre – en partie parce que les victimes ont souvent peur de parler”, a déclaré la procureure Erin Nealy Cox. “Il a fallu beaucoup de courage à cette jeune femme pour raconter son histoire lors du procès”, a-t-elle ajouté.
Outre les sept années de prison ferme, les Touré vivront trois ans sous résidence surveillée. Leur maison d’une valeur de 500 000 dollars ainsi que leurs comptes en banque ont par ailleurs été saisis et ils devront verser 280 000 dollars de dédommagements à la victime.
Africanews