La 78ème édition du Daaka a pris fin hier. Beaucoup de fidèles ont assisté au dernier jour marquant les recommandations et la formulation de prières. Après, c’est la course contre la montre pour sortir du site.
(Envoyé spécial) – «Roulez au ralenti!» «Roulez au ralenti!» «Faites doucement», ne cesse de recommander le porte-parole du khalife à la fin des prières marquant, hier, la 78ème édition du Daaka de Médina Gounass. C’est le brouhaha. Un nuage de poussière enveloppe les fidèles. Ici, on prend les derniers selfies. Juchés sur la cabine d’un véhicule 4X4, deux jeunes sont debout. Ils se photographient avec en arrière-plan, les nombreuses personnes bougeant dans tous les sens. «Que Dieu fasse qu’on revienne sur ce lieu l’année prochaine. J’espère que vous n’êtes pas fâché», crie un jeune, à l’endroit d’inconnus filant droit vers la file de voitures. «Non», fait signe du doigt un pèlerin.
Vêtu d’une chemise Lacoste vert, couleur des tenues du «Dental Daaka», le jeune est membre du comité d’organisation. Avec ses collègues, il a œuvré de jour comme de nuit pour un bon déroulement de cet événement religieux, l’un des plus grands de la Casamance. Certains ont le visage lourd à cause de la fatigue doublée d’un manque de sommeil. Là, un enfant se fait redresser. En fait, il est assis sur une natte attachée au porte-bagages de la moto. «Quand on venait, tu étais assis comme ça ?», lui demande le conducteur. «Non», répond l’enfant. «Donc, redresse-toi», lui intime l’adulte.
Au Daaka, surcharger n’est presque pas interdit. Dès le «Assamou alaïkoum» de Thierno, on court dans toutes les directions pour trouver un moyen de transport. «Kaaw (oncle en pulaar, Ndlr), peux-tu m’emmener sur ta moto jusqu’à Gounass?», demande un homme à un conducteur de moto jakarta. «Non, je suis venu avec un ami. C’est lui que j’attends», rétorque le propriétaire de l’engin. Il ira chercher ailleurs pour pouvoir rejoindre la ville sainte distante d’une dizaine de kilomètres du site du Daaka.
Voitures et motos sont les moyens de transport les plus utilisés durant la période de la retraite spirituelle. Il y a aussi le vélo, mais, également la charrette tirée souvent par un âne. Malgré la modernisation du Daaka, avec la construction de routes à l’intérieur même du site, les embouteillages ralentissent les déplacements. Un gendarme a beau siffler et être rigoureux dans son service, il y aura toujours une «tête brûlée» pour outrepasser ses ordres. C’est le cas de ce vieux qui s’est vu confisquer les clés de sa moto par un gendarme parce qu’il a transformé l’interdit en permis. Ici, un homme est pris au collet sous l’œil d’un gendarme. «Il a volé, peut-être», spéculent des passants. Les gens le dévisagent. Au cours de la route, entouré de personnes, un homme affalé au bord de la route se découvre. Il vient de subir un accident. Tant pis pour lui, personne ne s’en occupe.
En tout cas, au Daaka, il faut bien veiller sur ses poches, comme on aime souvent le rappeler au micro central. Certains fidèles se sont vu subtiliser leur portable, d’autres un portefeuille.
Malgré tout, la ferveur religieuse est bien présente. Chapelet à la main, d’autres tendent bien les oreilles pour écouter les recommandations de Thierno. Par exemple, comment faire le «wird» ? Des nouveau-nés sont même baptisés sur place, le dernier jour du Daaka. Cette année, quelques familles ont donné un nom de leur fils au niveau du site. Des prières! Que des prières! Autre moment fort, c’est la collecte du «hadiya», cette somme versée sous forme de contribution pour d’autres événements religieux. Ce sont des bénévoles qui se faufilent entre les fidèles pour collecter soit des billets de banque, soit quelques pièces de monnaie. Chacun, en fonction de ce qu’il peut. Entre-temps, le début de la prochaine édition est annoncé. «Le marabout a dit que le prochain Daaka débutera le 15 mars», transmet Thierno Siradji Anne, porte-parole du khalife. Puis, retentit le fameux «assalamou aleykoum wa rahmatoullahi» de Thierno Amadou Tidiane Bâ. Lequel marque la fin officielle du Daaka 2019.
Baba MBALLO