Pour revenir de Conakry avec un bon résultat, le sélectionneur des U-23 du Sénégal, Joseph Koto, a fait plus confiance à des expatriés plutôt qu’aux joueurs locaux avec qui il avait le plus travaillé. Des errements qui ont fait perdre au Sénégal le match aller du second tour des éliminatoires de la Can des moins de 23 ans.
«On a perdu à Conakry, mais c’est pas un mauvais score. A Dakar, ce sera un autre match. On pouvait quitter Conakry avec un match nul mais on n’a pas su profiter des erreurs de l’adversaire. La Guinée a une bonne équipe. Mais ce soir, j’avais des joueurs qui sont arrivés fatigués à cause des matchs en clubs. Ils sont arrivés à la veille du match. Mais on est satisfait du score». C’est l’analyse faite, avant-hier, mercredi, en conférence de presse par le sélectionneur du Sénégal, Joseph Koto. Comme après chaque revers, on cherche des justificatifs, le patron du banc de touche des «Lions» se refuge sur la fatigue de voyage de ses expatriés.
Mais dans cet exercice, le technicien s’est plus enfoncé. Il s’est même tiré une balle dans le pied, après cette manche aller du deuxième tour des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (Can) U-23, jouée mercredi, au Stade du 28 septembre de Conakry. En effet, une préoccupe découle de source de cette analyse de Joseph Koto. Comment on peut prendre le risque d’aligner d’entrée des joueurs fatigués ? Un technicien, c’est d’abord savoir prendre les meilleures décisions par rapport à l’état de forme du groupe. Untel argument de l’ancien international semble un peu trop léger pour expliquer ses manquements. Le débat est alors ailleurs.
Sur cette défaite (2-1) concédée au Stade du 28 septembre, l’un des grands péchés de Joseph Koto est le manque de confiance à son groupe de départ. L’ancien joueur de la Jeanne d’Arc de Dakar a, en effet, préféré s’appuyer sur ses expatriés que de faire confiance à des joueurs locaux avec lesquels il a travaillé depuis plus de trois mois. Attendus pour tirer l’équipe vers le haut, «ses» expatriés alignés d’entrée ont tous été les flops de cette rencontre, à l’exception d’Ibrahima Ndiaye. Complémentaires, lors de la Can U-20, en 2017, en Zambie, Aliou Badji (Rapid de Vienne/Autriche), Ibrahima Niane (Fc Metz /France) ont été fantomatiques à Conakry.
Le complexe des expatriés ?
Le premier, ancien attaquant du Casa Sports, n’a pas pesé dans l’axe. Il a perdu quasiment tous ses duels et a manqué de présence. Il n’a pas pu faire oublier son concurrent Youssouph Mamadou Badji, laissé sur le banc. Le second n’a pu trouver ses repères sur les côtés. L’ex-sociétaire de Génération Foot a souvent été meilleur en pointe. Joseph Koto avait pourtant des joueurs de couloirs très percutants. Mor Talla Nguer de l’Us Gorée a notamment une facilité de percussion qui peut faire dérouter toute une défense. Koto en a décidé autrement.
Dans l’entrejeu, Assane Dioussé (Chievo Vérone/Italie), Ousseynou Ndiaye (Lyon/France) n’ont pas été à la hauteur. Ils ont été battus littéralement par leurs adversaires. Le sociétaire de Lyon a perdu beaucoup de ballons, avec des contrôles très approximatifs. Leur sortie, en seconde période, a permis aux Sénégalais de retrouver un peu d’équilibre dans l’entrejeu.
Dans cette course pour «Égypte 2019», les joueurs locaux ont semblé avoir plus faim que ces expatriés. Même s’il n’a pas été dans un grand jour, Faly Ndaw a fait mieux que Ousseynou Ndiaye. Ousseynou Niang a également montré qu’il méritait mieux que d’être remplaçant, même s’il a raté une grosse occasion, qui aurait permis au Sénégal de rentrer avec le point du nul. Cette meilleure fin de match est probablement due à la reconstitution du groupe de départ avec lequel a travaillé pendant longtemps le technicien sénégalais. Avec eux, la mayonnaise semblait mieux prendre. Ils ont fait plusieurs stages de préparation ensemble, sans compter la double confrontation contre le Maroc en amical. Malheureusement, Koto a eu le complexe des expatriés qui n’ont pu justifier leur venue.
Ils ont peut-être une seconde chance pour faire mentir tous ceux qui ne croient pas en eux, dimanche, si Koto leur fait, à nouveau, confiance. En tout cas, le Sénégal doit renverser la Guinée pour franchir ce tour. Le duel est prévu au stade Lat Dior de Thiès. Composée essentiellement de joueurs locaux, la défense s’est beaucoup mieux comportée. Peut-être, c’est parce qu’elle n’a pas été chamboulée…
Adama COLY