Dans la capitale du rail, le transport hippomobile marche à merveille. Les jeunes qui s’activent dans ce domaine parviennent, en effet, à tirer leur épingle du jeu. Toutefois, leur présence dans cet endroit dérange les commerçants établis au marché Moussanté de Thiès. A cette «jalousie» viennent s’ajouter les tracasseries policières dont ils sont victimes.
(Correspondance) – Il est 18 heures au marché Moussanté de Thiès. A cette heure de la journée où le soleil décline, l’endroit grouille de monde. Difficile de se frayer un chemin dans cette ruelle disputée par commerçants, acheteurs et cochers avec leurs calèches qui rendent la circulation difficile. Mais, pour ces cochers, il n’y a pas plus légitime que le travail qu’ils font en ces lieux. Dans la capitale du rail, les options qui s’offrent aux populations dans le cadre de leur déplacement sont énormes. En plus des bus de transport en commun, les taxis et les motos Jakarta, les calèches sont très prisées par ces populations. Au grand bonheur de ces cochers qui tirent tant bien que mal leur épingle du jeu. Confortablement installé sur sa calèche, Ibrahima Cissé est en attente de client. Il est âgé de 40 ans. Il a fait dix ans dans ce segment du transport. Avec ce travail, il assure la dépense quotidienne. «Entre les populations de Thiès et les calèches, c’est une longue histoire. Je peux dire que la présence des calèches a précédé la création de ce marché. Moi qui vous parle, j’ai fait 10 ans dans ce travail qui me permet d’assurer la dépense quotidienne. A l’approche de la fin du mois, notre activité marche à merveille», déclare Ibrahima Cissé.
Dans la capitale du rail, les calèches sont très prisées par les populations qui les préfèrent aux autres moyens de transport pour diverses raisons. Assy Ndiaye est une dame de teint clair. Elle est habillée d’un grand boubou aux multiples couleurs. Pour ses déplacements dans la cité, elle choisit les calèches. «Cela fait des années que j’emprunte les calèches pour mes déplacements. La raison est toute simple. Les calèches sont plus sûres contrairement aux motos Jakarta qui causent d’énormes accidents. Surtout que mon mari m’interdit de les prendre», dit-elle.
«Haine gratuite»
Tout comme cette dame, elles sont nombreuses les personnes qui s’attachent les services de ces moyens de transport à la fois écolo et pas chers. Toutefois, la présence de ces cochers est vue d’un mauvais œil par les commerçants établis dans ce marché de Thiès. «Nous cohabitons difficilement avec ces commerçants. Ils ne veulent pas de notre présence ici. Chaque jour, ils nous le font savoir à travers leurs faits et gestes. Des fois, ils nous mettent en mal avec les policiers qui envoient nos calèches en fourrière pour nous faire payer beaucoup d’argent. Nous ne comprenons pas cette haine gratuite à notre égard. Nous sommes ici dans le cadre d’un travail qui nous permet de gagner dignement notre vie. Donc s’ils pensent que cet endroit leur appartient exclusivement, ils se trompent grandement car si ce marché tient debout, c’est grâce, en grande partie, aux cochers», martèle Ibrahima Cissé.
A cette situation qu’ils vivent difficilement, vient s’ajouter un autre problème qui hante leur sommeil : ce sont les tracasseries policières. «Nous en avons marre de ces tracasseries policières. Elles nous empêchent de réaliser quelque chose dans le travail que nous faisons. Chaque jour, les policiers nous intimident dans la circulation et à cet endroit où nous attendons les clients. Ce n’est pas normal, il faut que cela cesse. Nous ne pouvons pas travailler pour que les autres en bénéficient», lance-t-il sèchement.
En plus de toutes ces difficultés, les cochers de la capitale du rail dénoncent également la cherté du prix de l’aliment de bétail qui, selon eux, engloutit l’essentiel de leurs gains. Aussi sollicitent-ils, de la part des autorités, une subvention de cet aliment essentiel à la survie de leur activité.
Ousmane DEME