Les établissements pénitentiaires du Sénégal sont confrontés à d’énormes problèmes. Des difficultés qui ont pour noms : promiscuité, longues détentions… L’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred) pointe un doigt accusateur au déficit de moyen du ministère de la Justice. «Tous les problèmes constatés dans les prisons sénégalaises sont dus au manque de moyens du ministère de la Justice qui est le parent pauvre de l’Etat dans son budget, parce que n’étant pas doté de moyens suffisants pour mener à bien les missions qui lui sont assignées», explique l’Asred, qui trouve que «le budget 2019 du ministère de la Justice ne s’élève qu’à 41 191 255 944 FCFA n’a connu qu’une hausse de 1 774 626 464 FCFA par rapport à celui de 2018».
L’Asred tient aussi à rappeler au chef de l’Etat, gardien de la Constitution et des libertés, chef suprême des Armées et président de tous les Sénégalais que les détenus sont des citoyens et, en aucun cas, ils ne doivent être les grands oublis du Pse. Par cette occasion, son président, Ibrahima Sall, lance un appel solennel à au président de la République, à ne pas omettre les malheureux individus qui sont toujours dans les liens de la détention, depuis plusieurs années, lorsqu’il envisage d’amnistier les faits impliquant les détenus Khalifa Ababacar Sall et Karim Meissa Wade.
L’Asred demande également au président nouvellement élu d’accorder une seconde chance aux détenus purgeant de longues peines bénéficiant d’une bonne conduite en milieu carcéral et qui n’ont jamais fait obstruction aux règles de détention fixées par la Direction de l’Administration pénitentiaire (Dap), d’accorder également une grâce partielle à la moitié des femmes déjà jugées afin de faciliter leur réinsertion dans la vie active. Mais aussi d’ériger la Direction de l’Administration pénitentiaire (Dap) en une Direction générale de l’Administration pénitentiaire du Sénégal (Dgaps). Et de revoir également le statut du personnel au même titre que les autres corps paramilitaires. D’appuyer la Dap et de construire de nouvelles prisons afin de régler la problématique de la surpopulation carcérale. Aussi et surtout de prévoir dans la Der (Délégation à l’entreprenariat rapide) un quota pour les détenus qui sont en phase d’être libérés afin de faciliter leur réinsertion sociale. Sur ce, le gouvernement confiera l’argent à la Dap qui se chargera de les remettre ce financement avec des mesures d’accompagnement, de limiter la durée de la détention provisoire en matière criminelle comme en France où celle-ci n’excède pas 4 ans..
Au chapitre toujours de ses sollicitations, l’Asred demande de privilégier la médiation pénale en matière d’infraction financière (détournement de derniers publics, enrichissement illicite, escroquerie, abus de confiance, extorsion de fonds, prise illégale d’intérêt….), d’augmenter le nombre de juges d’instruction surtout à Dakar où le volume du contentieux est plus élevé. Mais aussi et surtout de diligenter et de donner la suite attendue aux réformes judiciaires pilotées par l’Union des magistrats sénégalais (Ums) et de construire une maison d’accueil, de suivi et d’orientation où l’Etat du Sénégal se chargera de négocier avec les entreprises pour faciliter, sous forme de quotas, leur réinsertion sociale à travers la Responsabilité sociétale des entreprises (Rse).
Magib GAYE