Le peuple algérien a eu raison sur lui. Abdelaziz Bouteflika qui prétendait briguer un cinquième mandat de suite a été contrait de retirer sa candidature à l’élection présidentielle prévue le 18 avril. Les manifestations massives dans tout le pays depuis la déclaration de sa candidature ont précipité sa descente aux affaires
Le président actuel, sur fauteuil roulant depuis 2013 après un Avc, Abdel Aziz Bouteflika, a renoncé à sa candidature pour briguer un 5e mandat. L’annonce a été divulguée hier par l’agence officielle algérienne, Aps, qui a publié un texte signé du président sortant. «Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République», déclare Abdelaziz Bouteflika dans ce texte.
Le sixième président élu de l’Algérie indépendante, a, par ricochet, reporté la date du scrutin initialement prévu le 18 avril prochain. «Il n’y aura pas d’élection présidentielle le 18 avril prochain. La prochaine présidentielle aura lieu dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante (…) équitablement représentative de la société algérienne comme des sensibilités qui la parcourent qui «devra s’efforcer de compléter son mandat avant la fin de l’année 2019», ajoute Abdelaziz Bouteflika. Qui indique qu’il va aller au bout de son mandat. C’est-à-dire gouverner le pays jusqu’au 28 avril prochain.
En France, cette annonce a été saluée par la classe politique. «La France prend acte du renoncement du président Bouteflika» de se présenter à un cinquième mandat à la tête de l’Algérie, a déclaré le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal au Figaro. «Je ne crois pas avoir beaucoup d’autres commentaires à faire. Les Algériens tiennent à ce qu’on respecte leur indépendance, leur souveraineté, ils ne veulent pas qu’on fasse de l’ingérence», a-t-il poursuivi. Le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a tweeté: «Par sa mobilisation massive, le peuple algérien obtient la satisfaction de sa principale revendication: Abdelaziz Bouteflika renonce à se présenter à la présidentielle. Chapeau le peuple algérien! En France on devrait y réfléchir».
Ce qu’il faut retenir avec cette décision, l’actuel président en poste depuis 1999, a cédé à la suite de la pression populaire. Depuis qu’il annoncé sa candidature pour briguer un cinquième mandat de suite, c’est à une spirale de manifestations qu’on assiste à travers les artères de l’Algérie. A chaque, qu’une manifestation est appelée, les populations répondent en masse et marchent pacifiquement. Même une partie de la justice n’a pas adhéré à son idée de présenter encore pour cette joute électorale. Car, 1 000 magistrats du pays avaient indiqué qu’ils ne vont siéger s’il s’obstine à présenter sa candidature.
Arrivé au pouvoir en 1999, après une décennie de guerre civile ayant entrainé la mort de plus de 200 mille personnes, Abdelaziz Bouteflika, a pu réconcilier le pays en faisant le référendum appelé «concorde civile». Il prévoit une amnistie partielle des militants islamistes n’ayant pas de sang sur les mains, à condition qu’ils renoncent à la lutte armée.
Mamadou GACKO