Pendant trois semaines les cinq candidats qui ont sillonnaient pratiquement tout le pays pour essayer de convaincre les populations sur leur programme, ont usé des langues nationales dans leur discours et dans leurs supports de communication.
Mais la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) qui a mis en place «Conseil Citoyen de Régulation de l’Expression publique en Langues nationales ou Labo Alpha», a noté des manquements de ces prétendants au fauteuil présidentiel. Dans une déclaration, Cheikh Mbow et Cie qui ont analysé les supports communicationnels de ces candidats soulignent, qu’à part le candidat du PUR, les autres ont fauté dans l’utilisation des langues nationales pour véhiculer leur message. «De futurs dirigeants transgressent sans gêne les règles édictées par la République», soutiennent-ils, d’emblée. En fait, ils constatent dans cet «usage massif des langues nationales lors des consultations électorales, une mauvaise transcription des langues nationales, une pratique commune aux acteurs». Ils ont noté aussi le «contraste entre la rigueur dans l’emploi du français et le laxisme dans l’utilisation des langues nationales». «L’analyse des documents disponibles révèle que les coalitions Madické 2019, Sonko Président et Benno bokk yaakaar ont fait usage de la langue Wolof pour nommer leur programme ou leur coalition de même que le mouvement de soutien Idy 2019 pour les affiches. Par contre l’on n’a pas observé l’utilisation des langues nationales dans les affiches du côté du PUR», constate la Cosydep.
Cependant, la structure que dirige Cheikh Mbow affirme que des défis importants persistent sur la voie de la valorisation des langues nationales. Elle souligne que l’un de ces défis reste incontestablement la participation encore très timide des citoyens, assortie du faible niveau de considération accordé aux langues nationales par certaines élites. Pourtant, constate-t-elle, lors des consultations électorales, les partis politiques manifestent un intérêt particulier aux langues nationales dont ils font un usage massif dans les discours, les slogans, comme dans les noms de coalitions et de programmes. Il faut cependant déplorer que cet engouement pour les langues nationales observé chez les acteurs ne s’explique généralement que pour un objectif uniquement propagandiste. En effet, plusieurs noms de coalitions et de programme sont écrits sans aucun respect des règles de transcription fixées par le décret 2005- 992 relatif à l’orthographe et la séparation des mots en wolof. Cette pratique pollue l’environnement lettré et désoriente les populations néo alphabètes.
Face à ces manquements, «Labo Alpha» formule à l’endroit des acteurs politiques les des recommandations. Il leur demande, entre autres, d’accorder plus d’attention et de rigueur à la transcription et à la séparation des mots afin d’éviter des fautes et des confusions de nature à entraîner des conséquences préjudiciables à la qualité de l’environnement lettré des langues nationales ; de procéder autant que faire se peut à la correction des erreurs signalées ; d’avoir recours si possible aux services de spécialistes pour éviter de tels manquements ; de systématiser la traduction des programmes dans les langues nationales pour contribuer à l’enrichissement de l’environnement lettré et enfin de prendre l’engagement de veiller à la transcription correcte des toponymes et ethnonymes des Sénégalais dans les documents officiels et supports administratifs.
Le Conseil Citoyen «Labo Alpha» invite également le Conseil national de régulation de l’Audiovisuel (Cnra) à veiller, au niveau des organes relevant de ses domaines de compétences, à un strict respect des dispositions légales portant règles d’orthographe et de séparation des mots pour les langues nationales codifiées.
Mamadou GACKO