Le gouvernement a reculé face aux menaces des 22 notaires non encore titularisés dans leur fonction. Le projet de décret portant création de sept nouvelles charges, alors que 22 notaires attendent leur titularisation, a été retiré de la table du Conseil des ministres.
Les notaires non encore titularisés dans leur fonction semblent remporter leur première victoire contre l’Etat du Sénégal. Pour cause, l’examen du projet portant «création de sept nouvelles» qu’ils dénonçaient lundi dernier, n’a pas été présenté hier en Conseil des ministres, dernier du genre que le président de la République et son gouvernement vont tenir avant la présidentielle du dimanche 24 février. La jonction entre le contexte politique actuel et les menaces qui ont été brandies par les notaires contestataires de brûler leurs diplômes est passée par là. Ce, évitant toute contestation des populations en cette période de campagne électorale qui ne profiterait pas au président sortant, le gouvernement retire son projet sans dire pourquoi. Ainsi, le président Macky Sall cède non seulement aux menaces de ces 22 notaires sans charges issus du concours de 2013, mais prend également en considération le contexte. «Nous avons appris de sources provenant du ministère de la Justice que le projet de décret a été retiré de la table du Conseil des ministres. Le gouvernement a reculé sur ce point. Nous l’avions dénoncé avec toute notre énergie entraînant même notre arrestation au niveau du commissariat de police de Plateau. Nous avions été relâchés. Nous avions aussi décidé de brûler nos diplômes devant le palais de la République», explique Me Elhadji Mansour Diop, coordonnateur du collectif des jeunes notaires issus du concours de 2013 face à la presse.
«Nous disposons d’informations explosives»
Selon ce dernier, ce retrait du projet ne les amènera pas à déposer leurs armes. Ils resteront déterminés car, révèle-t-il, les autorités manœuvrent en cachette pour les extirper de la corporation. Il renseigne également que le blocage de la signature par le président de la République des 32 nouvelles charges de notaire émane d’un lobbying. «Nous avons des informations sûres et fiables de ces sources de blocage. Nous savons pourquoi il refuse de créer ces 32 nouvelles charges», soutient-il. Avant d’ajouter : «Nous ne cherchons pas seulement le retrait du projet, mais notre intégration dans la corporation. Nous cherchons l’autorisation d’exercer officiellement notre profession. Elle se fait par un décret qui n’entraine aucune charge à l’Etat».
Me Christophe François Diouf, pour sa part, informe qu’ils vont adresser des correspondances aux partenaires techniques et financiers, notamment la Banque mondiale, l’Onu et le Fmi. A l’en croire, si on les pousse à bout, ils finiront par révéler des informations dont ils disposent qui seraient à l’origine du blocage de la signature du décret portant création des 32 charges. «Nous disposons d’informations explosives. S’ils persistent nous les mettrons sur la place publique. Nous lui (président de la République, ndlr) donnons 48 heures de réflexion. Ce délai dépassé, nous passerons à l’acte. Ils veulent nous sacrifier. Nous ne nous laisserons pas faire», menace-t-il.
Salif KA