A BÂTONS ROMPUS
Dans un entretien exclusif accordé à Walf Tv et WalfQuotidien, le candidat Madické Niang a levé un coin du voile sur son projet de société qu’il propose aux Sénégalais. Ce candidat qui affirme pouvoir incarner la vision de son mentor Me Abdoulaye Wade et continuer son œuvre politique est sûr d’être le meilleur profil pour ce pays. Avec lui aucun Sénégalais qui aura participé de manière active et publique aux activités d’un parti, ne pourra être nommé ministre de la Justice. Tout comme le ministère de l’Intérieur qui ne sera plus confié à un militant d’un parti politique. Quant au Conseil constitutionnel, Madické Niang estime qu’il doit être dirigé par de véritables sages, des personnes dont l’honorabilité, le sérieux, ne sont nullement discutés.
WalfQuotidien : Beaucoup de Sénégalais ont été surpris par votre prouesse d’avoir réussi le parrainage au point que certains pensent que vous avez été parrainé par Macky Sall. Qu’en est-il ?
Madické NIANG : Au sujet de la raison de ma candidature, d’abord, c’est un examen de conscience auquel je me suis soumis. Je me suis dit «Madické tu n’as pas le droit de décevoir cet espoir que beaucoup de Sénégalais place en toi». Durant ces deux dernières années, j’ai été régulièrement interpellé par les Sénégalais, d’autres à l’occasion de rassemblements ou dans les foyers religieux. J’ai aussi été interpellé par des camarades de parti. Ceux-là étaient convaincus que j’étais dans la meilleure position pour convaincre Abdoulaye Wade d’accepter une candidature alternative. Je me suis lancé avec cette conviction que je pouvais le convaincre. Malheureusement, je reconnais avoir échoué. Mais, je ne désespère pas qu’il me rejoigne dans le combat. Parce que ce combat, je le mène d’abord pour mon parti, pour prendre en charge l’héritage du Sénégal, l’héritage du président Abdoulaye Wade. Mais aussi pour alléger les Sénégalais des nombreuses souffrances qui sont les leurs du fait du régime en place. Parlant de la campagne de parrainage, beaucoup de choses ont été dites. Comme je suis un homme toujours très proche de sa foi, je prends à témoin le Tout Puissant, ce parrainage je l’ai réalisé d’abord avec des camarades de parti, des responsables du Pds. Même s’ils sont restés dans les structures. Ils ont pu apporter leurs parts à l’édifice d’une candidature alternative que je veux réaliser. Là, ils m’ont donné de nombreux parrains. Deuxièmement, j’ai misé sur le capital sympathie que les populations nourrissent à mon endroit et là je ne me suis pas trompé. De nombreux Sénégalais sont venus de tous les horizons me rejoindre dans mon combat. C’est pour cela que j’ai pu avoir un parrainage très varié qui concerne les 14 régions du Sénégal. Je rappelle que dès le 1er examen j’ai pu valider pour 8 régions et j’avais pu déposer des parrainages pour les 14 régions et même par la 15ème région : la diaspora. Les Sénégalais ne doivent pas oublier que je suis le seul candidat à avoir réussi à être soutenu par 14 candidats qui ont renoncé à leurs candidatures. Ceux-là avaient déjà réalisés des parrainages. Qu’on n’oublie pas que dans ma base politique, j’ai réalisé 150 mille parrains. Que le Créateur m’entende, pour moi prendre un seul parrainage de l’Apr serait la voie de l’indignité et de la trahison. Je suis un homme attaché aux valeurs et je ne saurais rien transiger pour que mes valeurs puissent rester fortes à mon niveau. Une fois de plus que les gens aient le courage de reconnaître que Madické est dans le cœur des Sénégalais, de certains membres du Pds. Qu’ils comprennent que Madické a été apprécié de manière positive par tous ces candidats qui ont renoncé à leurs candidatures pour le rejoindre. C’est ça la réponse à servir à tous.
Donc votre coalition Madické2019 compte d’abord sur l’électorat du Pds vu que son candidat a été retenu
Absolument. Je compte sur l’électorat du Pds. La bataille, je l’ai déjà menée pour le Pds, pour le président Wade mais aussi pour pouvoir alléger les Sénégalais de toutes les souffrances qui sont les leurs. Le Pds devrait naturellement me soutenir parce que je suis toujours du Pds et aucune instance régulière ne m’en a exclu et des camarades du Pds continuent de m’apporter leur appui. Dans les jours à venir, vous verrez des adhésions nombreuses. Il y a de cela deux jours, j’ai reçu des pans entiers du Pds au niveau de la banlieue. Des adjoints au maire, des responsables départementaux m’ont tous ralliés parce qu’ils savent, de tous ceux qui sont en compétition, que je peux incarner la vision de Abdoulaye Wade et continuer son œuvre politique.
Me Wade se positionne en faiseur de roi parce que sa consigne de vote pourrait être très importante. Etes-vous en train de démarcher sa consigne de vote?
A chaque sortie, je n’ai ménagé aucun effort, non pas à des faits électoralistes, pour parler de mon attachement en la personne de Abdoulaye Wade pour l’amitié et de l’affection profonde que je nourris à son endroit. Mais aussi, pour parler de ma forte volonté à prendre en charge, demain, son héritage politique. Tout cela devrait permettre à Abdoulaye Wade, au Pds de dire que le candidat à soutenir c’est Madické. Je ne suis pas seulement le candidat qui rassure mais je suis le meilleur profil, la solution pour le Pds. En cela, je serai heureux que le Pds me rejoigne dans mon combat de faire partir Macky Sall de ce pouvoir et d’alléger les souffrances des Sénégalais par une nouvelle manière de gouverner qui fera en sorte que les Sénégalais soient fiers d’appartenir à ce pays.
Dernièrement, des libéraux ont confirmé vous avoir parrainé. Est-ce à dire qu’il y a des négociations avec des plénipotentiaires du Pds et de votre coalition malgré que Wade se soit opposé ?
Il n’y a pas négociation. Ma réponse est claire : je suis du Pds. Je ne fais que des appels en leur disant de venir me rejoindre. Certains n’ont pas hésité parmi les membres du Pds à venir me rejoindre. Aucune négociation ne peut avoir lieu parce que j’appartiens à cette famille et j’ai le droit de dire à ma famille que Karim n’est pas candidat, je suis candidat et je veux que vous veniez me soutenir. S’ils me soutiennent, ce serait la meilleure option et là je gagnerais dès le premier tour. Parce que j’aurais à faire le plein des voix aussi bien au niveau du Pds qu’au niveau des Sénégalais. Madické lui-même totalise un capital de sympathie que personne ne peut aujourd’hui mesurer. Les Sénégalais me l’ont démontré. Plus de 400 mille parrains en quelques jours. Ma maison n’a jamais été désemplie. Idem pour mon quartier général. Tout cela pour vous dire que les Sénégalais viennent de partout. Avec le Pds et les alliés qui me soutiennent, nous arriverons facilement au bout de Macky Sall. C’est la voie royale et cette voie va produire comme résultat une réparation de l’injustice faite à Karim Wade. Il en sera ainsi pour Khalifa Sall. Ils seront associés aux affaires.
Cela veut dire que vous alliez les amnistier ?
Nous allons discuter de cela. Nous allons peut-être opter pour la révision ou l’amnistie. Il ne faut pas aller vite en besogne. Ce qui est certain, c’est que l’injustice qu’ils ont subie sera réparée.
Pour montrer qu’il est déterminé à vous barrer la route, Wade s’opposer à votre adhésion au C25
J’ai participé à toutes les batailles de l’opposition. Certains sont en train de tromper Abdoulaye Wade en lui faisant croire que c’est Macky Sall et Aly Ngouille Ndiaye qui soutiennent ma candidature. Eux, ils ont peur de ma candidature. Je ne vais pas étaler toutes les mesures dont je suis l’objet pour amoindrir ma capacité de faire bouger les Sénégalais. Il y a eu des mesures fiscales, de tous les ordres. Au contraire, la peur est dans l’autre camp. Vouloir dire que ceux-là me soutiennent alors que je suis candidat, alors que je veux détrôner Macky Sall, je n’ai jamais vu un tel scénario dans aucun pays. Je suis du camp de l’opposition.
Dans l’opposition, il y a des camps qui prônent la résistance. Vous y adhérez-vous ?
La résistance est un droit consacré par la Constitution qui considère que le droit à la résistance est un droit légitime. Le droit de la résistance face à l’oppression est légitime. Mais, moi, ma première priorité, c’est de préserver la paix au Sénégal. Tout le monde sait que j’ai toujours œuvré pour la paix. Combien d’intermédiation, j’ai eu à faire ? Combien de séances de discussion j’ai eu à faire avec l’opposition lorsqu’on était au pouvoir ? Cela ne veut pas dire aller vers une compromission. Je n’en veux point. Autant j’exige de Macky Sall qu’il cesse de provoquer l’opposition, autant j’exige que Macky Sall arrête la violence. Autant j’exige que les pouvoirs judiciaires prennent leurs responsabilités et arrêtent ceux qui sont dans le camp de Macky Sall et qui instrumentalisent la violence. Essayons tous de rechercher la paix pour le Sénégal. Autant j’exige, pour que les règles, celles qui vont nous permettre d’aller à des élections transparentes, paisibles soient applicables. Nous ne ménagerons aucun effort pour que la paix puisse toujours être forte au Sénégal. Avant d’avoir du pétrole, de l’or, le Sénégal était un pays qui était aimé pour sa stabilité politique. J’ai été ministre des Affaires étrangères, dans toutes les rencontres, quels que soient les acteurs, même avec des acteurs européens ou américains, j’avais toujours le droit à la parole. J’ai plusieurs fois parlé au nom des pays les moins avancés, au nom des pays non alignés. Mais aussi au nom de l’Afrique à plusieurs occasions parce que le Sénégal a toujours été considéré comme un exemple. Malheureusement, ce n’est pas le Sénégal de Macky Sall. Ce Sénégal qui est à plusieurs fois condamné par la Cour de justice de la Cedeao. Ce Sénégal condamné au niveau du Groupe de travail des Nations unies. Ce Sénégal condamné au niveau du Comité des droits de l’homme. Cela consacre des actes de recul démocratique avérés. C’est pour cela que ma première bataille sera de restaurer l’image du Sénégal en mettant en place une justice forte et une démocratie de plus en plus mûre et forte.
Vous revenez d’une tournée. C’était une tournée pour tâter le terrain ?
Des campagnes de proximité, j’en fais tous les jours. J’étais (vendredi, Ndlr) hier à Touba et dans plusieurs localités. Avant-hier (jeudi, Ndlr), j’étais à Guédiawaye où j’ai tenu presque 5 meetings. J’ai fait la Casamance de Kolda jusqu’à Ziguinchor. C’est une visite particulièrement intéressante. J’ai eu à rencontrer plusieurs acteurs de la crise casamançaise à des niveaux insoupçonnés qui m’ont demandé de préserver leurs identités. C’est pourquoi j’ai pu circuler librement en territoire Casamançais. Même en pleine nuit, j’étais dans des milieux très reculés parce que ces acteurs de la crise casamançaise savent que je suis un homme de paix. Combien de fois, j’ai eu à m’impliquer pour trouver une solution. J’ai eu à travailler avec l’aile extérieure de Krumah Sané. J’ai également eu à travailler avec Salif Sadio de l’aile intérieure. J’ai eu aussi à travailler avec d’autres factions. Je suis connu en Casamance. Je leur ai fait part de ma vision pour l’avènement d’une paix définitive en Casamance. Ils ont adhéré à mon idée. Il n’y aura plus d’intermédiaires.
Intermédiaire signifie M. Casamance ?
Oui. Au delà de Monsieur Casamance, il y avait tellement d’intermédiaires. J’en ai connus.
Est-ce possible de travailler sans les intermédiaires ?
C’est possible. Il faut avoir d’abord une institution qui s’occupe de cela. Deuxièmement, il faut faire en sorte que la confiance règne. C’est dire circuler librement sans être arrêté. Je les invite à venir à Ziguinchor durant deux jours sur ce qu’on appelle les journées de la paix et de dire à tous les acteurs de venir à ma rencontre.
«Le pont de Gambie, il ne faut pas que les gens bombent la poitrine. Nous avions tout tracé et nous avions obtenu des accords signés.»
Vous êtes allés en Casamance en avion mais bientôt vous partirez en route grâce au pont de Farafégny. Le président Sall ne vous-a-il pas damé le pion ?
Même avec le pont, on ira en avion pour gagner du temps. Le temps est précieux dans une campagne électorale. C’est nous qui avons négocié le pont mais l’Etat, c’est une continuité. Je ne peux pas révéler ce que j’ai investi comme efforts diplomatiques. Le président Yaya Jammeh aimait suivre Walf Tv. Il lui arrivait d’être d’accord aujourd’hui et de ne pas être d’accord le lendemain. Combien de fois, j’ai vécu cela. Il m’a fallu plusieurs commissions techniques et mixtes et mettre un dispositif de secrétariat permanent Sénégal–Gambie. Tout cela pour arriver à ce résultat. C’est nous qui avions adressé la requête de financement à la Banque africaine de développement. Que les gens ne bombent pas la poitrine. Nous avions tout tracé et nous avions obtenu des accords signés. J’ai eu un seul problème que j’ai posé publiquement. Pour le moment, je n’ai pas encore eu de réponse. On dit que le pont n’est utilisable que pour les véhicules légers, ce serait très grave. Parce que nous avons besoin qu’il n’y ait plus de frontières dans le commerce. Il fallait un pont capable de prendre en charge la circulation de tout les véhicules surtout des poids lourds pouvant prendre en charge toutes les produits de la Casamance, les diriger vers les localités qui en ont besoin. J’ai posé la question, je n’ai pas eu de réponse. Il faut vite régler le problème du développement en Casamance. Il faut faire taire le sentiment de frustration. Il faut que l’Etat donne une autre image des acteurs. Il faut que l’Etat donne une autre image aux acteurs. Il faut un Etat qui respecte ses engagements pour que tous ceux souscrits puissent être exécutés dans les délais précis.
Vous étiez ministre des Mines. Récemment, on a voté le nouveau code pétrolier au niveau de l’Assemblée nationale. Comment comptez-vous gérer les ressources pétrolières et gazières ?
Pour le premier problème concernant nos ressources minières et pétrolières, j’ai décidé, dès que je serais élu, de mettre en place une commission qui va discuter avec tous nos partenaires pour la révision de ces contrats.
Il y a déjà le Cos-Petrogaz?
Il peut jouer ce rôle, mais on peut l’élargir. On va faire de sorte que nous puissions discuter avec nos partenaires pour arriver à une révision des contrats miniers et pétroliers. C’est le premier problème. Le deuxième, est qu’il faut voir tous les aspects, dans ces contrats, aussi bien que dans le code. C’est pourquoi, l’étude que je ferai pourrait m’amener à reprendre certains aspects de ce code. Il nous faut, nécessairement, la présence de nos privés. Si une partie des richesses de ce pays, générée par le pays, n’est pas captée par le privé national, jamais le Sénégal ne se développera. Il faut leur prévoir un pourcentage dans le capital. Il ne s’agit pas de leur donner à titre purement gratuit. Rappelez-vous ce que nous avions laissé comme notion : le partage de production. Au lieu de prendre des dividendes, donnez nous une part de la production. Là aussi, on pourra faire intervenir nos privés pour pouvoir gérer et rendre particulièrement bénéfique cette forme. Même si les privés n’ont pas les ressources financières nécessaires, l’Etat doit les accompagner.
Comment ?
Il faut une garantie de l’Etat pour leur permettre d’acquérir les moyens financiers pour pouvoir être présent dans tous les grands contrats qui génèrent des richesses. C’est seulement à ce prix que nous pouvons, aujourd’hui, prétendre avoir une partie des richesses au Sénégal, développer l’entreprise sénégalaise et créer des emplois. La création d’emplois ne se décrète pas comme a eu à le faire le président Macky Sall. Il faut mettre en place tous les ingrédients qui peuvent permettre que des emplois puissent être créés. D’abord, c’est le développement de l’industrie. C’est l’accompagnement que nous devons faire pour qu’il y ait de plus en plus de structures industrielles, de Pme-Pmi. Un accompagnement spécial sera accordé aux Pme-Pmi parce que ce sont elles qui devront nécessairement porter le développement. Si le Japon a réussi, c’est grâce à des Pme-Pmi qui ont joué leurs rôles dans le développement de ce pays. Il faut que les gens se ramènent à une réalité. La roue existe quelque part et elle tourne bien. Il faut seulement l’adapter au Sénégal. Malheureusement, ceux qui sont là, n’ont pas eu l’intelligence de pouvoir le faire. C’est pourquoi, dans aucun contrat, signé par le président Macky Sall et son gouvernement, on ne verra la présence assez forte de privé sénégalais.
«Aucun Sénégalais qui aura participé de manière active et publique aux activités d’un parti, ne pourra être nommé ministre de la justice.»
Si vous arrivez au pouvoir, qu’est-ce qui pourrait changer dans le fonctionnement de la Justice ?
Au moment où j’étais ministre de la Justice, beaucoup de choses ont changé. Je ne ferai pas le bilan. C’est moi qui ai réglé le statut des magistrats, celui des notaires, des huissiers, principalement de tous les acteurs. J’ai aussi œuvré pour que la justice soit de plus en plus indépendante au moment où j’étais là. Le président que je serais, ne va plus présider le Conseil supérieur de la magistrature, ni le Conseil supérieur de la Cour des comptes. Aucun Sénégalais qui aura participé de manière active et publique aux activités d’un parti, ne pourra être nommé ministre de la Justice. C’est inadmissible. Je suis complètement outré quand je vois Ismaïla Madior Fall, au sortir d’un meeting, parler de dossiers judiciaires. C’est inadmissible. Même le ministre de l’Intérieur, pour moi, ne sera pas quelqu’un qui aura à participer publiquement à des activités d’un parti parce qu’il commande la police et a le commandement territorial. Une réforme importante va intervenir au niveau de la justice. Je peux vous garantir qu’avec moi, la justice sera réellement indépendante. Ce sera une réforme d’abord du Conseil supérieur de la justice et du secteur judiciaire.
«On a besoin d’un Conseil constitutionnel, dirigé par de véritables sages, des personnes dont l’honorabilité, le sérieux, ne sont nullement discutés.»
Et le Conseil constitutionnel, qu’allez vous en faire?
Je pense faire de sorte que ceux qui vont y siéger puissent être élus. Ils peuvent être élus par un corps que je désignerai en accord avec les autres parties. Ce sera peut-être l’Assemblée nationale, les députés qui nous représentent, la société civile ou d’autres. Tous ceux qui sont intéressés pour être membres du Conseil constitutionnel et d’occuper des fonctions devraient être élus au niveau du Conseil supérieur de la magistrature. Ce sera une démocratisation profonde de ce Conseil. On doit cesser de dire : «Ils ont été désignés par le président. C’est pourquoi, il est capable de les influencer» et ainsi remettre en cause la valeur de leurs décisions. On va élargir la compétence d’attribution et préciser beaucoup de choses qui concernent le Conseil constitutionnel. Certainement, leur proposer d’aller vers une Cour constitutionnelle. Mais, je ne suis pas convaincu que c’est nécessaire au Sénégal. On a besoin d’un Conseil constitutionnel, dirigé par de véritables sages, des personnes dont l’honorabilité, le sérieux, ne sont nullement discutés. Pour cela, faisons de sorte qu’ils soient élus. On peut même les faire élir par des magistrats. On peut composer un jury à partir de l’exécutif, du législatif et du judiciaire. Ce n’est pas la peine qu’un président puisse les désigner. En France, oui, les présidents les désignent. Mais ici, comme la suspicion est tellement profonde, pour rétablir l’honorabilité et l’honneur de ces personnes, faisons de sorte qu’elles soient élues et non pas désignées.
Quid des prérogatives du procureur de la République ?
Quelqu’un m’a parlé d’un procureur qui serait indépendant du ministre de la Justice. J’ai dit qu’il y a danger parce qu’il peut être un Procureur justicier, capable de prendre toutes les décisions. D’abord, il faut encadrer la détention. Dans quelles conditions il peut faire mettre en détention, prendre un mandat de dépôt. Deuxièmement, il faut que le lien hiérarchique demeure, mais il faut l’encadrer. Quand le ministre donne des instructions, il faut qu’elles soient écrites et l’engagent. Quand, elles aboutissent à des rejets de poursuites, à une ordonnance du refus d’informer, il aura compris que ce ministre vient de faire l’objet d’un démenti cinglant et pourra en tirer les conséquences pour dire : «J’ai commis une erreur grave pour faire poursuivre une personne et que la justice ne m’a pas suivi. Je vais en tirer les conséquences». Une fois de plus, c’est encadrer tous ces pouvoirs. Chaque pouvoir qui peut générer le plus petit excès doit nécessairement être encadré pour que ce pouvoir puisse réellement jouer son rôle.
Les corps de contrôle sont logés au palais. Allez-vous les faire sortir ?
Il faut les déloger. J’ai créé le lien le plus important. Chaque ministère a une inspection financière. Il faut qu’elles ne dépendent plus du ministère et soient directement rattachées à l’Inspection générale d’Etat qui, à tout moment, peut avoir une photo de ce qui se passe dans les ministères. L’Ige doit avoir la possibilité de pouvoir saisir directement le Procureur quand il y a des faits délictuels. Il faut créer les conditions d’une indépendance des corps de contrôle, les réunir auprès d’une structure pour qu’il y ait une possibilité harmonieuse de contrôle.
Propos recueillis par Magib GAYE
et Emile DASYLVA
(Avec walf Tv)