Depuis le Camp pénal de Liberté 6 où il est incarcéré depuis sa capture en juillet 2016, Baye Modou Fall alias Boy Djinné parle de ses dossiers judiciaires en instance.
Dans une correspondance exclusive adressée à WalfQuotidien, il dénonce le caractère «illégal» de sa détention. Il s’insurge, par exemple, du fait que son évasion de la prison de Ndiarème, fait l’objet de deux procédures simultanément ouvertes à Dakar et Diourbel. Ce n’est pas tout : il s’offusque également de la violation de plusieurs de ses droits depuis sa mise aux arrêts. Voici en intégralité le contenu de sa lettre.
«J’ai deux mandats de dépôt chez le juge du premier cabinet d’instruction datant du 14 septembre 2016 et du 01 janvier 2018. Un autre m’est destiné, mais ne figurant pas au registre de la prison, je ne pourrais donc le croire valable. Il est seulement avec le juge et celui-ci est daté du 29 janvier 2014. La date que détient l’Administration pénitentiaire, c’est-à-dire le 29 juillet 2015, correspond à celle du mandat d’arrêt alors que depuis le 24 juillet 2013, j’étais déjà en prison et condamné pour 2 ans ferme. La peine devrait arriver à son terme le 24 juillet 2015. Donc, à partir de cette date, je ne devrais pas être en détention, mais la prison me maintient toujours. Ce qui est illégal, vu le temps passant entre le 24 juillet 2015, date de fin de condamnation et le 29 juillet 2015 correspondant au mandat d’arrêt. Et encore je ne suis jamais allé au tribunal pour un nouveau mandat de dépôt. Pour ce qui est du mandat signé le 14 juillet 2016 qui vise le délit d’évasion, cette même affaire est gérée à la fois par le cabinet de Dakar et par celui de Diourbel.
«Le Tribunal des mineurs m’a condamné à 6 mois ferme, mais on ne m’a pas laissé sortir à l’expiration de la peine»
Depuis janvier 2009, le dossier commence avec le juge du 1er cabinet qui m’a placé sous mandat de dépôt le 16 février 2009 exactement. Le dossier est jugé pour la première fois en novembre au Tribunal correctionnel puis au Tribunal des mineurs, le 08 octobre 2010, à l’audience présidée par le juge Ibrahima Seck et où a siégé le procureur Bassirou Ndiaye. Condamné à 6 mois ferme, le directeur de la prison de Rebeuss ne m’a pas laissé sortir à l’expiration de la peine. Alors, j’ai commis les avocats Mes Boubacar Dramé et Abdourahmane Sow dit Lénine pour introduire un recours au niveau de la Cour d’appel. Finalement, je suis libéré par décision de la Chambre d’accusation. En 2013, le juge du 8e cabinet m’a notifié une ordonnance de renvoi devant la Chambre criminelle pour une même affaire déjà jugée depuis 2009 et 2010. En 2017, le dossier est annulé après des preuves fournies par mes conseils, au jugement. Mais le parquet a requis auprès du doyen des juges qu’il me place à nouveau sous mandat de dépôt, malgré que la décision soit revêtue de l’autorité de la chose jugée. Les magistrats ne veulent que me garder en détention.
«Le juge m’a renvoyé devant la Chambre criminelle pour une affaire déjà jugée»
Or, il n’y a pas un seul acte d’instruction dans ce dossier, depuis un renvoi du 22 février 2018. Ils politisent mes affaires et même le greffier l’a dit à ma famille. J’ai deux mandats de dépôt concernant une seule affaire d’évasion de Diourbel. Depuis le 24 juillet 2013, mon dossier est en instruction. Tout ce que le procureur de la République du ressort de Dakar, Bassirou Guèye, fait n’est pas clair. Je fais l’objet tout simplement de complots. Même le juge Samba Sall m’a dit que tout est nul dans ces différentes affaires. Mais la Chambre criminelle n’a pas annulé le mandat de dépôt. J’ai eu une liberté provisoire depuis 2011.
«Je suis inculpé dans une affaire revêtue de l’autorité de la chose jugée»
Enfin, au niveau du troisième cabinet d’instruction, des personnes que j’ignorais qui sont-elles ont été arrétées. Après cette arrestation, j’ai été extrait de ma cellule par la police centrale. Toute l’enquête tournait autour de cinq personnes que j’ai clairement signifié aux enquêteurs que je les ignore toutes, je ne l’ai connais ni avant ni aujourd’hui. Après cela, j’ai été déféré au parquet alors que j’étais même sous mandat de dépôt pour une accusation au 8e cabinet. Après un retour de parquet une première fois, la deuxième fois l’agent pénitentiaire m’a dit que le parquet ordonnait qu’on me retire du dossier, parce que j’étais en prison bien avant les dates citées pour ces personnes et que le dossier ne me concernait pas.
Finalement, le parquet a demandé qu’on me fasse retourner en prison une semaine après que ces personnes ont été déférées. Et le juge du 3e cabinet m’a appelé de la prison au nom du 8e cabinet. Une fois au tribunal, j’ai su que c’était juste un prétexte, mais c’est le juge du 3e cabinet qui me demandait. Et cela, ils l’ont fait pour effacer des traces comme quoi j’ai retiré un million francs Cfa que j’avais donné au juge au 8e cabinet».
Pape NDIAYE