Le président de la République, Macky Sall, a réceptionné, lundi, le Train express régional qui a coûté 1 300 milliards de francs Cfa au contribuable. Seulement, les populations ne semblent pas concernées par cet investissement.
Le Train express régional ne fait pas le plein auprès des populations des zones traversées entre la gare de Dakar et celle de Diamniadio. Sur ce trajet long de 36 kilomètres, les populations préfèrent l’ancien train bleu à cause de son accessibilité. Ainsi, avec l’arrivée du Train express régional, ils craignent pour leurs économies. Avec l’ancien train, ils arrivaient à mener des activités génératrices de revenus. Ce qui sera impossible désormais avec le nouveau train. En réalité, les populations n’attendent rien de ce Train à milliards. Elles se retrouvent dans le même désespoir qu’avant. Car, explique-t-on, ce train n’est pas celui des pauvres qui habitent dans les zones traversées. En effet, soutiennent-ils, le Train express régional a été réalisé pour les privilégiés de la République, les hommes d’affaires et les étrangers qui prennent l’avion. Les prix du Petit train de banlieue variaient entre 200 et 250 francs Cfa, soit le prix du ticket de bus Dakar Dem Dikk. Ainsi, pour le mois, les usagers ne dépensaient que 12 000 francs Cfa pour le trajet aller-retour. Alors que pour le Ter, 3 000 francs en aller-retour représentent 90 000 francs Cfa le mois, soit le salaire de certains. Ce qui est énorme. Suffisant pour que Daouda Dieng, habitant de Rufisque, soutienne n’avoir pas besoin d’un Train express régional pour venir à Dakar. «Je préfère prendre les cars ‘Ndiaga Ndiaye’ ou rapide que de prendre le Ter pour 3 000 francs Cfa. Avec le bus, c’est 350 francs et c’est rapide. Et, c’est 30 minutes le trajet avec l’autoroute à péage. Donc, je n’ai pas besoin de prendre le train», a-t-il soutenu. Ce dernier doute même de l’engouement des populations pour ce train. A l’en croire, la réalisation de cette infrastructure a eu des impacts négatifs sur la qualité de vie des populations. Selon lui, les travaux ont contribué à une dégradation de ses conditions de vie des citoyens.
Au départ, le terminus du train était l’Aéroport international Blaise Diagne avec un objectif de 113 000 passagers. Selon les calculs de l’Etat, le Train express régional devra rapporter au Trésor public près de 500 milliards de francs Cfa par an. Seulement, les entreprises françaises qui ont réalisé le projet et qui gèrent l’autoroute à péage, beaucoup plus rentable que le Ter, ne veulent plus que ce moyen de transport atteigne l’aéroport international. Ce, dans le seul but de maintenir la rentabilité de l’autoroute à péage qui enregistre des millions de francs Cfa par jour. Une manne financière qu’il ne faut pas perdre pour rien au monde. Ce qui change complètement la donne en termes de rentabilité financière du Train comme expliqué par la Directrice des opérations de la Banque mondiale, Louise Cord. D’ailleurs, c’est cette absence de rentabilité qui explique la non-participation de cette institution de Bretton Woods au financement de ce projet. D’ailleurs, dans le rapport sur l’étude de faisabilité du projet, les experts avaient clairement soutenu que le tracé du Train express régional se situe dans la zone des communes dites de la banlieue de Dakar où vivent les populations les plus défavorisées et les plus démunies de la région de Dakar. Ainsi, ils renseignent que des habitats spontanés comme les bidonvilles et les taudis y sont légion.
14 465 personnes physiques impactées
En attendant, la mise en service du train, prévue dans six mois, les populations continuent de souffrir dans la pauvreté et la précarité. En effet, durant la réalisation de ce projet, plus de 14 465 personnes sont impactées. Ces dernières sont toujours dans l’attente de leur dédommagement qui devrait se faire avant la livraison du chantier. Seulement, en lieu et place, le gouvernement ne fait que des promesses qui ne sont souvent jamais tenues. Le président de la République, Macky Sall a lui-même reconnu les difficultés de l’Etat à indemniser ces pères de familles qui croupissent sous le poids de la pauvreté. «Avec l’exécution du projet, nous avons eu 14 465 personnes physiques et morales qui ont été impactées. C’est énorme», a reconnu le chef de l’Etat. Qui souligne que ces désagréments ne sont pas réparables avant de promettre une enveloppe de 67 milliards de francs Cfa repartis entre indemnisation, construction d’infrastructures et le recasement. Cependant, les familles s’impatientent encore alors que les travaux du train tirent à leur fin. Car, depuis l’année dernière, plus de 250 000 familles courent derrière l’Etat pour leur indemnisation.
Adama COULIBALY