CONTRIBUTION
Après avoir clamé urbi et orbi qu’il allait, une fois élu, mettre en place un gouvernement de 25 membres, Macky Sall est, comme avec le mandat de cinq ans, revenu sur ses engagements, avec un gouvernement pléthorique de près de 40 intermittents du spectacle pompeusement appelés ministres, sans compter les innombrables ministres d’Etat, ministres-conseillers, conseillers spéciaux, chargés de missions et autres postes de sinécures, tous bien payés et blanchis aux frais de la princesse.
Mais, la palme du mensonge doublé de bêtise revient à Mame Mbaye Niang. Et c’est Sidy Fall, coordonnateur du Fpdr France qui se charge de nous narrer l’histoire. «Lors de l’émission télévisée Faram Facce sur la Tfm, du 20 juin 2018, le ministre Mame Mbaye Niang s’est livré à un pathétique spectacle d’autojustification, sur les faits de délinquance financière qui l’accablent lourdement dans l’énorme scandale de détournement du Prodac à hauteur de 29 milliards de francs Cfa. Interrogé par le journaliste Pape Ngagne Ndiaye sur sa fausse-vraie et rocambolesque démission, le ministre Mame Mbaye Niang a tenu des propos vaseux. Jugez-en par vous-même : «Le dimanche, j’ai écrit ma lettre de démission, puis je me suis dirigé vers la primature où j’ai trouvé les portes closes. Ensuite, je me suis dirigé au domicile du Premier ministre pour lui faire part de ma démission». S’adressant aux 15 millions de Sénégalais, le ministre Mame Mbaye Niang a affirmé publiquement qu’il ignorait que les services de la Primature étaient fermés le week-end. C’est donc cet homme que Macky Sall a nommé ministre du Tourisme, qui ne sait même pas comment fonctionne une administration car, dans une République, une lettre de démission n’est jamais déposée au domicile privé du Premier ministre». Mais, la faute revient au président Macky Sall, capable de nommer n’importe quel saltimbanque ou mariole à la tête d’un ministère. Mame Mbaye Niang, un ministre qui confond contrat technique et marché public, qui n’est pas fichu de citer les pays qui composent l’Uemoa et qui a passé plus d’une heure à raconter des mensonges auxquels lui-même ne croit pas, ne bénéficie d’aucune crédibilité et fait la honte du gouvernement.
Sur un autre chapitre, selon Birahim Seck, membre du conseil d’administration du Forum Civil, lors de la rencontre de la Délégation générale à la Francophonie et des patrons de presse qui s’est tenue le 18 octobre 2014, au King Fahd Palace, Yakham Mbaye, Secrétaire d’Etat à la Communication, avait annoncé que le Centre international de conférence de Diamniadio a coûté 51 milliards de francs Cfa, un financement supporté par Eximbank Turquie à hauteur de 62 % et par l’Etat du Sénégal pour 38 %. «Dit comme ça, il est vite compris que la Turquie nous fait un don. Or, il s’agit d’un prêt avec un taux d’intérêt de 3,75 % à payer sur une période de dix ans avec un délai de grâce de 18 mois», a tenu à préciser Birahim Seck.
A propos de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, le coût total de l’opération se chiffre en réalité à 775 milliards au lieu des 407 milliards annoncés par l’Etat du Sénégal. Pour ce qui concerne les travaux de réfection du Building administratif, en 2014, MM. Oumar Youm, alors ministre des Collectivités locales et porte-parole du gouvernement, et Abdou Latif Coulibaly, Secrétaire général du gouvernement, avaient vendu du vent aux Sénégalais en jurant, la main sur le coeur et par tous leurs dieux, qu’«il y a eu appel d’offres» dans le marché de réfection du building administratif. Il n’en est absolument rien, naturellement. En vérité, le coût des travaux de réfection du Building administratif, attribuée à l’entreprise Bamba Ndiaye S.A., spécialiste dans… la vente de carreaux, et qui était estimé par l’Etat du Sénégal à 17 milliards de francs Cfa, est passé en réalité à 40 milliards de francs Cfa. Des travaux jusque-là inachevés alors qu’en même temps, l’Etat du Sénégal a étrenné des sphères ministérielles à Diamniadio pour un coût global de 56 milliards de francs Cfa.
Un mensonge d’Etat gros comme ça, c’est quand Me Oumar Youm, directeur de cabinet du président de la République, fait la déclaration ci-après : «Les candidats de l’opposition à l’élection présidentielle du 24 février 2019 sont financés à coûts de plusieurs milliards de francs Cfa par des puissances étrangères, loin du continent africain et qui ne sont mues que par leurs intérêts propres, relatifs à la découverte du pétrole et du gaz au Sénégal».
Le mercredi 20 juillet 2016, Seydou Guèye, le porte-parole du gouvernement du Sénégal, avait fait la déclaration suivante à Rufisque : «Après 13 conseils décentralisés, le montant des investissements consignés à travers les documents de l’Etat se montent à 2 872 milliards de francs Cfa. A la date du 31 août 2015, les réalisations issues de ces engagements du gouvernement sont évalués à 1 573 milliards, soit 55 % de réalisation des engagements souscrits à l’occasion de ces conseils des ministres délocalisés». Une information d’autant plus invraisemblable qu’elle n’est pas reflétée sur le terrain, ajoutés à cela le scepticisme et l’étonnement des populations concernées, à l’annonce de ces chiffres plutôt préfabriqués.
Sur le financement de l’Arène nationale, on nous a servis un gros mensonge d’Etat. Si, officiellement, l’Etat du Sénégal dit avoir financé l’Arène nationale, la Chine soutient le contraire. Selon Bbc, cette infrastructure, un joyau d’une capacité de 15 000 places, a été financée par l’Etat chinois. Construite en 28 mois par des entreprises chinoises, l’Arène nationale est financée par la Chine pour un montant de 32 milliards de francs Cfa, environ 48,7 millions d’euros. D’ailleurs, sur la plaque installée à la tribune loge, il est bien mentionné : «Don de la Chine». De là à dire que le mensonge est dans l’Adn même de ce régime, est sa marque de fabrique, et est érigé en véritable système de gouvernement, il n’y a qu’un pas que nous allons franchir allègrement. Tout le discours officiel est teinté de mensonge. Du coup, la fonction présidentielle est décrédibilisée sous le magistère de Macky Sall, un président sans charisme, très influençable et irrespectueux de ses engagements.
Le Train express régional (Ter) a charrié un torrent de contre-vérités quant à son coût réel. Le ministre en charge du Développement du réseau ferroviaire, Abdou Ndéné Sall, soutient que le coût du train devant relier Dakar à l’Aibd a coûté 568 milliards de francs Cfa, là où le député Ousmane Sonko affirme que le coût global du Ter est de 1 200 milliards de francs Cfa. Selon Afrika Check, première organisation indépendante de fact-checking en Afrique, «les données disponibles ne nous permettent pas de confirmer le montant de 1 200 milliards de francs Cfa évoqués par le député Ousmane Sonko, mais elles montrent que les marchés attribués jusque-là dans le cadre de ce projet sont de 746,3 milliards de francs Cfa Ttc. En conséquence, les marchés attribués dépassent bien les 568 milliards de francs Cfa annoncés par le ministre».
Le 8 juin 2018, pour clore le débat sur une supposée tension financière des finances publiques, Amadou Bâ a cru devoir répondre à Mamadou Lamine Loum, ancien Premier ministre et également ancien ministre de l’Economie et des Finances, qui avait fait état d’une «tension financière au Sénégal». Le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan réagit au quart de tour et réfute l’existence d’un problème de trésorerie, soulignant que le Sénégal dispose à cette date de 729 milliards de francs Cfa en caisse. Pourtant, dès le 13 novembre 2018, le gouvernement du Sénégal, par la voix du même ministre, Amadou Bâ, qui présidait la Revue annuelle conjointe de coopération entre le Sénégal et la Banque mondiale, passe à table, avoue et admet les difficultés de trésorerie soulevées par le représentant du Fonds monétaire internationale (Fmi) qui fait état de plus de 115 milliards de francs Cfa en pertes de recettes par rapport aux prévisions de recettes budgétaires de l’Etat du Sénégal. Voilà un Etat qui se déculotte et ravale ses propres et infectes vomissures.
Tout cela vient corroborer les inquiétudes sur le surendettement du Sénégal étalées par Ali Mansour, chef de la mission du Fmi, lors de la dernière Revue de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe), qui s’alarmait des proportions dangereuses du service de la dette qui augmentait à une vitesse exponentielle, passant de 24 % à 30 % entre 2014 et 2018.
A mesure que s’approche l’élection présidentielle de 2019, la machine à mensonges du pouvoir va tourner à plein régime pour rouler dans la farine les Sénégalais, comme à l’accoutumée, afin d’obtenir leurs suffrages. Mais, cette fois-ci, c’est peine perdue. Personne ne les croit plus désormais, même lorsqu’il leur arrive – chose rare – de dire la vérité. «Mentez, mentez, il en restera toujours quelque-chose. Il faut mentir comme le diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment et toujours ». (Voltaire, Lettre à Thiriot, 21 octobre 1736).
Le summum du mensonge d’Etat a été atteint avec la découverte de pétrole au Sénégal avec l’imposture de PetroTim qui ne remplissait aucune des conditions pour obtenir un permis de recherche et d’exploration, le rapport mensonger de présentation du décret présidentiel signé Aly Ngouille Ndiaye, les fausses déclarations de Frank Timis et de Aliou Sall, l’Etat du Sénégal qui dit avoir publié tous les contrats alors qu’il n’en est rien, le choix injuste de Total pourtant moins disant que d’autres majors comme British Petroleum (Bp) ou Cosmos, etc.
Le dernier cas en date de trous de mémoire du chef de l’Etat, remonte à quelques jours seulement. C’était à l’occasion du «Grand entretien» entre le président Macky Sall et les journalistes, le soir du 31 décembre 2018, au palais présidentiel. Après une interpellation du journaliste Cheikh Yérim Seck qui lui a rappelé que du temps où il était encore un opposant, il avait récusé Me Ousmane Ngom, ministre de l’Intérieur, pour l’organisation des élections, le président Macky Sall, ne laissant même pas le soin au journaliste de finir sa question, a hurlé, jusqu’à mettre à rude épreuve ses cordes vocales, qu’il n’a jamais dit ça. Ah bon ?! Moins de 24 heures après, la Télévision Futurs Médias (Tfm) dans son édition du «20 heures» du «Jour de l’An», moment de très fort audimat, a apporté le cinglant démenti que tous les gens non-amnésiques attendaient, en sortant de ses archives audiovisuelles un enregistrement daté du mois d’août 2011 où, face aux journalistes Alassane Samba Diop et Barka Bâ, dans l’émission «Et si on en parlait», Macky Sall récusait fermement Me Ousmane Ngom, ministre de l’Intérieur, et même Cheikh Tidiane Sy, Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Quelle honte de voir notre bienaimé président à nous tous, confondu à ce point dans ses errements, rectifié, renvoyé à ses copies et vilainement tourné en bourrique, portant à un niveau jamais égalé la dépréciation de la parole du président de la République, première institution de l’Etat, et qui hélas ne vaut désormais plus un rotin, voire un kopek.
Pape SAMB