Après la mort du jeune Ibrahima Kane, poignardé par des agresseurs, dans la nuit à 30 au 31 décembre 2018, les habitants de Liberté 6 vivent dans l’inquiétude. Ces populations estiment qu’elles ne se sentent plus en sécurité dans ce quartier à cause des agressions.
Soixante-douze heures après l’agression mortelle du jeune Ibrahima Kane à Liberté 6 par des malfrats, l’inquiétude a fini de gagner les esprits des habitants de ce quartier. Dans les grand-places et points de rencontre, la mort de ce jeune garçon est sur toutes les lèvres. Les populations craignent plus que jamais pour leur vie et ne dorment plus que d’un œil. Ce, à cause des agresseurs qui font la ronde dans le quartier nuit et jour.
Rencontrée sur une ruelle qui mène à la grande mosquée de Liberté 6, Nogaye Ndiaye se souvient, d’après elle, comme si c’était hier, le jour où, deux malabars ont failli lui abréger la vie, derrière les immeubles du quartier alors qu’elle était sortie acheter du pain à la boulangerie vers les coups de 21 heures. C’était le 02 octobre 2018. «L’agression mortelle de ce jeune garçon n’est que la face visible de l’iceberg. Aujourd’hui, tout le monde est effrayé. Moi, par exemple, le 2 octobre dernier, on a failli me tuer derrière les deux immeubles en face de la gare des véhicules clandos. Quand je suis sortie pour acheter du pain au niveau de la boulangerie, deux individus armés de couteaux m’ont prise au collet. Ils m’ont délesté de tous mes bijoux en or, de mon téléphone portable et de mon porte-monnaie avant de fondre dans la nature. Personne n’est en sécurité dans ce quartier. Nous n’osons pas sortir de nos maisons au-delà de 20 heures de peur d’être agressés», alerte-t-elle.
Nogaye n’est pas la seule victime des agresseurs. Moustapha Ndiaye qui vient de déménager fraichement dans le quartier a fait aussi les frais de ces malfaiteurs. Ingénieur en bâtiment de profession, trouvé au niveau d’un arrêt de bus, l’homme âgé d’une trentaine d’années soutient qu’il a été interpellé un jour aux environs de 6 heures du matin par un homme costaud armé d’un couteau. Alors qu’il partait, dit-il, au travail, ce dernier l’a sommé de lui remettre tout ce qu’il avait devers lui. «Je n’ai opposé aucune résistance, parce qu’il était armé. J’ai obtempéré, il m’a brusquement donné un coup de poing à la figure. J’ai perdu l’équilibre et je suis tombé. C’est en ce moment qu’il a pris mon portable et 10 mille F Cfa que j’avais dans mes poches avant de prendre la fuite», narre-t-il.
Au niveau du garage des véhicules clandos, les discussions vont bon train. Le discours à la Nation du chef de l’Etat est au centre des débats. Détaché d’un petit groupe formé par des apprentis et chauffeurs, adossé sur les barrières faisant office de protection, Modou Sène tire sur sa cigarette. Habillé d’un jean déchiré assorti d’un pull noir, il observe les va et vient des passants. Interpellé, il affirme que les agressions deviennent monnaie courante à Liberté 6. La preuve, affirme-t-il, la mort du jeune Ibrahima Kane qui, selon lui, a été mortellement poignardé par un groupe d’agresseurs, le jour du 31 décembre 2018. «Avant-hier même, un jeune a été poignardé mortellement, ici, à Liberté 6 par des agresseurs. Ils ont emporté le téléphone portable de la victime. C’est très grave ce qui se passe dans ce quartier. Et c’est pareil aussi à Grand-Yoff. Malgré l’érection d’un commissariat de police, les gens ne s’y sentent plus en sécurité. Chaque jour, ce sont des agressions qui sont notées. L’Etat doit créer ce qu’on appelle une police de nuit c’est-à-dire des agents de police qui vont travailler uniquement la nuit. Ils vont faire le tour des quartiers et effectuer des contrôles permanents», préconise-t-il.
Il faut le rappeler que Liberté 6 n’est pas le seul quartier qui fait face à une insécurité grandissante. En juillet dernier, les populations de Scat Urbam étaient sorties en masse pour battre le macadam et dénoncer les agressions tous azimuts dans leur quartier. Ils avaient interpellé les autorités étatiques afin que celles-ci trouvent des solutions à ce phénomène.
Contactés, les éléments du poste de police de Grand-Yoff n’ont pas voulu réagir à nos interpellations.
Samba BARRY