Pour vendre aux investisseurs les atouts et atours du Sénégal, Macky Sall a été cash avec l’administration et son secteur privé. Alors qu’il reproche à la première ses lenteurs pesantes sur l’économie, il critique le second pour son manque d’efficacité.
Décidé à réaliser ses projets inscrits dans le Plan Sénégal émergent (Pse) en mode fast-Track, le chef de l’Etat, Macky Sall, met la pression sur son administration et sur les entreprises sénégalaises. «Ceux qui ne peuvent pas faire le fast track peuvent s’abstenir. Je le dis parce que j’ai une université en construction depuis 4 ans, en chantier ouvert. C’est pourquoi j’invite nos amis du secteur privé national à parler avec certains de leurs membres. Faire une université pendant 5 ans ce n’est pas normal. Nous allons travailler dans la confiance mais avec des délais. Ça, c’est quelque chose d’absolument non négociable», a déclaré le président de la République, hier, à Paris, lors du Forum des investisseurs organisé par le Sénégal au lendemain de son Groupe consultatif où il a fait carton plein de dettes avec des engagements de 7356 milliards de francs Cfa. Cela, même s’il a omis le cas de la réfection du building administratif dont le retard en plus du surcoût pousse l’Etat à continuer à payer des loyers à ses démembrements.
Pour bien mener ses projets inscrits dans sa vision d’émergence du Sénégal à l’horizon 2035, Macky Sall estime que le pays doit accélérer en rythme, en évitant les pertes de temps inutiles. «C’est pourquoi aussi l’administration doit être réformée. On perd trop de temps. Ce n’est plus acceptable. Nous allons engager fatalement la dématérialisation de l’administration. J’en ferais mon combat premier. Quelqu’un ne doit pas solliciter une intervention auprès du président de la République. Cela doit aller naturellement. Nous avons la politique, le Pse, et nous avons les financements. Donc, il n’y a pas de raison que ça n’aille pas plus vite», a-t-il ajouté devant des participants estimés à plus de 800 par l’Agence en charge de la promotion des investissements et des grands travaux (Apix).
D’autre part, le chef de l’Etat a estimé que si le Sénégal veut maintenir cette croissance moyenne de 6,6% depuis 4 ans, et surtout aller à 9%, il faut que les investissements privés étrangers puissent prendre le relais des investissements publics. Et pour cela, il s’est dit prêt à faire tous les paquets de réformes nécessaires pour ce saut qualitatif. Non sans tancer le secteur privé sénégalais qui, dans certains secteurs, paie peu de taxes et impôts à l’Etat. «J’ai dit à nos amis cimentiers que c’est une activité industrielle. Au-delà du code minier, il faut qu’ils acceptent de payer des taxes parce qu’un Etat vit de taxes. Dans une concertation avec le secteur privé, ce sont des choses qu’on n’aime pas entendre mais il faut qu’on se parle franchement. On ne peut pas avoir un secteur commercial aussi important que le ciment qui ne paie des impôts sur son activité. Il faudrait que les secteurs qui étaient jusque-là épargnés puissent faire le minimum. C’est comme le foncier qui doit aussi générer quelques revenus qui permettent à l’Etat d’aménager le territoire pour arriver à zéro bidonville», dit M. Sall. Qui en a rajouté une couche pour les hôteliers. En effet, devant de potentiels investisseurs, il s’est désolé qu’il n’y ait aucun hôtel de type 5 étoiles opérationnel. «Nous ne parlons pas de palace. Quand on a l’ambition d’être émergent, il faut avoir tout dans le pays. Il faut aussi avoir un cadre attrayant pour tout type d’investisseur et de public. En termes d’hôtellerie, nous avons de gros besoins. En Casamance, j’ai lancé une zone prioritaire qui exonère de l’impôt et de taxes pour la relance de l’activité touristique. Donc, il y a des perspectives», renchérit le chef de l’Etat.
Dire la vérité au secteur privé et à l’administration est une excellente chose. Mais si l’autorité mettait la même hargne à les défendre et à les encourager, ce serait encore mieux. Car, si tel était le cas, c’est Kabirou Mbodj qui signerait avec l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes la licence 4G. Et tout l’argent généré resterait dans le pays.
Seyni DIOP