Entre le préfet et les populations d’Oussouye, la cohabitation semble désormais impossible. Ces dernières ont profité hier d’une marche de protestation contre la boulimie foncière des communes voisines pour réclamer le départ du chef de l’exécutif départemental.
Il s’agissait à l’origine d’une marche de protestation contre l’accaparement des terres de la commune d’Oussouye par ses voisines de Mlomp et d’Oukout. Mais, très vite, la mobilisation a viré au pugilat verbal contre le préfet du département. Devant la préfecture, la foule a scandé des slogans hostiles au chef de l’exécutif départemental. D’une seule et même voix, les marcheurs ont réclamé tout bonnement le départ d’Ismaïla Ndiaye. Une exigence qui aurait pu être évitée si le préfet ne s’était pas fait désirer au terme de la manifestation. En effet, son absence à son domicile a été interprétée par les populations comme un mépris. Suffisant pour que la marche change d’objectif. Pourtant, les véritables raisons de cette forte mobilisation sont à trouver dans les rapports belliqueux qui ont commencé à naître entre la commune d’Oussouye et ses voisines d’Oukout, mais surtout de Mlomp. Pendant des décennies, les habitants de cette commune, chef-lieu du département, vivent avec le sentiment d’être expropriés de leurs terres. Une démarche encouragée selon eux, par la destruction des bornes placées dans les exploitations privées par le préfet. A en croire le maire d’Oussouye, cette maladresse administrative n’a fait qu’exacerber la frustration des populations et encouragé des individus mal intentionnés des villages riverains à perpétrer des actes odieux. Edouard Lambal se range ainsi du coté de ses mandants pour dénoncer l’attitude de l’administration locale. Forts du soutien du représentant de l’Etat, les conseils municipaux de Mlomp et d’Oukout se livreraient à des pratiques d’expropriation matérialisées par des délibérations. Lesquelles n’ont aucun fondement juridique aux yeux des populations d’Oussouye. Ces dernières sont donc confinées sur un territoire de 1500 hectares pour une population de 8 mille habitants. Depuis donc son érection en commune en 1960, cette commune de la région de Ziguinchor n’a aucune possibilité d’élargissement, coincée qu’elle est entre les forêts sacrées, les rizières et les communes de Mlomp et d’Oukout. Or, traditionnellement, Oussouye va au-delà de ses limites administratives qui n’ont pas en comptes les zones d’exploitation. Du coup, les populations de la capitale du Kassa sont dans l’impossibilité d’exercer ce droit traditionnel, persécutées qu’elles sont par leurs voisins qui les empêchent d’accéder à ces espaces d’exploitation acquis par le droit coutumier. Depuis une dizaine d’années, les incidents se multiplient entre voisins des différentes communes. C’est pour éviter le pire que la commune d’Oussouye s’est mobilisée hier pour réclamer justice. Ainsi, les marcheurs, par la voix de l’ancien maire d’Oussouye, Bénédicte Lambal, exigent la reconstruction des bornes en béton armé construites pour indiquer aux générations futures les limites des espaces d’exploitation des habitants de la commune d’Oussouye et la restitution du fer ayant servi à la construction des anciennes bornes détruites pour calmer la colère, l’arrêt des délibérations sur l’espace d’exploitation des habitants de la commune, mais aussi et surtout, l’extension de la commune d’Oussouye. Ces exigences figurent dans le mémorandum remis à l’adjoint au préfet, en l’absence du maître des lieux que les populations de la capitale du Kassa ne portent plus dans leurs cœurs.
Mamadou Papo MANE