Le modèle économique de la presse sénégalaise est sujet à beaucoup de questionnements, notamment dans l’origine de ses ressources.
Il en naît tous les matins et à tous les coins de rue sans que l’on puisse retracer les moyens qui leur permettent de fonctionner. C’est un constat partagé, hier, en marge d’un séminaire organisé par le Conseil constitutionnel au profit des médias. Président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), Mamadou Ibra Kane révèle que sur 23 groupes de presse répertoriés, seuls trois vivent de leurs ressources. Une révélation de taille qui en a étonné plus d’un. Mame Less Camara, journaliste et formateur au Cesti, rajoute une couche. «20 % des ressources doivent provenir de la publicité. C’est ce que dit le code. D’où proviennent les 80 % restants ?». Une grande question à laquelle aucun début de réponse n’est, pour le moment, donné.
Les dérives, dans la presse en ligne comme dans celle dite traditionnelle, ont aussi été abordées dans ce séminaire. Si les puristes du métier accusent les sites en ligne de recruter du tout-venant, ces derniers s’en défendent et appellent à faire la distinction entre sites et journaux en ligne.
Se pose aussi le problème de la responsabilité pénale du journaliste qui, en l’état actuel de la législation, est condamné d’avance s’il se retrouve traîné devant un tribunal. Tout cela, devant des magistrats qui, au nom de l’obligation de réserve, ont gardé leur silence durant tous les travaux.
Ibrahima ANNE