Les députés ne se sont certes pas boxés, comme la dernière fois, mais leurs débats ont été plus que houleux. L’Article 27 de la Loi portant Code des communications électroniques est passée par là. Un énième coup du régime de Macky SALL décidé à aliéner la liberté d’expression.
« L’article 27 c’est pour éviter les dérives sur Internet ». Cette phrase lancée tout de go par Abdoulaye Bibi BALDE n’a convaincu que les députés de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Ce mercredi 29 novembre, lors vote du budget du ministre de la Communication, à l’Assemblée nationale, ceux de l’opposition lui ont craché à la figure leur vérité en étalant le passif d’un régime loin d’être tendre avec ceux qui ne le caressent pas dans le sens du poil. «On ne peut plus avoir accès à la RTS, alors que c’est nous qui payons la RTS. Vous avez peur de la diversité, vous avez peur de montrer de ce qui ne marche pas dans ce pays. Il n’y aura pas de dictature dans ce pays. Nous ferons face. Vous avez voulu fermer Walfadjri, aujourd’hui, vous voulez fermez les réseaux sociaux. Ça ne passera pas. Ce pays nous appartient tous». Cette réaction musclée du député Mamadou DIOP Decroix renseigne sur la grande méfiance des opposants, témoins de la domestication des groupes de presse sénégalais.
Acculé par les députés de l’opposition qui ne veulent pas entendre parler de restriction de la liberté d’expression, Abdoulaye Bibi BALDE s’est voulu membre d’un régime défenseur des journalistes et de la presse. Une ligne de défense en total déphasage avec la réalité. Du moins en ce qui concerne le groupe Walfadjri que le régime s’amuse à vouloir faire son souffre-douleur. Dernièrement, nos confères de Dakaractu ont rapporté des propos prêtés au président Macky SALL et jusque-là pas démentis. Ce dernier, recevant le patron du Groupe futurs médias (GFM), s’est défaussé sur Walfadjri pour expliquer son amour pour les médias. « Macky SALL de relever que le groupe de Sidy Lamine NIASSE n’a jamais fait l’objet d’un quelconque règlement de compte malgré le fait que celui-ci l’attaque matin, midi et soir en l’accusant de faits infondés. Et ce, sans jamais être inquiété. Il dit n’avoir, malgré tout ce tort à lui fait, jamais pensé ni posé un acte allant dans le sens de nuire aux intérêts du groupe Walfadjri. Ainsi il lui a signifié de vive voix, que si ce groupe qui ne cesse de l’attaquer, jusqu’à ce jour, a été épargné, lui ne voit pas donc d’intérêt à s’en prendre à l’entreprise de presse d’un allié », a écrit Dakaractu.
Ainsi, Macky SALL et ses collaborateurs mettent Walfadjri à l’index pour justifier leur attachement fictif à la liberté d’expression. Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir, Macky SALL qui rasait jadis les murs de Front de terre pour se faire tendre un micro, ne cesse de mettre des bâtons dans les rues du groupe Walfadjri qui ne tient debout que grâce à la détermination de son patron. En six ans, ce dernier en a vu de toutes les couleurs. Privé de publicité, snobé quand il s’agit de couvrir certaines activités, ledit groupe n’est pas pour autant à l’abri des provocations. En effet, voulant obtenir un concordat pour mieux dynamiser son groupe, Sidy Lamine NIASSE s’est heurté à la mauvaise volonté du directeur de l’ARTP. Les services de ce dernier, voulant visiblement bloquer le processus, sont allés sortir une facture d’un montant de plus de 241 millions de F CFA datant du 21 février 2011. Un peu plus d’un an plus tôt, le même Abdou Karim SALL a eu l’outrecuidance de se pointer dans les locaux du groupe Walfadjri, en plein scrutin référendaire, menaçant de les fermer. Et la liste est loin d’être exhaustive.
Pour dire que le régime de Macky SALL s’en prend à internet, c’est qu’il a presque fait le tour des groupes de presse qui sont loin de constituer un contre-pouvoir.
Mame Birame WATHIE