Le spectacle qu’offrent les alentours du stade Léopold Sédar Senghor est désolant. Ce sont maintenant, les mécaniciens, les gargotiers et des chauffeurs de cars de transport qui y cohabitent avec un décor agrémenté de tas d’immondices et de flaques fétides. Immersion au cœur d’un capharnaüm.
Les alentours du stade Léopold Sedar Senghor n’ont rien à envier à la décharge de Mbeubeuss. Des tas d’immondices, de la ferraille, des épaves de véhicule et des flaques d’eaux fétides campent le décor. Dans ce capharnaüm, cohabitent des gargotes et le garage des cars communément appelés «Ndiaga Ndiaye» pour desservir la banlieue dakaroise. Les passants qui ne peuvent pas supporter l’odeur fétide qui se dégage de cet environnement où pullulent mouches et autres bestioles ont le nez bouché. Sac au dos, pantalon jean assorti à un T-shirt près du corps blanc, Alphonse, la vingtaine révolue, est élève au Lycée moderne de Dakar qui fait face au Stade. Cet élève de Terminale S habite le quartier Scat Urbam. chaque matin, il traverse le pont pour faire ses cours de l’autre côté. Il trouve répugnant que les abords du temple du foot soient décorés dans ce piteux état. «C’est pathétique, c’est une mauvaise image pour le Sénégal. C’est le stade qui accueille les compétitions internationales de l’équipe nationale. C’est la vitrine du football sénégalais qui est en train d’être fissurée. Les autorités doivent faire quelque chose. Ce n’est pas que cet endroit qui se trouve dans ce spectacle désolant, c’est tout le stade qui est ceinturé par des choses incommodes», fulmine-t-il.
Au niveau du garage, une vingtaine de cars sont alignés, chacun attendant son tour pour rallier Keur Massar ou Rufisque. Sous un hangar de fortune, des hommes devisent et commentent l’actualité. Ils sont chauffeurs, apprentis et coxeurs. Leur principal sujet de discussion : la recrudescence des agressions, allusion à cette dame qui a été mortellement agressée, à quelques mètres de là, sous le Pont de l’émergence, la semaine dernière.
L’Etat impuissant ?
Interrogé sur leur cohabitation avec ces tas d’immondice, un chauffeur du nom de Mor affirme que les responsabilités sont partagées entre les mécaniciens, les chauffeurs et les gargotiers. «Cette situation, tout le monde s’en désole. Plusieurs personnes de métiers différents s’activent sur les lieux. Les mécaniciens et les tenancières de gargotes ne sont pas les seuls à investir les espaces. Toutes sortes de vendeurs, allant de l’eau au café, en passant par les beignets voire du poisson ou les cireurs y cohabitent. Si les lieux sont sales, c’est la responsabilité de toute cette population qui est engagée», reconnait ce quinquagénaire cheveux poivre et sel.
Sous une gargote, trois tabourets entourent une table sur laquelle est posé tout un arsenal destiné au petit-déjeuner. Au coin de la table, des miches de pains sont soigneusement rangées dans un sac. La propriétaire, Fatou, s’attèle à servir ses clients. Elle aussi semble être en phase avec le chauffeur. «J’avoue qu’on ne prend pas les précautions nécessaires pour assainir les lieux. C’est déplorable. Tous les gens qui gravitent autour des lieux peuvent se réunir et trouver une solution à ce problème. Il y va même de notre sécurité alimentaire», souligne-t-elle.
Pourtant la mairie de Dakar de Dakar avait pris la décision de déguerpir les mécaniciens et autres ouvriers qui exercent leurs activités aux abords du stade Léopold Sédar Senghor. Les services municipaux avaient requis les forces de l’ordre pour vider les lieux en détruisant leurs huttes. Mieux, en février dernier, le Préfet de Dakar avait pris la décision de décongestionner les espaces particulièrement les alentours du stade Léopold Sédar Senghor et de l’échangeur. De concert avec la mairie de la Patte d’Oie et le ministère des Sports, il avait publié un arrêté pour mettre fin à cette anarchie. Il les avait même sommés de quitter les lieux avant le samedi 10 mars dernier à 17 heures. Depuis lors, il ne s’est rien passé. Et l’anarchie continue de plus belle.
Mamadou GACKO