Candidate déclarée à la prochaine présidentielle, Pr Amsatou Sow Sidibé qui revient d’une tournée à l’intérieur du pays pour la collecte des parrainages, n’a pas ménagé le président sortant, Macky Sall dont le régime a instauré le système de parrainage. En conférence de presse, hier, la responsable du mouvement Car Lenen affirme que le chef de l’Etat est en train de violer la loi qu’il a lui-même instaurée pour «écarter de potentiels adversaires». «En demandant à ses partisans de souscrire trois millions de signatures, il viole manifestement la loi sur le parrainage qui fixe le nombre de parrains entre O,8 % et 1 %», fustige Mme Sidibé qui dénonce aussi l’achat de conscience des responsables de Benno Bokk Yaakaar. «Sur le terrain, nous avons constaté un achat massif de conscience qui menace la sincérité du scrutin, et partant, la paix civile. Ils achètent des signatures entre 5 000 et 20 000 francs par personne», soutient-elle.
En outre, Mme Amsatou Sow Sidibé est revenue sur les bizarreries de la loi sur le parrainage des candidatures. A l’en croire, c’est «l’absurdité du siècle» dans la mesure où elle est impraticable du point de vue technique. Elle souligne qu’il n’y a pas d’outils pour effectuer le contrôle et la validation des signatures. «La loi portant parrainage est inapplicable car elle comporte des tares congénitales. Son contrôle par le Conseil constitutionnel est techniquement impossible et juridiquement incorrect car le Conseil constitutionnel n’est pas juge du fait, il est juge du droit», fulmine ce professeur de Droit civil. Qui rappelle que «les régimes précédents étaient plus démocratiques que le régime actuel». «Durant ces six dernières années, le président de la République a prouvé qu’il n’est pas rassembleur, il n’a pas su consolider la nation. Il est partisan, chef de parti, donc chef de clan. Il n’incarne pas l’unité nationale. Il n’a donné ni de sens ni de contenu à la rupture prônée en 2012», indique-t-elle.
La présidente du mouvement Car Lenen a dénoncé l’attitude du président de la République à protéger certains barons de son régime qui ont été épinglés par l’Ofnac et l’Ige. «Le président de la République, obnubilé par sa réélection met le coude selon ses propres termes sur les scandales financiers relevés par l’Ofnac, l’Ige et l’Igf. Sa réélection signifierait pour le Sénégal, l’endettement chronique de l’Etat, l’entretien d’institutions budgétivores ne servant à rien sinon à caser une clientèle politicienne». Elle n’a pas aussi épargné la justice. D’après Mme Sidibé, les maux dont elle souffre sont caricaturés par le
cas de l’ex détenu qui s’est immolé récemment à côté du palais de la République parce que s’estimant lésé par la justice. Elle souligne que le symbole est à la fois tragique et fort. C’est pourquoi, elle affirme que
dans une démocratie, le chef de l’Etat doit prendre de la hauteur. Il ne doit pas s’immiscer dans les affaires judiciaires, encore moins instrumentaliser celles-ci.