Malgré tous les efforts consentis en matière de sensibilisation, les violences faites aux femmes persistent dans la société sénégalaise. Et c’est Matam (Nord) qui occupe le peu enviable premier rang.
Il ressort d’une étude commanditée par le comité national des femmes de l’Union démocratique des travailleurs du Sénégal (Udts), centrale syndicale basée à Pikine, que les violences faites aux femmes ont atteint un taux de prévalence de 60 % dans les ménages. Ces violences, physiques ou psychologiques, touchent le plus souvent des femmes adultes âgées entre 25 et 40 ans et les personnes du troisième âge. Cette enquête de l’Udts, effectuée sur un échantillon de 597 personnes, réparties dans cinq localités du pays que sont Mbour, Pikine, Matam, Médina Yoro Foulah, Saraya, a même révélé que c’est le département de Matam qui enregistre le taux le plus élevé. Car dans cette localité, sur 95 femmes interrogées, 87 ont révélé avoir été victimes de violences, soit un taux de 91,58 %. Vient, ensuite, le département de Médina Yoro Foulah qui enregistre un taux de prévalence de 64,28 % avec 63 cas enregistrés sur 98 femmes interrogées. Ces deux départements sont suivis par Mbour avec 58,70 %, Pikine 36,20 %, et Saraya 39,13 %.
Pour les formes de violences subies par les femmes, l’enquête révèle qu’elles sont diverses. Elles sont d’abord verbales avec un taux de 73,03 %. Ensuite, physiques avec 39,03 %, puis psychologiques avec 35,15 % et enfin sexuelles avec 25,75 %.
En valeur absolue, les femmes victimes de violences verbales sont 241 sur un total de 330 enquêtées. Ces violences s’expriment le plus souvent par des insultes, des propos blessants et des menaces verbales.
Pour les violences physiques, elles concernent 129 cas sur 330 victimes et s’expriment par des coups et blessures.
Pour les violences psychologiques, elles affectent 85 sur 330 victimes et se manifestent par l’intimidation, le mépris, le rejet, le chantage affectif, la stigmatisation susceptible de causer des traumatismes. Pour ces cas de violences psychologiques, il y a celles liées à l’environnement professionnel où les femmes sont souvent victimes de chantage pour l’obtention d’un emploi avec un taux de 29 ,09 %.
Ce rapport d’enquête présenté au cours d’un atelier organisé par l’Udts n’a pas laissé indifférentes ces responsables femmes qui en ont profité pour appeler à une mobilisation citoyenne sur la question de la violence devenue endémique. «La violence a atteint un niveau inquiétant dans nos sociétés, dans nos ménages et même dans l’univers professionnel. Il faut en parler pour pouvoir lui trouver des solutions», suggère Adja Ndèye Diakhaté, membre du Comité national des femmes de l’Udts. Et comme solutions, Madame Diakhaté propose la sensibilisation des masses, la mise en place de comités de veille avant de condamner la violence conjugale survenue récemment aux Maristes ayant engendré mort d’homme.
Ismaël Sène, psychologue de son état, un des rédacteurs de l’enquête, souhaite l’application de la loi pour dissuader les auteurs de violences.
Théodore SEMEDO