Décidément, la vie du Pds n’est pas un long fleuve tranquille. En l’absence de Wade et de son fils, les responsables s’étripent pour le contrôler. Oumar Sarr, le coordonnateur national, manœuvrerait pour écarter ceux qui lui font de l’ombre et faire ainsi main basse sur le parti.
Invité de l’émission Opinions, dimanche dernier, Ibra Diouf Niokhobaye, responsable en vue au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds), qui a rejoint Madické Niang a accusé Oumar Sarr de vouloir faire le vide autour de lui pour prendre ainsi le contrôle du Pds. Cette accusation loin d’être épidermique, est prise très au sérieux, et même confortée dans certains cercles du parti qui ne sont pas pourtant favorables à Madické Niang.
Ainsi, à en croire une source, membre du comité directeur, ce plan du coordonnateur national et secrétaire général national adjoint du Pds pour s’emparer du parti s’articulerait autour de trois axes. «Il s’agit d’abord de prendre le contrôle des fédérations par le truchement de ses hommes de confiance», explique notre source. Pour ce faire, poursuit-elle, Oumar Sarr a confié la gestion des fédérations du sud à Amadou Sall, celles de l’est du pays à Lamine Thiam, celles du centre à Tafsir Thioye. Et enfin, il a pris sous contrôle personnel les fédérations du nord.
Décidément, la vie du Pds n’est pas un long fleuve tranquille. Le parti est toujours secoué par la guerre des clans et les rivalités intestines. Car, cette phase pratiquement achevée, notre interlocuteur le soupçonne maintenant de vouloir après procéder au remplacement par des fidèles à lui de la cinquantaine de membres du comité directeur qui ont rejoint le candidat Madické Niang. D’ailleurs, à en croire notre interlocuteur, Oumar Sarr serait, et non Abdoulaye Wade, responsable de la lettre qui demandait à Madické Niang de rendre son mandat de député. La renonciation de l’ex président du groupe parlementaire du Pds et ses alliés, aurait permis, souligne notre source, de porter à l’Assemblée nationale Abdoul Aziz Diop, secrétaire général de la Fncl, connu surtout pour être son bras droit. «Ensuite, il va faire sauter le dernier verrou dans le parti qui ne lui est pas acquis, en l’occurrence Cheikh Tidiane Seck, le président de la Fédération nationale des cadres libéraux (Fncl)», explique notre source qui indique que le président de la Fncl doit impérativement sauter pour lui permettre de faire main basse sur la structure des cadres et parachever ainsi sa main mise sur le parti.
D’où l’objet et le sens des accusions de collusion portées contre Cheikh Tidiane Seck dans l’affaire Thierno Birahim Thiobane et dans celle de Madické. En effet, à en croire notre interlocuteur, membre de la Fncl et du comité directeur, il chercherait à isoler le président de la Fncl. Le «crime» du président des cadres libéraux est d’être un ami notoire de Madické Niang mais surtout un ami d’enfance de Thierno Birahim Thiobane, l’auteur de la lettre qui a soulevé l’ire d’Abdoulaye Wade. Dans cette lettre, il exigeait la désignation d’un plan B, au cas où Karim Wade ne pourrait pas être candidat à la présidentielle de février 2019.
Le Pape du Sopi accuse Madické Niang d’être derrière cette lettre. Mais, à en croire notre source, Oumar Sarr a profité de la proximité des relations que Cheikh Tidiane Seck entretient avec Thiobane et avec Madické Niang pour faire croire à Abdoulaye Wade et à son fils Karim, que le président de la Fncl n’est plus digne de confiance et par conséquent, il le faut débarquer.
Ainsi, Oumar Sarr serait en train d’instrumentaliser ses «hommes de paille» membres de la structure des cadres libéraux pour provoquer une crise à l’intérieur de la structure, et se donner ainsi les moyens de liquider son président Cheikh Tidiane Seck.
Charles Gaiky DIENE