L’affaire Luc Nicolaï figure en bonne place parmi les «affaires signalées» qui feront l’objet d’un réexamen, au cours de la nouvelle année judiciaire 2018-2019. Le point sur ce dossier vieux de six ans et pour lequel les parties attendent l’ultime décision de la Cour suprême. Suite et pas fin.
Après que la Cour d’appel de Saint-Louis a confirmé, en octobre 2017, le verdict de la Cour d’appel de Dakar, une autre manche est attendue au cours de la nouvelle année judiciaire 2018-2019. La Cour suprême va, elle-même, réexaminer le dossier, pour la dernière fois en «Chambres réunies». Cela fait suite au pourvoi de la défense après que Luc Nicolaï a été condamné, par la Cour d’appel de Saint-Louis, à 5 ans dont 1 an avec sursis et à payer 100 millions et 200 millions de francs respectivement à Bertrand Touly et au Lamantin Beach, en guise de dommages et intérêts. Un recours suspensif qui avait, à l’époque, empêché à Luc Nicolaï de retourner à la case prison. Ce sera en «Chambres réunies». A cet effet, tous les présidents de chambres, sauf ceux qui ont déjà statué sur l’affaire, vont siéger à l’audience qui sera présidée par le Premier président de la Cour suprême : le juge Mamadou Badio Camara.
Ce sera le cinquième examen de ce dossier, vieux de six ans. La première instance avait eu lieu en 2012. C’était en audience spéciale devant le Tribunal correctionnel de Dakar. Celui-ci avait en son temps retenu la culpabilité de Luc et des autres prévenus, notamment Abdou Khadre Kébé, Djibrine Diop et Mamadou Lamine Mbaye dans les principaux délits visés : «association de malfaiteurs, détention de drogue (50 grammes de cocaïne), complicité» de ces délits. Cela au préjudice de Bertrand Touly et le Lamantin Beach hôtel. Mais ce fut aussi une étape marquée par des aveux de culpabilité des prévenus. «C’est effectivement le sieur Luc Nicolaï qui m’avait remis une enveloppe, laquelle contenait de la drogue, et que j’ai placée dans le bureau de Bertrand Touly. D’ailleurs, j’ai été aidé par un nommé Lamine Mbaye au moment des faits», avait déclaré l’employé du Lamantin Beach hôtel, Djibril Diop, devant le juge. Luc était alors condamné à 5 ans dont 2 ans de prison ferme, plus une amende de 6 milliards F Cfa et le douanier Abdou Khadre Kébé avait écopé de 5 ans dont 2 ans de prison ferme.
En appel, la Justice sénégalaise infligea à Luc une peine plus élevée que la première : 5 ans dont 3 ans de prison ferme assortie d’un mandat d’arrêt, plus 500 millions FCfa de dommages et intérêts. C’était en 2014. La défense avait aussitôt fait appel. En 2016, la Cour suprême avait décidé de casser le verdict et renvoyé les parties devant celle de Saint-Louis. Et au final, celle-ci rendra une autre décision de condamnation, en octobre 2017. Pas une seule fois, durant toutes ces étapes, Dame Justice n’a consacré la relaxe des prévenus remis en liberté par le biais d’une libération conditionnelle pour les uns et de la liberté provisoire pour les autres.
Pape NDIAYE