Pour une vilaine histoire de cuves qui avait fait disjoncter l’électricien sénégalais en 2011, Senelec et Itoc se donnent en spectacle à Paris.
Avant-hier, le tribunal du commerce de la capitale française s’est penché sur ce vieux dossier de mauvais fuel qui avait endommagé les machines de la société d’électricité sous le régime de Wade et le magistère de Samuel Sarr à l’Energie. Elles seront départagées au mois de mars prochain par le juge français.
L’affaire du mauvais fuel de Senelec refait surface à Paris. Après la première manche à Dakar, Senelec et International Trading Oil and Commodities (Itoc), société de négoce de pétrole brut de l’homme d’affaires Abdoulaye Diao dit Baba, étaient devant le tribunal du commerce de Paris pour vider ce contentieux vieux de bientôt huit ans. En effet, il nous revient de Paris que les deux parties s’étripent encore sur cette affaire de fuel douteux qui avait endommagé les machines des centrales de Senelec, entraînant de longues et interminables coupures d’électricité. L’électricien s’accroche à ses dommages et intérêts de 20 milliards de francs Cfa que lui avaient accordés les juridictions sénégalaises après expertise alors que le fournisseur, qui s’est senti lésé dans sa réputation internationale, réclame ni plus ni moins que l’annulation de cette décision, selon nos sources. En effet, Senelec avait porté plainte au niveau du tribunal du commerce de Dakar quand le problème s’est posé. Le juge avait désigné un expert judiciaire pour dénouer tout cela. La société d’électricité avait assigné en justice toutes les parties qui étaient intéressées par cette affaire, à savoir le fournisseur du combustible, les dépôts de stockage, les transporteurs et même les machinistes qui fabriquent et exploitent ses unités. Il y a eu un délibéré le 30 août 2011 où le fournisseur voulait que l’expert soit poursuivi mais le tribunal ne l’a pas suivi.
Dans cette histoire de cuves, Senelec réclamait 52 milliards de francs Cfa à Itoc alors que l’expert commis a évalué le préjudice subi à 20 milliards de francs. Ce que conteste vigoureusement Itoc, pointé du doigt par les autorités de la société d’électricité qui continuent de mettre en doute la qualité du fuel qu’il lui avait livré.
Pas satisfait de ce verdict, Itoc qui avait réalisé un contrat d’approvisionnement international impliquant un armateur, un transporteur et un assureur, a préféré ramener l’affaire à Paris, même si la boîte de Baba Diao ne demande pas de dommages mais juste qu’on annule la procédure de Senelec. Ce, parce qu’elle a subi des dommages et pertes commerciales sur son image.
Ainsi, cette procédure contentieuse, retardée par des contre-expertises pour quantifier les dommages, sera finalement vidée en mars prochain, selon une source à Paris.
Attrait devant la juridiction française par l’entreprise de Baba Diao, par ailleurs, conseiller en pétrole du président de la République, Senelec se serait attachée, selon nos oreilles dans la capitale française, les services d’un cabinet d’avocats français pour épauler ses robes noires, Mes Moussa Felix Sow et Tounkara du Sénégal.
Seyni DIOP